Élections sénatoriales 2017: pourquoi même en perdant, Macron peut espérer l'emporter
POLITIQUE - Pour le Grand-Chelem, c'est rapé. Emmanuel Macron et La République en marche ne remporteront pas leur troisième victoire électorale en trois scrutins à l'occasion des sénatoriales qui se déroulent ce dimanche 24 septembre. Mathématiquement, LREM ne peut pas empocher à elle seule la majorité comme c'est le cas à l'Assemblée nationale. Il faudrait en effet qu'elle remporte 166 sièges sur les 170 mis en jeu. Après avoir imaginé un temps être le groupe numéro un, l'ambition a aussi été abandonnée.
Pourtant, le président de la République espère encore sortir gagnant de ces élections qui verront la droite rester majoritaire au palais du Luxembourg.
"Aux législatives on avait besoin d'une majorité absolue pour gouverner. Là il faut une majorité de progressistes, c'est différent", affirme François Patriat, président du groupe LREM au Sénat. Après avoir affirmé que l'objectif était de doubler le nombre de sénateurs, il reconnaît avoir commis "une erreur". Ne comptez donc pas sur lui pour donner un nouvel objectif chiffré. "On en aura plus qu'avant", se contente-t-il d'affirmer désormais prudemment.
En dessous 40 sénateurs, un échec patent
Plus qu'avant, ça veut dire au moins 30 sénateurs puisque le groupe en compte 29 avant ce renouvellement. "Je pense qu'on devrait être entre 40 et 50 membres", affirme Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur. Mais en dessous de 40 sénateurs, la déconvenue serait en réalité majuscule pour le parti macroniste. La réalité est en effet délicate. Le corps électoral de ces sénatoriales est composé de grands élus issus des municipales de 2014 ainsi que des départementales et régionales de 2015. Autant de scrutins lors desquels La République en marche n'existait pas. "On part d'une page blanche", convient François Patriat qui voit dans le scrutin "le troisième tour des municipales".
Emmanuel Macron n'a pas non plus faciliter la tâche de ses candidats en se fâchant avec de nombreux élus locaux qui ont en travers de la gorge la fin de la taxe d'habitation ou la diminution des emplois aidés. "Ce qu'on voit, c'est une volonté très nette de la gauche et de la droite de jouer la revanche de la présidentielle et des législatives. Leur seul but c'est de montrer que le système gauche droite n'est pas mort et que Macron n'était qu'une illusion", se désespère un candidat. Le sénateur socialiste Martial Bourquin estime d'ailleurs que les socialistes seront plus nombreux que prévu "vu la politique actuelle envers les collectivités territoriales".
.@BourquinMartial: "Vu la politique actuelle envers les #CollTerr, on devrait avoir un groupe socialiste plus important que prévu" #Sénat360pic.twitter.com/h5cWxD8VUd
— Public Sénat (@publicsenat) 20 septembre 2017
A ce rythme, la majorité crierait donc victoire s'il est parvenait à devenir la deuxième force politique, derrière Les Républicains mais devant le Parti socialiste (86 membres aujourd'hui) et le groupe Union centriste (42 avant le scrutin). Une autre victoire pour Emmanuel Macron serait de voir l'élection de suffisamment de sénateurs favorables à sa réforme constitutionnelle pour que celle-ci soit adoptée.
Le soutien espéré de plus de 100 sénateurs non macronistes
Mais là encore c'est un compte d'apothicaire qu'il faut tenir. Pour faire adopter ce texte, le président de la République doit obtenir le vote des trois-cinquièmes du Parlement réuni en Congrès. En additionnant députés et sénateurs, les parlementaires sont 925. La majorité nécessaire se situe donc à 555 membres. Sachant que la majorité à l'Assemblée est composée d'un peu plus de 400 membres, il faut 155 sénateurs ouverts à cette réforme.
Un chiffre atteignable si l'on ajoute les futurs élus LREM, des LR constructifs (un schisme du groupe de droite est probable comme à l'Assemblée), des centristes, des radicaux et certains socialistes qui ne souhaitent pas être dans l'opposition systématique. Encore faut-il, avant que le texte arrive devant le Congrès, qu'il soit adopté au Sénat. Et là, il faut la majorité au palais du Luxembourg qui est à 174 sénateurs. Vingt de plus, ce qui n'est pas une mince affaire.
"La possibilité d'obtenir la majorité des trois-cinquième dépendra beaucoup du texte qui sera finalement proposé et de la popularité du gouvernement à ce moment la", estime François Patriat. Autrement dit la victoire d'Emmanuel Macron au Sénat ne se dessinera pas tant dimanche soir que le jour où il faudra faire y passer un texte crucial.
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