À Guéret (Creuse), une cellule de la police est désormais dédiée aux violences faites aux femmes
Dans le cadre de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, qui a lieu le 25 novembre, nous vous présentons les personnalités qui interviennent sur ce fléau en Creuse. Xavière Desrozier-Verdu, adjointe au directeur départemental de la sécurité publique, présente sa mission de référente violences intrafamiliales au sein du Commissariat de Guéret.
Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, l'institution policière occupe une place centrale.
Une augmentation des dossiersAu commissariat de Guéret, la personne plus particulièrement chargée de superviser les affaires dans ce domaine est l'adjointe au directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Xavière Desrozier-Verdu. Âgée de 49 ans, cette femme formée à l’École des inspecteurs de Toulouse a alterné les postes à Toulouse, Béziers avant d'atterrir en 2019 dans la Creuse, à Guéret.
« Mon rôle n'est pas de traiter les procédures, mais de mettre en place tous les moyens pour répondre au traitement d'une problématique, les violences conjugales, qui est aiguë », précise celle dont la mission est plus large puisqu'elle occupe le poste de référente violences intrafamiliales, qui inclut notamment les violences sur les enfants.
Ces dernières années, Xavière Desrozier-Verdu a clairement constaté une augmentation nette des dossiers de violences conjugales. « Mais y a-t-il plus d'affaires car il y a plus de violence ou parce que la parole s'est libérée ? », interroge-t-elle. « Pour ma part, je pense que la parole s'est libérée. »
Deux effectifs dédiésParallèlement et en particulier depuis le Grenelle de 2019 (*), « la politique pénale s'est fortement accentuée », assure-t-elle. Au commissariat de Guéret, cela s'est traduit par la sanctuarisation de deux effectifs dédiés aux affaires de violences intrafamiliales, dont font partie les violences conjugales. « On s'est rendu compte qu'on avait besoin de spécialisation, indique Xavière Desrozier-Verdu. La récurrence du traitement de ces affaires fait expérience. Et cela laisse le champ libre aux autres agents pour traiter des autres affaires. »
L'adjointe au DDSP estime que son service a un « très bon niveau de traitement » des affaires de violences sexistes et sexuelles.
« Nous avons du temps à accorder aux victimes, nous avons le temps de nous organiser. »
Anticipant une critique souvent émise à l'encontre des forces de l'ordre sur le mauvais accueil parfois réservé aux victimes de violences conjugales largement dénoncé par le mouvement #MeToo en 2017, Xavière Desrozier-Verdu défend la maison.
« Tous les fonctionnaires sont formés. Ils ont reçu une formation initiale et la formation continue existe pour garder en alerte intellectuelle les agents afin qu'ils interviennent au mieux sur les situations. Tous ont reçu au moins une formation et/ou une sensibilisation. »
Approche partenarialeMieux, l'institution a désormais recours à des partenaires – Aravic France victimes 23 et l'Aniscg (Association nationale d'intervention sociale en commissariat et gendarmerie) – dans des situations où les victimes peuvent afficher une certaine réticence à venir signaler les violences au commissariat. « Le fait d'être accompagné par une assistante sociale, ça permet de se sentir soutenu et c'est plus facile pour aller porter plainte ensuite. »
Mais c'est sans doute l'approche multipartenariale, c'est-à-dire les échanges récurrents avec d'autres institutions et des associations spécialisées dans les violences sexistes et sexuelles, qui permet à l'institution policière d'être plus efficace aujourd'hui qu'auparavant. La police creusoise participe ainsi à deux comités, un comité technique animé par Agnès Zeppa, déléguée aux droits des femmes et à l'égalité en Creuse et un comité de pilotage judiciaire dirigé par la procureure de la République Alexandra Pethieu.
« D'avoir complètement ouvert (l'institution), on a gagné en efficience, surtout par rapport aux victimes. Avec les différents partenaires, on se connaît très bien. On n'hésite pas à s'appeler dans le respect du besoin à savoir, car évidemment il n'est pas question de communiquer sur tout et n'importe quoi. »
Xavière Desrozier-Verdu se dit « fière du travail accompli » et estime, s'agissant de la cellule chargée du traitement des affaires de violences conjugales du commissariat de Guéret. « Il y a encore une marge de progression, mais on est sur une structure stable. »
(*) Le Grenelle contre les violences conjugales est un ensemble d'échanges organisés par le gouvernement français entre le 3 septembre et le 25 novembre 2019.
Daniel Lauret