La commissaire Brigitte Siffert est à la tête de la formation de la police à Clermont-Ferrand : "C’est dans l’action que je m’épanouis le plus"
Brigitte Siffert, commissaire divisionnaire, est sous-directrice des méthodes et de l’appui (SDMA), depuis avril 2021. Mais elle possède aussi un CV sportif extrêmement bien garni. Entre sport et boulot, elle s’engage toujours à fond.
Pouvez-vous résumer votre carrière de sportive de haut niveau??
Après avoir pratiqué de manière très active, depuis ma plus tendre enfance, de multiples sports, j’ai débuté la lutte à 19 ans dans les clubs clermontois. M’entraînant alors de cinq à six heures par jour durant une dizaine d’années, j’ai finalement gravi les échelons nationaux et internationaux en lutte et en sambo. En octobre 1985, j’ai pu m’entraîner durant un an à l’université de Tokyo, au Japon, avec cinquante lutteurs masculins de haut niveau. Les entraînements étaient très rudes, physiquement et techniquement, à raison de six heures par jour, sept jours sur sept. À cela, s’ajoutait la difficulté pour une jeune expatriée âgée de 24 ans de vivre dans un pays étranger dont je ne connaissais ni la langue ni la culture. Mais c’était l’occasion unique de découvrir une autre forme d’entraînement rigoureux mais aussi une solidarité exceptionnelle entre sportifs. Cette expérience, qui fut en réalité une certaine épreuve, m’a permis d’obtenir des titres européens et le titre de championne du monde en 1990 au Japon et en 1991, en Suède.
Vous ne vous êtes pas arrêtée à la lutte…
J’aime le sport et ce qu’il incarne, tant dans l’effort, le dépassement de soi, que dans les valeurs qu’il véhicule. Ma participation aux championnats du monde de sambo – discipline pratiquée par des lutteurs et judokas – en 1984 et 1987 (avec une deuxième place), ma préparation au professorat de judo (ceinture noire 3e dan) m’ont beaucoup apporté, de même que les six marathons que j’ai courus (qualifiée deux fois aux championnats de France). J’ai en outre eu la chance de pouvoir relever des défis sportifs comme le GR20 en Corse, l’ascension et le tour du Mont-Blanc… Ou pu effectuer des raids VTT, tels que la Grande traversée du Massif central (600 km), la Grande traversée du Vercors, ou des périples à vélo de route (600 km en quatre jours). Toutes ces expériences sportives, où l’on se retrouve souvent seule avec soi-même, nous éloignent, au final, de tout et nous rapprochent de l’essentiel… pour reprendre les termes d’un navigateur célèbre.
Et la police dans tout ça??
Après avoir été maître-nageur dès l’âge de 19 ans, j’ai été enseignante en éducation physique et sportive durant quatre années, mais j’ai rapidement voulu exercer un métier davantage varié et surtout d’action, être sur le terrain avec un travail en équipe et être au service de la population. Ce ne fut pas vraiment immédiatement le cas, car après avoir intégré l’école supérieure des officiers de paix en 1989, j’ai d’abord exercé mes fonctions au Centre national des sports pendant deux ans, tout en m’entraînant en lutte à l’Insep. Puis j’ai intégré rapidement la Direction régionale du recrutement et de la formation de Marseille où j’ai animé les recyclages durant six années.
Puis commissaire, un « autre métier »??
Oui, j’ai occupé différents postes, tels que chef de circonscription de sécurité publique à Sedan, directrice des renseignements généraux de l’Allier, chef du GIR à la police judiciaire d’Orléans, puis directrice départementale de la sécurité publique de l’Indre et enfin du Cher. J’ai surtout apprécié le travail de terrain durant ma carrière, notamment les surveillances, les filatures, les interpellations, la gestion de différents services d’ordre. J’ai eu la chance, notamment, de partir en mission sur le G7, à Biarritz, en août 2019, durant quinze jours, en service de nuit. C’est dans l’action que je m’épanouis le plus. Ce renfort est sans doute un de mes meilleurs souvenirs professionnels.
Quelles sont vos impressions après plusieurs mois à la tête de la SDMA de Clermont-Ferrand??
Dès ma prise de poste, j’ai découvert des collaborateurs très motivés et particulièrement investis dans leurs missions, avec des compétences et une technicité remarquables. J’ai trouvé en eux des valeurs saines, le goût du travail en équipe, le souci de répondre aux attentes ministérielles, mais aussi beaucoup d’humilité. La formation est quelque chose qui évolue constamment, il faut savoir s’adapter en permanence et se remettre en question. Enseigner, former, c’est être à l’écoute, identifier les besoins et y répondre du mieux possible, avec un souci constant de recherche de performance.
Julien Moreau