Clermont-Ferrand : un homme condamné après la violente agression d'une femme en pleine rue

Depuis le box sécurisé, ce jeune homme semble ne pas comprendre – ou ne pas vouloir comprendre – toutes les questions que lui pose le président du tribunal correctionnel clermontois, Stéphane Descorsiers…

Taiseux, il secoue la tête en signe de dénégation lorsque le magistrat lui demande s’il a souvenir de sa condamnation, à six mois de prison ferme (avec mandat de dépôt), prononcée en avril 2022, par cette même juridiction, pour (déjà) l’agression d’une femme, commise rue Blatin, en plein centre de Clermont-Ferrand, alors qu'il est en état d'ivresse. À force d’insister, il concède à se présenter comme "calme" et "sans problème avec l’alcool".

Tout l’inverse du visage qu’il a montré, ce jeudi 14 décembre, peu avant 23 heures, lorsqu’il tente de bloquer une femme, à l’angle de la rue de l’Echo et du boulevard Lafayette, tout près du jardin Lecoq.

Ivre (*), il semble vouloir lui prendre son téléphone portable, puis la gifle. Un courageux passant s’interpose et parvient à plaquer l’agresseur au sol, tout en étant lui aussi frappé. Une jeune fille mineure, elle aussi témoin de l’agression, appelle aussitôt la police.

Une fois sur place, puis lors du transport et à l’arrivée au commissariat central, les fonctionnaires auront toutes les peines du monde à maîtriser l’individu. Farid Abdallah, un jeune Mahorais de 25 ans, arrivé en métropole en 2021, les insulte, les mord, se rebelle et promet même… de "manger" l’un d’eux, tout en montrant les dents !

Mais, à en croire le prévenu, rien de tout cela n’est jamais arrivé. Ou, en tout cas ne s’est passé comme le décrivent la victime, les témoins ou les policiers.

"La dame, là, elle a fait tomber mon sac de courses en se garant avec sa voiture, alors que j’étais sur ma trottinette, raconte-t-il. Je voulais qu’elle s’excuse. Et je n’ai rien fait d’autre ! ". Problème : absolument rien, dans la procédure, ne vient corroborer cette version. Tout va même à l’encontre de la moindre de ses déclarations…

"Il a fait mal aux policiers et extrêmement peur à la victime, qui a dû se mettre en arrêt de travail depuis les faits".

Selon Me Amélie Mouret, avocate des parties civiles (la femme agressée et les deux policiers blessés), la conclusion est claire : "le prévenu est un menteur, qui nie l'évidence".

Une constatation partagée par la procureure de la République, Emmanuelle Cano, pour qui "Farid Abdallah adopte une position très difficile à tenir à cette audience".

Relevant "la gravité des faits et la pluralité des victimes", elle a requis trois ans de prison ferme, avec maintien en détention.

"C'est un jeune homme inséré, avec un logement et un travail. Il faut croire à ses explications et ne pas le placer en situation carcérale".

"Le soir des faits, ce jeune homme aux ressources intellectuelles limitées, a tenté de nuancer Me Samantha Laroye en défense, s’est comporté comme un enfant capricieux et intolérant à la frustration, qui n’a pas réagi comme il aurait dû".

Le tribunal a condamné Farid Abdallah à trois ans de prison ferme. Incarcéré depuis le 16 décembre, il a été maintenu en détention.

Il devra également verser 800 euros de dommages et intérêts à chacun des deux policiers blessés, au titre du préjudice moral. Quant à la femme agressée, une audience sur intérêts civils, le 2 avril prochain, permettra d'établir le montant du dédommagement qu'il devra lui verser.

Christian Lefèvre

(*) En raison de son état d'extrême agitation, son alcoolémie n'avait pas pu être mesurée.

Cinq mains courantes établies par la police entre septembre 2022 et avril dernier. Le nom de Farid Abdallah est apparu à cinq reprises, ces derniers mois, dans des mains courantes rédigées par les policiers clermontois, suite à des troubles à l'ordre public ayant nécessité leur intervention. Tous se sont déroulés dans le centre-ville de Clermont-Ferrand : boulevard Desaix, le 11 septembre 2022, vers 2 heures du matin ; place de Jaude, le 3, vers 16 heures, puis le 23 novembre 2022, vers 19 h 30 ; place de la Victoire, puis rue Bonnabaud (où il s'était introduit dans un salle de sport), le 17 avril dernier, entre 21 heures et 22 heures.Mis en examen. Sur un autre registre, le jeune homme a été récemment mis en examen, puis placé sous contrôle judiciaire, dans le cadre d'une affaire de viol présumé sur mineure de 15 ans (la plaignante serait une jeune fille en fugue et alors placée en foyer), toujours en cours d'instruction au tribunal judiciaire clermontois.