Un Creusois retrouvé mort en juin 2018 entre Viplaix et Mesples : deux hommes jugés pour avoir jeté leur « ami » dans un fossé
Deux hommes comparaissent devant la cour d’assises de l’Allier, à Moulins, depuis ce lundi 17 janvier, pour un délaissement ayant entraîné la mort. Il leur est reproché d’avoir abandonné un ami fortement alcoolisé dans un fossé en juin 2018, entre Mesples et Viplaix. Ils encourent vingt ans de réclusion criminelle.
Le 10 juin 2018, le corps Pascal Lelièvre est découvert en contrebas d’une route départementale entre les villages de Viplaix et Mesples. Ce Creusois, un quinquagénaire, est torse nu, seulement vêtu d’un jean et de chaussettes. Il présente différentes plaies, notamment au niveau de la tête.
Deux habitants de Viplaix mis en examenRapidement, deux hommes sont mis en examen. Deux habitants de Viplaix, qui se retrouvent depuis ce lundi 17 janvier 2022 devant la cour d’assises de l’Allier à Moulins. Emmanuel De Oliveira Soares, 36 ans, et Yves Klop, 58 ans. Tous les deux accusés de délaissement ayant entraîné la mort. Car c’est ensemble que le 9 juin 2018 au soir, ils auraient transporté Pascal Lelièvre, fortement alcoolisé (le médecin légiste constatera un taux de 3,78 g par litre de sang), dans le coffre d’une voiture avant de l’abandonner dans un fossé.
Mais si les deux accusés reconnaissent bien leur implication, ils donnent aussi des versions discordantes sur le déroulement de cette journée du 9 juin 2018. Avec pour chacun son lot d’incohérences, notamment au niveau des horaires.
Une importante consommation d'alcoolLes deux donnent cependant le même point de départ. Des courses effectuées, tous les trois, avec la victime, dans une grande surface de Montluçon. Il est 13 h 30 et une grande quantité d’alcool est achetée. Les trois « copains de bistrot » seraient ensuite allés à Viplaix, chez Yves Klop, qui hébergeait Pascal Lelièvre.
Le corps a été retrouvé dans un fossé, le long de la départementale.Dans la version (ou plutôt la dernière version) d’Yves Klop, tous auraient bu jusqu’à ce que, lui, s’endorme. En se réveillant, Emmanuel De Oliveira Soares lui aurait demandé de conduire. Par peur, il n’aurait pas posé de question, n’aurait pas demandé la destination. C’est seulement en conduisant qu’il aurait vu Pascal Lelièvre, son « ami de dix ans », dans le coffre. Il serait ensuite resté derrière le volant pendant qu’Emmanuel De Oliveira Soares aurait sorti la victime du coffre, l’aurait déposé au sol et l’aurait poussé dans le fossé.
Il n’explique pas, en revanche, les blessures que Pascal Lelièvre avait au visage, ni les textos et les photos envoyés depuis son téléphone montrant la victime inconsciente dans son coffre.
Des versions contradictoiresDans la version d’Emmanuel De Oliveira Soares, après avoir bu jusqu’à l’ivresse, lui serait rentré chez lui en fin d’après-midi avant de revenir plus tard. Il aurait alors vu Pascal Lelièvre au sol, à côté de la voiture d’Yves Klop. Ce dernier l’aurait menacé pour qu’il l’aide à installer Pascal Lelièvre dans le coffre. Tous deux auraient ensuite pris la route en direction de Mesples, pour l’abandonner au bord de la route. Mais là aussi, plusieurs zones d’ombre persistent.
Le président de la cour fait sensiblement la même remarque à chacun d’eux : « À aucun moment vous n’avez appelé les secours ? À aucun moment vous n’avez posé de questions ? À aucun moment vous n’avez vérifié si Pascal Lelièvre était mort ou vivant ? À aucun moment vous n’êtes retournés où vous aviez laissé le corps ? » Pour avoir la même réponse : « Non ».
Quatre affaires devant la cour d'assises de l'Allier à Moulins, du 17 au 28 janvier
Laura Morel