Comment la société Praxy Centre, à Issoire (Puy-de-Dôme), veut rebondir après la perte du traitement de la collecte sélective
L’extension des consignes de tri a exclu du nouveau marché l’entreprise d'Issoire (Puy-de-Dôme) spécialisée dans la gestion et le recyclage des déchets. Mais elle a déjà de nouvelles pistes pour poursuivre son développement.
Il y a encore quelques semaines, le contenu de vos poubelles jaunes (plastique, journaux, conserves…) était trié sur les tapis de Praxy Centre, à Issoire. Mais depuis le 1er janvier, les plus de 6.000 tonnes collectées annuellement par le Sictom Issoire - Brioude sont transportées par la société issoirienne vers le centre Paprec Echalier Auvergne, dans la zone du Brézet, à Clermont-Ferrand.
Un manque à gagner d'un million d'eurosUne évolution rendue obligatoire par l’extension des consignes de tri. L’État a en effet fixé des objectifs plus ambitieux, notamment vis-à-vis des plastiques.Pour ce faire, Citéo, l’éco-organisme qui organise le traitement des emballages et des papiers, s’est engagé à aider financièrement l’investissement des centres de tri pour pouvoir répondre à ces nouvelles normes.
« Mais ils ont ciblé les centres dont les volumes étaient les plus importants, ce qui élimine tous ceux de moins de 20.000 tonnes. »
Le professionnel issoirien a dû faire une croix sur un marché annuel d’un million d’euros.Praxy Centre a cependant remporté l’appel d’offres pour vider, stocker et envoyer en masse les déchets vers le site clermontois. « Mais c’est loin de compenser car nous passons de 15 personnes à un emploi et demi », regrette Luc Ducournau.
Un soutien pour trouver de nouveaux marchésLe responsable de Praxy Centre a ainsi dû se résoudre à licencier huit personnes le 1er janvier dernier. Soutenues par l’Ademe, le Valtom et Citéo, ces dernières bénéficient d’un accompagnement, tout comme l’entreprise qui s’est vue proposer une étude de reconversion. « L’idée est de nous aider à cibler une activité qui correspondrait aux besoins d’acteurs locaux et qui soit viable économiquement », explique Luc Ducournau, indiquant qu’une piste était actuellement privilégiée.En attendant, la société Praxy Centre ne reste pas les deux pieds dans le même sabot. Car les prestations de service aux acteurs locaux (collectivités, commerces, industrie…) ne représentent que 20 % des 60 millions de chiffre d’affaires réalisés par l’entreprise.
3,7 millions d'euros d'investissement prévus en 2021Les 170 salariés de Praxy Centre, qui possède deux autres sites à Gerzat et Cusset (Allier), travaillent essentiellement dans l’industrie du recyclage. Ils transforment les déchets en matières premières ou secondaires (acier, alu, cuivre…), revendues ensuite aux industriels du monde entier. « On réalise 50 % de notre activité à l’export, vers l’Europe, l’Asie ou les États-Unis », précise Luc Ducourneau, qui a observé un excellent deuxième semestre, après le confinement du printemps.
Le monde du déchet est en perpétuelle évolution. Cela implique certains risques, mais aussi de très nombreuses opportunités.
L’aéronautique en berne, l’automobile en suspend… L’avenir semble incertain. Ce qui n’empêche pas Luc Ducournau de se montrer offensif : 3,7 millions d’euros vont être investis en 2021, pour moderniser l’outil de production et 10 à 15 personnes (chauffeurs, pelleurs, conducteurs de machines…) devraient être recrutées.Maxime Escot