Pourquoi le Département de l'Allier organise des soirées VIP "sans chichi" dédiées aux professionnels de santé ?
![Pourquoi le Département de l'Allier organise des soirées VIP](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/soiree-professionnels-de-sante-au-france-a-moulins_6520853.jpeg)
Ce n’est pas juste de l’entre-soi. Pour le Département de l'Allier, qui a fait de l'attractivité son cheval de bataille, réunir les professionnels de santé de chaque bassin deux fois par an pour une soirée festive, c’est « créer du lien » et « ancrer » des compétences ici. Nous étions à la dernière en date à Moulins. Ambiance.
Punch, musique, amuse-bouches et invités triés sur le volet. Tous les six mois, à chaque nouvel « arrivage » d’internes et stagiaires, à l’hôpital et en libéral, le Département et l’agence d’attractivité de l’Allier organisent une soirée « VIP », qui réunit les professionnels de santé de chaque bassin, des juniors aux seniors, des libéraux aux hospitaliers, de l’hôpital public et de la clinique privée (en l’occurrence le nouveau directeur de Saint-Odilon), des médecins aux kinés en passant par les assistants médicaux, sages-femmes, ostéopathes, orthophonistes, infirmières ou dentistes, sans oublier l’agence régionale de santé, les différents ordres (médecins, kinés) ou la communauté professionnelle territoriale de santé.
Jeudi 15 juin, au bar le France, place d’Allier à Moulins, privatisé pour l’occasion, la mayonnaise a très bien pris, réunissant plus de 120 personnes, sur 200 invités, dans une ambiance estivale, « sans chichi, sans protocole », mais avec tout de même quelques discours de circonstance.Soirée professionnels de santé au France a Moulins LE 15 JUIN 2023 / Photos Séverine TREMODEUX
Aux nouveaux et futurs collègues : « Vous ne serez jamais seuls dans l’Allier ! »« On est à la huitième réunion du genre », compte Julien Carpentier, médecin généraliste et conseiller départemental délégué à la santé. « Il y a de plus en plus de monde depuis 2018. L’objectif est de mettre les professionnels de santé en réseau, de créer une communauté. Il est important pour nous d’accueillir les nouveaux arrivants correctement et de pouvoir se voir en dehors du cadre austère de l’hôpital ou de nos cabinets. Et cela permet aussi de parler de projets de santé, concrètement, en mettant des visages sur des noms. Enfin, je pense que cela montre qu’il y a une dynamique dans l’Allier. Le monde attire le monde ! Ce n’est pas qu’une mission de convivialité. Il est clair que l’attractivité de notre territoire passe aussi par là ».
Le Dr Philippe Becaud, président de l’ordre des médecins lance ainsi à la jeune génération : « Vous ne serez jamais seuls dans l’Allier ! »
Projet de vie et projet pro : permettre le "package"La part de vie personnelle dans l’installation de professionnels de santé, d’autant plus dans les déserts médicaux, n’est pas à négliger : « Le projet de vie a autant, voire plus, d’importance que le projet professionnel », estime Marie-Béatrice Venturini-Lenoir, cheffe de service Mission Accueil Allier au Département, fine connaisseuse de la « grande famille » des professionnels de santé et notamment des jeunes qui passent par le dispositif Wanted.Julien Carpentier, médecin généraliste et conseiller départemental délégué à la santé et Marie-Béatrice Venturini-Lenoir, cheffe de service Mission Accueil Allier au Département.
Nous avons en effet croisé beaucoup de couples, déjà installés ou en passe de l’être, des copains de fac qui se retrouvent ensemble dans un service hospitalier ou des anciens internes qui se souviennent du « super accueil » qu’on leur avait réservé, ici à l’hôpital, là dans un cabinet médical.
Quand les jeunes attirent les jeunesLes Dr Adrien Carla et Clémence Louis, anesthésistes-réanimateurs depuis peu au centre hospitalier de Moulins-Yzeure, ont ainsi été « recrutés par le Dr Adrien Michalot, qui a récupéré la chefferie de service » : « On est arrivés à quatre. On est de la même promo à la fac de Clermont ». Clémence Louis, Nivernaise, connaît l’établissement depuis 2014 : « J’étais bébé interne, en première année, au bloc opératoire, avec une équipe super, qui n’a pas trop changé depuis. J’ai été très bien accueillie, les équipes sont top ».
Adrien Carla, Clermontois, se voit, dans cette dynamique, « développer des choses », tel « l’ambulatoire au bloc », mais aussi « recruter de jeunes chirurgiens, car plus on arrive nombreux, plus on attire. Je pense par exemple à la chirurgie ORL et les soins dentaires sous anesthésie générale ».
Elle revient exercer avec son premier maître de stage à BourbonPrescyllia Parello avait quant à elle effectué son premier stage d’interne en médecine générale chez le Dr Mayeul Merchier, à Bourbon-l’Archambault, de novembre 2020 à mai 2021, qui explique : « Sur les trois ans d’internat, bientôt quatre, la première année se divise en deux stages de six mois, un en cabinet, un aux urgences. Prescyllia était ma première stagiaire ».
L’expérience se passe si bien pour la jeune femme qu’elle choisit à ce moment-là sa spécialité : « Je n’arrivais pas à me décider ! Et je comprends que la médecine générale, c’est justement ce qui me convient, car je peux tout faire. Ce qui me plaît le plus ? La pédiatrie et la gynécologie ».
La jeune femme vient du Var. L’Allier, « ce n’était pas du tout prévu ». Mais la vie est passée par là. C’est dans le Bourbonnais qu’elle pose finalement son stéthoscope. D’autant plus que son compagnon actuel est aussi interne et « intéressé » par une future installation dans l’arrondissement de Moulins.
La maison de santé de Bourbon est en cours de construction. « En juin 2024, la Dr Parello aura un vrai bureau », annonce le Dr Merchier. À partir de novembre et jusque-là, on va organiser les plannings et elle pourra œuvrer les jours où on n’est pas là, ce qui va nous permettre d’élargir les plages d’ouverture du cabinet. On sera donc quatre, avec le Dr Noreux et le Dr Darrot ». Moyenne d’âge : 33 ans.
Un nouveau médecin à Moulins ?À Moulins, l’interne actuel d’un médecin généraliste voudrait également s’installer en ville, « d’ici la fin 2023 » : « Pour l’instant, c’est juste un projet », préfère prévenir le jeune homme, qui reste anonyme (pour le moment !). « Je suis de Nevers, j’ai fait mes études dans le Puy-de-Dôme et tout mon internat dans l’Allier. Pour moi, c’est logique de vouloir venir ici. J’ai eu le temps de développer des liens, de connaître le réseau local. C’est mieux pour travailler ».
Ce genre de soirée est aussi l’occasion de « former des couples, c’est aussi comme ça qu’on les retient », nous glisse, taquin, un autre professionnel de santé. En sociologie, on appelle ça l’endogamie : le fait de trouver un conjoint dans son milieu social et professionnel.
Thierry Delapierre, président de l’ordre des kinésithérapeutes de l'Allier résume ainsi la tonalité de la soirée : « On apprend qu’il y a des jeunes qui vont s’installer, alleluia ! ».
Mathilde Duchatelle