L'écrivain David Foenkinos, sera l'un des 7 invités des Grandes rencontres ce week-end à Vichy (Allier)
Animé d’une double énergie, David Foenkinos, part à la conquête des lecteurs avec Numéro 2, un roman sur l’échec et la reconstruction. Il sera l'un des sept invités des Grandes rencontres, samedi 5 mars à 17h 30 au Palais des congrès à Vichy.
La délicatesse marque un tournant dans la vie de David Foenkinos en 2009, le révélant au grand public. Son roman Charlotte a reçu le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens 2014.
Trois de ses livres, Les souvenirs ; Je vais mieux ; Le mystère Henri Pick, ont été adaptés au cinéma. L’écrivain a coréalisé avec son frère Stéphane, deux de ses livres La délicatesse en 2011 avec Audrey Tautou et François Damiens et dernièrement Les fantasmes avec Karine Viard et Jean-Paul Rouve.Numéro 2 (Éd. Gallimard), son dernier opus, retrace l’histoire fictive d’un garçon qui n’a pas été choisi pour le rôle d’Harry Potter. Qu’est-ce cela engendre ? Souffrance et reconstruction. Entretien avec un homme très actif, invité de la nouvelle édition des Grandes rencontres, ce week-end.
« Les écrivains sont des aspirateurs à curiosités ».
Écrivain, scénariste, dramaturge, réalisateur. Mais qui êtes-vous donc David Foenkinos ?[Rire de l’interpellé, ndlr] Il y a un point commun entre livre, théâtre et film. Mais, je me sens avant tout écrivain. C’est mon obsession depuis l’âge de 16 ans. Le cœur de ma vie, c’est d’écrire. Ce sont des regards différents, ces moments où je suis seul à écrire dans ma chambre et ceux où je suis sur un plateau avec des acteurs, à travailler entouré de toute une équipe.Quand je suis seul, j’ai envie d’être avec les autres. Quand je suis sur un plateau, j’ai envie d’écrire dans mon lit. Quant au théâtre, Amis, cette pièce jouée actuellement par Kad Merad, ce n’est pas la même émotion, la même énergie qu’avec l’écriture d’un roman.
Qu’est ce qui anime cette mosaïque de désirs ?C’est d’alterner les choses divertissantes et graves. Cette alternance de livres plus sombres que d’autres, cela reflète qui je suis. Après le Prix Renaudot pour Charlotte, j’aurais pu rester dans la même veine. Mais, je suis cet aller-retour permanent. Il y a ces différents projets, mais la colonne vertébrale, c’est le roman.
Où aimez-vous écrire ?Dans mon lit et dans les trains. Ce sont mes endroits préférés. Lors d’une tournée en Allemagne pour Charlotte, j’ai beaucoup écrit dans les trains. Avec la pandémie, depuis deux ans, j’ai beaucoup écrit dans mon lit. Je n’ai pas de bureau. Je prends souvent des notes.Quand je me mets à réfléchir, c’est à un roman. J’écris quand je n’écris pas. Je pensais beaucoup à mon personnage (Martin Hill) de Numéro 2. Être écrivain, c’est l’alibi parfait. les écrivains sont des aspirateurs à curiosité. Il y a un moment où j’ai besoin d’être dans le repli.
Quel rôle a joué le succès ?Graves ou légers, mes livres sont très différents. Je change de registre. C’est plaisant de voir que les lecteurs me suivent. Je viens d’un milieu assez modeste. J’ai la chance de pouvoir vivre de ce que j’aime Le succès, cela m’a donné la liberté d’aller où je voulais.
Comment a mûri Numéro 2 ?Je connaissais très peu Harry Potter. J’avais vu quelques films avec mon fils. Puis, un jour je suis tombé sur l’interview de Janet Hirshenson la directrice de casting où elle évoquait ces centaines de jeunes qui postulaient pour le rôle d’Harry Potter. Au final, il n’en est resté que deux. J’ai tout de suite pensé à l’autre, celui qui n’avait pas été choisi. J’ai voulu raconter son histoire.
Numéro 2, parle de comment vivre avec un échec.Oui, c’est un livre qui vante les valeurs de l’échec. Non seulement, mon personnage, Martin, va rater quelque chose, mais il va avoir, en permanence, le film de ce qui aurait pu se dérouler.
Et la reconstruction ?
Mes livres tournent tous autour de la valeur de soi. Martin, est une personne confrontée à une épreuve extrêmement compliquée. Il lui faut trouver les clés pour comprendre ce qu’il a raté.C’est quelque chose de prégnant, de nos jours, la comparaison à l’autre. On est perfusé sans cesse, via les réseaux sociaux, au bonheur des autres, à cette illusion.Être numéro 2, comment trouver un épanouissement ? On a le sentiment d’être déclassé, d’être celui dont on passe devant.Ce livre dépasse le symptôme de départ de Martin. On est soumis à la décision des autres. On est confronté tout le temps à ce numéro 2. Les lecteurs échangent sur cette position, être le numéro 2 dans une fratrie, au travail, dans la vie amoureuse, etc.
Comment s’extraire de cette souffrance ?
Emprunter un chemin pour trouver sa bonne place. Être soi. En prendre conscience et se reconstruire. Numéro 2, est un livre de consolation. C’est comme une quête. Accepter ce qui est raté, vivre avec. On a tous vécu cela. Avant La délicatesse, dans les salons du livre on me demandait seulement où étaient les toilettes…
Votre frère Stéphane est l’aîné ?
Oui, je suis le numéro 2. Après mon opération du cœur, à 16 ans, il a eu l’impression que je devenais l’aîné. Car, cette maladie m’a donné un rapport différent à la vie. Je me suis mis à lire et à écrire. J’avais une double énergie. De manière parallèle, on s’est retrouvé dans une vie artistique : lui dans le cinéma, moi dans l’écriture. C’est Jacques Doillon qui nous a proposé de travailler ensemble.
La programme des Grandes RencontresVendredi 4 mars.A 19 h 30. Nicolas Domenach, journaliste et Jérôme Sainte-Marie, analyste politique et sondeur.Samedi 5 mars.A 14 h 30. Rachel Khan, actrice, juriste écrivaine, auteure de Racée (Éd. De l’Observatoire). A 16 heures. Syvie Brunel, économiste, géographe, À 17 h 30. David Foenkinos, écrivain.Dimanche 6 mars.A 14 h 30. Jean-Christophe Rufin, écrivain. À 16 heures. Jean-François Khan, journaliste.Chaque rencontre est suivie de dédicaces des invités sur les stands des deux librairies A la page et CarnotEntrée libre. Passe sanitaire.
Propos recueillis par Fabienne Faurie