Pro D2 : en déplacement chez le leader Oyonnax, Aurillac s'offre un vent de fraîcheur pour le « Glacico »
Début novembre, Latuka Maituku a célébré son 250e match sous les couleurs du Stade. Une carrière exemplaire de longévité sous ce maillot cantalien, lancée en 2010, sous les flocons tombant en déluge sur la pelouse alors naturelle de Mathon. Presque 13 ans plus tard, le 3e ligne sera encore là à Oyonnax, au moment où un autre Aurillacois lancera sa carrière en pro?: Hugo Bastard.
Pour le centre de 20 ans, qui en était encore à son apprentissage à l’école de rugby ruthénoise ce 10 janvier 2010, c’est un sacré défi. Et le trois-quarts centre rentre dans ce bain en même temps que Jules Margarit (21 ans) titulaire à l’arrière?; ce qui fait des deux Espoirs les 14e et 15e champions de France 2022 à chausser leurs crampons sur un terrain professionnel (*).
7 champions de France Espoirs dans le groupeIls ne seront pas les seuls membres de cette épopée à Mathon ce soir, puisque Cambon, Alania, Aucagne, Djomboué et Moala seront de la partie. Ils auraient même pu être un poil plus nombreux, qui sait, si le label JIFF était accolé à la licence de quelques-uns des autres joueurs dominants des Espoirs.
Car en lisant la composition selon les critères chéris par la présidence du club, ce déplacement est un des fameux « matches pour faire le plein de JIFF » qui débarquent à une fréquence plus ou moins régulière, généralement à l’extérieur.
Sur le banc à Oyonnax, Lilian Djomboué avait déjà connu un premier test en Pro D2 contre un sacré client, c'était face à Bayonne, à Jean-Dauger, en janvier 2022. Photo Jean-Paul Cohade
Est-ce à dire qu’Aurillac balance son rendez-vous dans l’Ain?? Quelle que soit la composition, il n’est pas grand nombre d’observateurs à mettre une pièce sur le Stade pour un résultat à Mathon. Et ce jugement s’appliquerait de la même manière que le talonneur s’appelle Smith ou Djomboué, que le centre soit occupé par Niko ou Bastard, et que le pilier gauche se nomme Plantier ou Royer.
Pas d’autre pression que celle de montrer un beau visageEn d’autres termes, face aux hommes de Joe El-Abd, n’importe quelle équipe aurait des airs de victime à qui on promet l’enfer. Même Agen s’y est cassé les dents.
Contre un tel adversaire, Aurillac n’a rien à perdre. Plutôt de l’expérience à engranger pour certains et du rythme pour d’autres. Et le Stade, qui a suffisamment boulotté un pain noir comme le jais avec son lot de blessures sur le second bloc, se doit d’armer sa jeune garde, comme ses deuxièmes ou troisièmes choix, pour que ceux-ci s’insèrent dans la rotation en cas de pépin.
Si demain les Cantaliens se trouvaient tout nus sur certains postes, il est illusoire de penser qu’ils pourraient piocher d’autres Cameron Dodson dans les fichiers « Pôle emploi » d’un rugby anglais malade.
Un moment propice avec la pause du championnat EspoirsLa coupure que connaît actuellement le championnat Espoirs offre d’ailleurs une vraie fenêtre au staff. On est loin, ici, de la rotation massive opérée en fin de saison dernière, où les jeunes, pourtant engagés dans un défi majeur, avaient grossi les rangs de l’équipe première pour aller se faire fesser à Carcassonne et Vannes.
Outre les deux nouveaux lancés ce soir,Aurillac s'appuie sur des anciens Espoirs qui ont déjà roulé leur bosse en Pro D2, comme Théo Cambon, titulaire en 3e ligne. Photo Jeremie Fulleringer
Dans les discours d’avant-match, avant que ne tombe la compo, les propos étaient d’ailleurs à la prudence avec des Auvergnats surtout focalisés sur le contenu. Chacun sait où il met les pieds. La jeune garde comme les cadres, lesquels ont là une mission essentielle?: montrer la voie à des « bleus » qui doivent jouer leur chance à fond. Et jouer… tout court.
En conservant une charnière qui gagne en repères et en efficacité, en mettant les cannes de Profit en 3e ligne et celles de Bastard au centre, en gardant de la taille en touche, le staff peut espérer bonifier des ballons s’il en a. Sur le papier, un bonus défensif serait déjà un exploit que personne n’a signé à Mathon. S’il veut s’en rapprocher, Aurillac doit avant tout se lâcher en attaque.
Jean-Paul Cohade
(*) 13 membres de l’épopée 2021-2022 ont déjà goûté à la Pro D2?: Van Rensburg, Papunashvili, Alania, Aucagne, Hadinegoro, Cambon, De Jong, Shvangiradze, Slamani, Moala, Djomboué, Polit, Loughnane.