Les collégiens au micro de leur webradio à Gerzat (Puy-de-Dôme)
Deux fois par semaine, les élèves volontaires du collège de Gerzat peuvent s’exprimer, dès 11 ans, sur radio Anatole. Une éducation aux médias précoce, saluée de tous.
Derrière les micros colorés de leur webradio, les casques vissés sur les oreilles, Quentin, Samuel, Laurette, Héloïse, Lucas, Louis, Ishak et Lina s’en donnent à cœur joie. Libres de s’exprimer sur les sujets de leur choix. Un plaisir que Louis savoure sans modération du haut de ses 11 ans. « C’est vrai que l’on ne pense pas comme les adultes, on a souvent un regard différent sur les choses et, parfois, on se sent incompris. À la radio, on peut enfin s’exprimer comme on veut ! »
S’éduquer aux médiasEt parmi les sujets qu’ils affectionnent, l’écologie, le sport ou encore le droit des femmes occupent le podium. Pour Laurette et Héloïse, la journée du 8 mars a été une bonne occasion de revenir sur la condition féminine. « On a voulu parler des femmes qui ont changé l’histoire à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Cela nous semblait important car on parle beaucoup des grands hommes et pas assez des grandes femmes. »En coulisses, Marie-Anne Schonfeld et Marie Bellon, toutes deux documentalistes, guident les recherches des collégiens.
« On les laisse libres de leur sujet. En revanche, on les encadre, on vérifie leurs sources, le contenu, car ils sont encore jeunes pour arriver à déceler les éventuelles fake news. »
Car, à 11 ans, l’éducation aux médias ne va pas de soi, dans un monde inondé par les réseaux sociaux et les informations par milliers. Lina, qui possède un compte sur YouTube, sur lequel elle partage les histoires qu’elle imagine, peine à trier les informations qui lui parviennent.
Le plus grand nombre a forcément raison ?« C’est vrai que je tape mes mots-clefs sur Google, et je regarde la réponse majoritaire. J’estime qu’une idée est vraie si je la retrouve souvent. » Un fonctionnement qu’adopte également Ishak, qui considère également que le plus grand nombre a forcément raison. Louis et Quentin, eux, comptent sur l’analyse de leurs parents. « Ils nous décryptent l’actualité et on leur fait confiance. » À leurs côtés, Héloïse s’informe sur Instagram, en faisant confiance à ses sources qu’elle estime « certifiées par la plateforme ».Un état des lieux qui conforte le tandem de bibliothécaires dans leur mission d’éducation aux médias. « La webradio que nous avons initiée il y a deux ans leur permet de s’exprimer, car on se rend compte qu’ils ont des tas de choses à dire. En revanche, ils sont très jeunes et ils ont besoin de pédagogie dans leur accès à l’information. Ils n’ont pas le réflexe de remettre en doute la source. »
Un besoin d'information positiveSi l’éducation aux médias est en cours, tous sont convaincus d’avoir leur place à la radio et un rôle à jouer. « Quand on a choisi le sujet de l’écologie, on s’est dit qu’effectivement la prise de conscience était là. Les adultes ont compris qu’il y avait une urgence. Mais nous, on est là pour rappeler que les paroles, c'est bien, mais que les actes, c’est mieux ! », revendiquent Louis et Lorette, sûrs d’eux.Quant à leur regard sur l’information, là aussi, la vérité jaillit sans filtre. « Si on est honnête, le Covid nous a peu éloignés des médias. C’était saoulant de les entendre tous les jours nous donner le nombre de morts », évoque Louis, très vite rejoint par Samuel et Quentin. « C’est vrai qu’à nos âges, on a besoin d’info positive. C’est en ce sens que c’est pas mal de se la créer en choisissant nos sujets. Au moins, on se fait plaisir ! »
Carole Eon
Radio Anatole. https://mediascol.ac-clermont.fr/college-anat