La Bolivie tourne la page socialiste
Dans un éditorial publié le 19 août dans le Wall Street Journal, la rédaction revient sur la débâcle électorale du Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti fondé par Evo Morales. Arrivé seulement en sixième position avec 3 % des voix lors du premier tour de la présidentielle, le MAS, qui dominait la vie politique bolivienne depuis vingt ans, a subi un revers historique.
Evo Morales avait été élu triomphalement en 2005 avec plus de 53 % des suffrages, un résultat rare en Bolivie. Sa popularité reposait sur des promesses illusoires d’égalité et de revanche contre la classe entrepreneuriale, dans la lignée de Fidel Castro. Il a nationalisé des pans entiers de l’économie – télécommunications, lithium, gaz naturel – mais lorsque le marché s’est effondré, la planification centralisée a nécessairement suivi. Cela n’a toutefois pas empêché les Boliviens de donner une nouvelle chance au MAS en élisant Luis Arce, ancien ministre de l’économie de Morales, en 2020.
Après deux décennies quasi ininterrompues de socialisme, la Bolivie a chassé ses investisseurs, a perdu en compétitivité ; elle subit une inflation de 24 % – son plus haut niveau depuis près de quarante ans – ainsi que des pénuries alimentaires régulières. Le scrutin du 17 août marque donc une rupture. Aucun candidat n’ayant atteint la majorité absolue, un second tour opposera en octobre Rodrigo Paz, centriste démocrate-chrétien arrivé en tête avec 32 %, à Jorge Quiroga, ancien président conservateur crédité de 27 %. Le MAS, lui, ne joue plus aucun rôle central. La tâche qui attend le futur président est immense. Le pays demeure divisé par ses fractures régionales et ethniques, et l’héritage du MAS laisse un champ de ruines monétaire et fiscal.
Comme le souligne le Wall Street Journal, la situation politique en Bolivie fait écho à d’autres défaites récentes de la gauche latino-américaine : l’élection de Javier Milei en Argentine en 2023 qui a mis fin au péronisme, ou encore celle de Daniel Noboa en Équateur, en avril dernier, l’opposant des héritiers de Rafael Correa. Dans ces trois cas, le constat est le même : la rhétorique égalitariste ne compense pas les échecs répétés du socialisme.
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