Budget 2020 : et si pour faire des économies, on misait sur plus d'écologie ?

Le budget 2020 de la ville de Guéret sera voté le 20 janvier prochain. Il a été soumis au débat hier soir, lundi, lors du Conseil municipal. Très tendues, les finances de la Ville pourraient trouver quelques excédents économiques... dans le développement écologique.

Le débat d’orientation budgétaire n’a pas fait de remous hier soir. La bonne tenue et la clarté des comptes ont été saluées jusque dans l’opposition. « Tout au long du mandat, le travail effectué par les services a été remarquable ! », a fait remarquer Serge Phalippou.

David Gipoulou, adjoint en charge notamment de la diversité, a lui aussi souligné la « qualité de ces budgets », « c’est une sécurité, dans les moments difficiles au national, de se dire que dans cette collectivité, c’est tenu ».

La mise en place d’une commission de finances a été par ailleurs un « vrai confort pour pouvoir travailler de manière plutôt technique sur les dossiers ».

Et plus que jamais, un livre de comptes méticuleusement tenu est nécessaire pour que les finances de la collectivité ne se retrouvent pas dans le brouillard. « Cette année, c’était encore plus compliqué que les autres années, soulignait le maire, Michel Vergnier, détaillant les variables d’une équation qui « deviendra, à un moment donné, très, très difficile à résoudre » : augmentation mécanique des dépenses, diminution des recettes et perte de presqu’un million d’euros de dotations de l’État en moins d’une décennie. « Quand le garrot continue à se resserrer, le sang finit par ne plus circuler. »

Il s’agira pour les prochains budgets d’essayer de faire autant avec toujours moins, chacun en est conscient. « On a entendu le gouvernement dire qu’il ne baissait pas la dotation globale de fonctionnement des communes, certes il ne la baisse pas mais il la maintient au plancher, sous le niveau d’oxygène », regrette David Gipoulou, accusant le pouvoir central d’abandonner l’échelon communal.

Le nombre d’habitants assujettis à la taxe d’habitation et à l’impôt diminue, dû « au déclin démographique et à une situation de paupérisation de la population ». Un manque à gagner pour la Ville qui, pour autant, a décidé de ne pas augmenter ses taux pour rester attractive.

L’élu Guéret Terre de gauche doute qu’une augmentation « serait efficace budgétairement ». « Les gens s’installeraient en périphérie de Guéret » et le manque à gagner serait encore plus conséquent. « L’enjeu des années à venir, c’est de faire revenir du monde à Guéret, insiste-t-il. Et pour garder nos habitants, il faut que nous conservions un niveau de service municipal très élevé. » Il faudra donc être inventif pour faire fonctionner et investir sans multiplier les dépenses.

« Oui la situation s’est tendue. Elle n’est pas confortable mais elle n’est pas grave ».

L’encours de la dette par habitant était de 1.093 € en 2018, renvoyée à huit années de remboursement. « C’est certes au-dessus de la moyenne strate (864 euros) mais la dette est contenue, précise le maire de Guéret. Il y a des villes qui sont au double de dette par habitant et au double d’années de remboursement ».

D’autant que tous les investissements majeurs et structurants ont été réalisés ou sont sur le point de l’être : la construction du complexe sportif, la mise aux normes de la maison des associations (480.000 €), la restructuration du musée (6.213.600 €), la rénovation de l’IRFJS (2.178.000 €).

L’autre défi de la Ville sera écologique. La situation de sécheresse de cet été, avec la « menace de rupture d’approvisionnement en eau » a été rappelée. « Quand viendront les beaux jours, nous aurons à nous poser les mêmes questions, anticipe David Gipoulou. On doit faire évoluer cette ville en prenant compte des pressions climatiques », évoquant des investissements modestes pour prévenir le manque d’eau. 

« On a besoin de déminéraliser notre ville, on sait qu’il faut y mettre de la végétation, des arbres. Il faut que nous ayons un plan de récupération d’eau à la hauteur des besoins.»

Il évoque également le développement d’une ferme municipale, prolongement des serres municipales, qui s’appuierait sur l’inventivité des services municipaux. « Tout ce que nous pourrons faire dans ce sens-là sera source d’économie en bout de chaîne. » Le leader de Guéret Terre de Gauche souhaite que ces enjeux soient pris en compte dans la constitution du budget 2020.

Une demande appuyée par Jean-Bernard Damiens qui rappelle que l’heure des orientations budgétaires est aussi celle « des choix politiques que nous devons faire ». « Durant ce mandat, la marche du monde s’est particulièrement accélérée, nous avons affaire à un dérèglement climatique majeur dû au réchauffement de la planète.

Le coût de l’inaction sera bien supérieur à celui de l’adaptation, prévient l’adjoint EELV en charge notamment de l’urbanisme et du développement durable. Ça nous oblige à changer nos politiques publiques et nos modes de vie, car il s’agit d’engager de véritables transitions écologiques et ce budget et les suivants devront donner des impulsions fortes dans ce sens. »  

Agglo ou Guéret : qui va gérer l'eau ?

L’ordre du jour comptait un certain nombre de points qui concernaient le transfert de la compétence eau potable, eaux pluviales et assainissement collectif à la Com d’Agglo au 1er janvier 2020.« Une grande partie des maires de France a demandé que ce transfert ne se passe que sur la base du volontariat des communes, explique Michel Vergnier. L’action de l’association des maires a abouti à ce que le transfert ne soit plus obligatoire pour les com-com mais il reste maintenu pour les communautés d’agglomérations ».Le Sénat souhaitait un transfert facultatif mais l’assemblée n’a pas suivi et propose que les communautés d’agglomérations puissent subdéléguer aux communes si ces dernières le demandent. Un arrêté définitif confirmera cela le 19 décembre. Pour débattre sereinement sur « ce transfert crucial », le conseil municipal de Guéret a décidé de reporter à la semaine prochaine les sujets de l’eau. « La question qui vous sera posée, c’est : voulez-vous gérer l’eau et l’assainissement ? Souhaitez-vous demander à la Com d’agglo de nous redéléguer ces compétences ? », a expliqué Michel Vergnier à son conseil, insistant sur le fait qu’il s’agit d’« une décision d’une grande importance. »