Le docteur Michel Mondy, président de l'aéroclub du Cantal, est décédé

Toute la ville d'Aurillac le connaissait... Et il connaissait tous les Aurillacois. Le docteur Michel Mondy, médecin généraliste, décoré de la médaille de l’ordre national du Mérite pour son activité à la maison d'arrêt d'Aurillac, et président de l'aéroclub du Cantal est décédé ce vendredi 26 juillet.

Le docteur Michel Mondy, ancien médecin généraliste à Aurillac et président de l’aéroclub du Cantal, est décédé ce vendredi 26 juillet, à l’âge de 75 ans.

« C’était un médecin de l’ancienne école, très impliqué dans sa profession, et dans le milieu associatif, se rappelle le docteur Jean-François Collin, président de l’Ordre des médecins dans le département. Il était exemplaire, la communauté médicale du Cantal perd un ami. » Tout comme ses confrères, ses patients se souviennent de sa disponibilité, à toute heure, pendant plus de quarante ans, jusqu’en 2014.

Il avait la passion de son métier. Il l'adorait.

Le docteur Mondy cumulait les engagements. Pour son travail à la prison, pendant plus de quarante ans, il avait reçu la médaille de l’ordre national du Mérite, il y a deux ans. 

Le médecin Michel Mondy a reçu la médaille de l’ordre national du Mérite

À la maison d’arrêt, ceux qui l’ont côtoyé se rappellent de sa disponibilité, de son engagement : pas un détenu ne s’est suicidé pendant ses 45 ans « derrière les barreaux », comme il le disait lui-même. « On pouvait l'appeler à toute heure », se souvient une infirmière, détachée de l'hôpital, comme lui, à la prison.

À sa retraite, les officiers de police judiciaire du Cantal ont regretté le spécialiste en médecine légale, toujours disponible, investi et passionné, là encore à toute heure, que ce soit pour faire des constatations, ou pour une garde à vue. Michel Mondy reçoit la médaille de l'ordre national du Mérite en 2017.Michel Mondy était également, jusqu’à son décès, l’emblématique président de l’aéroclub du Cantal, depuis vingt ans. Un homme « réfléchi, pour son prédécesseur Pierre Martres. Il a pris la relève avec aplomb et sagesse ».

L'ancien président se souvient du duo dynamique qu'ils ont formé pendant plus de vingt ans. « On était complémentaires, j'étais un battant et il était là pour apaiser les choses. Il me calmait dans mes achats d'avion. Il était très pointilleux sur la forme des pilotes. » De fait : c'est lui qui leur faisait passer les examens annuels...

Il passait tous les jours une tête à Tronquières, « pour voir ce qui se passait » se souvient Lionel Vermande, cadre de l'aéroclub. Et il était là, l’été dernier, pour voir le Rafale se poser sur la piste de Tronquières, sourire en coin sous ses lunettes d’aviateur. Au centre, l'été dernier, dans le cadre de la préparation du meeting de Tronquières.

Il avait gardé la présidence de la structure jusqu'au bout, usant avec raison d’un carnet d’adresse plein : le docteur Mondy connaissait tout le monde, à Aurillac et même au delà.

Discret, peu disert sur sa vie privée, il se racontait à coup d'anecdote. « Il portait témoignage, se rappelle Christophe Bellat, pilote. Il parlait avec humanité et beaucoup de recul. C'est assez joli parce que c'est assez rare de nos jours. »

« Il était reservé, il n'aimait pas se vanter », confirme Franck Tessaire, pilote de l'aéroclub. L'inusable instructeur le connaissait depuis ses 15 ans. « Il adorait voler, il aimait faire découvrir ce milieu. »

Et de se souvenir de baptêmes avec des amis : une infirmière détachée à la prison se souvient ainsi de deux voyages, l'un sur les monts du Cantal, l'autre sur le viaduc de Millau encore en construction : « C'était des expériences extraordinaires pour nous, on se sentait privilégiées... »

Il était toujours dans une optique de découverte. Il aimait la formation des jeunes, il était toujours diplomate, toujours avenant, toujours là pour arranger les choses.

Passionné de vol, il a plusieurs fois effectué des voyages humanitaires en Afrique avec un avion du club, un mois par an. Le seul moment où il n’était pas disponible au téléphone pour les Aurillacois.

Christophe Bellat a volé avec lui, jusqu'au Burkina Faso, en 2006 : « Il aimait bien les décollages et les atterrissages, mais entre les deux il préférait la sieste..., sourit-il avec tendresse. Il avait un pilotage d'amoureux de l'aéronautique, il se fiait beaucoup à ses sensations. » À Gauche, en 2006 (photo d'archives La Montagne)

Et selon lui, le docteur Mondy aimait le continent pour les paysages, « les grands espaces du Cantal, de l'Aubrac, se retrouvent en Afrique. C'est aussi le continent de l'aventure aéronautique, un vrai espace de liberté. »

Ces mois-là, il restait, avec enthousiasme, au service des autres, dans le cadre de ces voyages humanitaires. Avant de revenir à Aurillac, les bagages chargés d'anecdotes, de témoignages. De nouveau disponible pour soigner tous les Cantaliens, jusqu'aux plus défavorisés. Toujours.

Pierre Chambaud