Elections locales en Russie : forte abstention et premiers résultats favorables à la majorité
Le 8 septembre, les Russes ont été appelés aux urnes afin d’élire des gouvernement régionaux et des parlementaires locaux du pays. Le scrutin, qui s’est déroulé dans de bonnes conditions, a été cependant marqué par un fort taux d’abstention.
Les citoyens russes ont été invités le 8 septembre à prendre le chemin des urnes afin d’élire 16 gouverneurs régionaux et les parlementaires locaux de 13 régions, dont la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie après le référendum d'autodétermination de mars 2014. A l’heure où nous écrivons ces lignes, seuls les résultats provisoires des régions orientales de Sakhaline et de Trabaïkalie, les premières à voter, ont été publiés. Ils donnent une large avance aux candidats soutenus par le parti majoritaire Russie unie.
Les résultats définitifs seront connus le 9 septembre mais la participation s'annonce déjà décevante notamment à Moscou, où seuls 17,2% des électeurs s'étaient déplacés à 18h. La capitale russe a été le théâtre, au cours de ces derniers mois, de rassemblements, pour la plupart non autorisés, contre le rejet d'une soixantaine de candidatures à l'élection du Parlement de Moscou. Les candidats recalés n’ayant pas obtenu le nombre suffisant de signatures pour pouvoir y prendre part. Le président russe Vladimir Poutine, qui a voté à l'Académie des sciences de Moscou, a eu un mot pour les candidats, estimant que ce «qui [était] important, ce [n'était] pas [leur] quantité, c'est [leur] qualité».
Des irrégularités et beaucoup de Fake news
Le scrutin a, par ailleurs, largement été suivi par les médias étrangers, prompt à relayer d'éventuelles irrégularités en se basant notamment sur les informations partagées par l'opposition sur les réseaux sociaux. De nombreuses images faisant état de violations ont en effet circulé, comme à Saint-Pétersbourg où une vidéo de bourrage des urnes a été massivement partagée sur l'application Telegram. Pourtant après vérification, les images en question avaient en fait été filmée lors des élections à Nijni Novgorod en 2016.
De son côté, le ministère de l'Intérieur a fait savoir qu'il avait reçu 315 plaintes pour des infractions liées au scrutin, notant qu'un tiers n'étaient pas recevables, selon Ria Novosti. Mais selon la Chambre civique de la Fédération Russie, aucune violation majeure n'a été enregistrée. La plupart ont trait aux droits des observateurs et concernent des irrégularités dans la campagne électorale selon le ministère, qui a précisé que l'analyse de toutes les violations constatées se terminerait avant le 12 septembre.
Plusieurs médias russes – et même étrangers – ont en outre partagé une information alarmiste en provenance de la république de Touva. Dans cette région au sud de la Sibérie, un bus transportant des journalistes et des observateurs aurait, selon eux, essuyé des coups de feu. Mais après enquête, analyse de tous les témoignages et de toutes les vidéos, la police n'a trouvé aucune preuve d'un tel incident. Ni trace de tirs, ni arme à feu n’ont en effet été découvertes, rapporte le média Rosbalt.
Cet incident, comme de nombreux autres, a pourtant été rapporté par l’ONG Golos, qui avait créé à l'occasion de ce scrutin une carte répertoriant les violations à l’échelle nationale. De quoi soulever de vives critiques de la part de la commission électorale russe, selon qui plus de deux tiers des messages sur la «Carte des violations» de l'ONG sont inexacts.
Cité par l'agence de presse Tass, Igor Borisov, coprésident du groupe de travail de suivi du Conseil présidentiel pour le développement de la société civile et des droits de l'Homme, a toutefois noté que pour le reste des violations affichées sur la carte, des mesures allaient être prises. S'il a expliqué que l’ONG ne vérifiait pas l'authenticité des cas présumés de violation, Igor Borisov a cependant souligné que les activités de Golos étaient utiles pour comprendre les problèmes existants dans le système électoral russe.
A noter que pour ces scrutins locaux, le vote en ligne a été utilisé pour la première fois dans trois circonscriptions moscovites. Face à ce défi technologique, le comité d’observation des élections de Moscou a d'ailleurs récompensé le cryptographe français Pierrick Gaudry pour avoir découvert des vulnérabilités dans le système de vote électronique.