Les premiers vœux très convenus d'Emmanuel Macron
POLITIQUE - Il s'en est fallu de quelques secondes pour que ces premiers vœux d'Emmanuel Macron entrent dans l'Histoire. Avec une allocution de 17 minutes (à retrouver en intégralité en tête d'article), le chef de l'État était tout près de dépasser le général de Gaulle et ses 18 minutes en 1961.
Long, ce rendez-vous traditionnel n'a pas détonné par la forme. Alors qu'il a dépoussiéré certains usages depuis qu'il est à l'Élysée, notamment en matière de communication, le président de la République s'est complètement inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs. Assis, seul à son bureau du salon d'angle de l'Élysée avec les jardins du palais en arrière-fond, Emmanuel Macron n'a pas révolutionné le moment comme Valéry Giscard d'Estaing l'avait fait en 1974 quand il était venu accompagné de son épouse.
Sur le fond, non plus, le plus jeune président de la Ve République n'a pas bousculé les traditions. Il s'est même gardé de toute promesse de court terme comme François Hollande l'avait fait sur le chômage le 31 décembre 2012. Emmanuel Macron a seulement formulé des vœux généraux pour l'année à venir.
"Les transformations se poursuivront"
Revenant rapidement sur celle qui s'achève, il a qualifié 2017 d"'année du choix des Français". "Je me suis attaché à faire ce à quoi je m'étais engagé", a-t-il affirmé sans s'attarder en détail sur les réformes adoptées. Tout juste a-t-il évoqué "la transformation en profondeur de notre vie politique". Mais la "révolution" qu'il a appelée de ses vœux pendant la campagne présidentielle est encore loin d'être achevée et 2018 doit être l'occasion d'accélérer le changement.
"Ces transformations ont commencé et se poursuivront avec la même force et le même rythme. Nous construirons une bonne part de notre avenir", a-t-il affirmé. Mais parce qu'il a souhaité que cette année soit "celle de la cohésion de la nation", il s'est bien gardé de détailler le programme assez peu consensuel des prochains mois.
S'il a évoqué la réforme de l'apprentissage, il n'a pas évoqué celle des retraites qui s'annonce explosive. S'il a fait de l'école "le creuset de la concorde nationale", il n'a rien dit sur les changements qui toucheront le lycée et le baccalauréat. S'il a dit vouloir élaborer "un grand projet social" qui s'inscrirait dans "cette exigence humaniste" sans laquelle "notre pays ne se tiendra pas uni", il n'a pas dit ce que celui-ci devrait contenir. Il a seulement répété qu'il voulait apporter un toit à tous les sans-abri de France. S'il a promis que "tous les débats seront conduits" et que toutes "les voix discordantes seraient entendues", il n'a pas précisé quels seraient ces débats, alors que l'on sait que les discussions sur l'ouverture de la PMA pour toutes les femmes seront entamées au cours de l'année.
Des exhortations plus que du concret
Le seul dossier sur lequel il s'est attardé une petite minute est la réforme du droit d'asile. Est-ce parce qu'il sait sa majorité fragile sur ce dossier? Toujours est-il qu'Emmanuel Macron a rappelé les deux principes cardinaux: "humanité" et "efficacité". "Le droit d'asile est un devoir moral et politique. Je ne céderai rien", a-t-il affirmé confirmant que "la France est le pays" de ceux qui fuient le leur parce qu'ils y sont en danger. Mais il a aussi répété qu'il fallait de "la rigueur" avec des "règles simples" et que celles-ci soient "respectées".
Avant de conclure, le président de la République a assuré que l'État prendrait sa part pour "rendre la France plus forte et plus juste". Il a surtout appelé les Français à se mobiliser pour leur pays et pour réformer l'Union européenne. "Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour votre pays. Nous sommes capables de l'exceptionnel", a-t-il lancé dans une forme d'exhortation qui rappelait ses discours de campagne. Ceux qui attendaient du concret en seront pour leur frais.
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