Qui est Lindsay Hoyle, le nouveau « speaker » du Parlement britannique ?
Les députés britanniques ont voté, ce lundi, pour désigner le nouveau président (« speaker ») de la Chambre des communes pour remplacer le truculent John Bercow, qui a joué un rôle clef dans le feuilleton du Brexit. Au bout de quatre tours, c'est Lindsay Hoyle qui a remporté l’élection.
Il n'aura pas fallu un, ni deux, ni trois... Mais quatre tours pour départager les sept candidats et connaître le nom du nouveau speaker qui remplacera John Bercow.
Lindsay Hoyle est devenu le nouveau speaker de la Chambre des communes britannique. À l'annonce des résultats, il a promis d'être « neutre » et « transparent ».
— Maitre Eolas (@Maitre_Eolas) 4 novembre 2019Le Premier ministre, Boris Johnson, a pour sa part salué la « gentillesse » du nouveau speaker, un trait de personnalité essentiel pour mettre les élus en confiance.
Qui est Lindsay Hoyle ?Lindsay Hoyle, 62 ans et originaire du nord-ouest de l'Angleterre, était premier adjoint de John Bercow depuis 2010. Dans une interview au Sunday Times, dimanche, il a confié vouloir apaiser l'atmosphère souvent électrique de la Chambre des communes, en particulier lors des débats sur le Brexit.
John Bercow a joué un rôle clef dans la saga du Brexit en sélectionnant les amendements soumis aux députés, aiguillant ainsi le débat, au point de se faire accuser de partialité par les partisans de la sortie de l'UE.Lindsay Hoyle, le député travailliste qui vient de remporter les élections, était le premier adjoint de John Bercow depuis 2010. Photo AFP
Lindsay Hoyle possède une petite ménagerie qui porte les prénoms de personnalités politiques britanniques. A son perroquet Boris, clin d'oeil au Premier ministre conservateur Boris Johnson, il a déjà appris à vociférer des « Ordeeer! » (« De l'ordre! »). Sa tortue « à la carapace dure » s'appelle Maggie (comme Thatcher) et son rottweiler Gordon (comme l'ex-Premier ministre Brown).
Qu'est ce qu'un « speaker » ?Le speaker, le président de la Chambre des communes au Royaume-Uni, est l'équivalent chez nous du président de l'Assemblée nationale. Il est l'un des plus hauts officiels du pays.
En présidant la chambre basse du Parlement britannique, il est responsable du maintient de l'ordre au cours des séances et distribue le droit de parole aux députés. Il ressemble pour ainsi dire à un arbitre.
Son statut exigeant de lui qu'il soit neutre et impartial, le speaker ne prend pas part aux débats et ne vote pas, sauf pour départager une égalité.
La fonction est très ancienne, puisqu'elle aurait été créée formellement en 1377.
Comment s'est déroulée l'élection ?Les prétendants au poste devaient soumettre leurs candidatures avant 10h30 aujourd'hui. Celles-ci devaient être signées par au moins douze députés, dont trois au minimum issus de partis différents que le leur, le rôle du président de la Chambre nécessitant un soutien transpartisan.
Les députés se sont ensuite réunis à 14h30 et les candidats ont eu cinq minutes chacun pour convaincre leurs pairs, qui ont ensuite voté à bulletin secret.
Si un candidat arrive en tête avec plus de 50% des voix, il l'emporte. Si ce n'est pas le cas, le candidat qui a obtenu le moins de suffrages et tous ceux qui ont récolté moins de 5% des voix sont éliminés et un second tour est organisé, qui peut être suivi d'autres, jusqu'à désignation du vainqueur.
Le gagnant est ensuite littéralement porté par deux de ses soutiens jusqu'à la chaise du président de la Chambre, conformément à l'une des traditions parfois surprenantes du Parlement britannique.
Qui étaient les autres candidats ?Sept candidats, trois hommes et quatre femmes, étaient en lice ce lundi pour succéder à John Bercow.
Harriet Harman. Entrée au Parlement en 1982, elle est l'élue ayant servi le plus longtemps parmi les femmes. Âgée de 69 ans, elle a également été cheffe par intérim du Parti travailliste en 2010 et en 2015. Cette ancienne secrétaire d'Etat à la Justice, connue pour son fervent féminisme, était la deuxième préférée des bookmakers. Elle souhaitait aussi faire retomber la tension au Parlement. « Nous devons changer la culture au sein de la Chambre et nous écouter les uns les autres plutôt que nous crier dessus », a-t-elle plaidé dans le Sunday Times.
Chris Bryant. L'une des personnalités les plus hautes en couleur de la chambre basse, il est un maniaque de la procédure parlementaire. Ancien pasteur de l'Eglise anglicane, ce député travailliste de 57 ans est homosexuel et son union civile en 2010 a été la première célébrée au Parlement. Il a joué un rôle important dans la révélation du scandale des écoutes téléphoniques effectuées par le tabloïd News of the World.
— Sky News (@SkyNews) 4 novembre 2019
Eleanor Laing. Elle a été la porte-parole du Parti conservateur en Écosse et sur les questions relatives aux femmes, avant de devenir en 2013 la deuxième adjointe de John Bercow. Âgée de 61 ans, elle est entrée au Parlement en 1997.
— Charlie Proctor (@MonarchyUK) 4 novembre 2019Rosie Winterton. Cette députée travailliste de 61 ans, entrée au Parlement en 1997, est la troisième et dernière adjointe de John Bercow. Elle a aussi été sous-secrétaire d'Etat à plusieurs ministères sous le Premier ministre Gordon Brown.
— Sky News (@SkyNews) 4 novembre 2019Edward Leigh. Cette figure des Tories, député depuis 1983, est un fervent «Brexiteer». Âgé de 69 ans, c'est un rebelle qui, à plusieurs reprises, a voté contre son parti, en particulier sur les questions européennes ou sur la guerre en Irak. Il est connu pour avoir été un partisan loyal de la « Dame de fer », l'ancienne Première ministre Margaret Thatcher. Sa femme est une descendante du roi George II.
— Sky News (@SkyNews) 4 novembre 2019Meg Hillier. Cette députée travailliste a présidé l'influente Commission des comptes publics, qui examine les dépenses du gouvernement. Entrée au Parlement en 2005, cette Londonienne de 50 ans a été la porte-parole du Parti travailliste sur les questions liées à l'identité et au changement climatique.
— Charlie Proctor (@MonarchyUK) 4 novembre 2019Quand a lieu l'élection d'un « speaker » ?L'élection d'un « speaker » a lieu après chaque élection législative ou après la démission ou le départ en retraite du détenteur du poste.
Avec le départ de John Bercow, petit homme à la voix de stentor et aux répliques souvent acerbes, une page se tourne à la Chambre des communes.
Ce conservateur de 56 ans, amateur de cravates criardes, avait fixé la date de son départ au 31 octobre, jour où le Royaume-Uni était censé quitter l'Union européenne - une sortie finalement repoussée, pour la troisième fois, au 31 janvier 2020.
John Bercow avait fixé la date de son départ au 31 octobre. Photo AFP
Plus jeune titulaire, lors de sa première élection en juin 2009, de cette prestigieuse fonction, John Bercow s'est employé à la dépoussiérer, abandonnant certains éléments de la tenue traditionnelle comme la perruque. En juin 2017, il a permis aux députés de siéger sans cravate.