Des avocats au secours des étudiants en droit en proie à l'isolement à cause du Covid-19
La détresse des étudiants suscite des initiatives partout en France pour aider cette population fragilisée par la crise du coronavirus.
Émus par les reportages montrant des étudiants peinant à se nourrir, des internautes ont lancé, fin janvier, une cagnotte avec, pour signe de ralliement, le hashtag #OnRemplitLeFrigo. Certaines professions se mobilisent aussi pour aider ceux qui, demain, deviendront des collègues. A Lyon, présidents, procureurs, avocats, doyens d’université proposent ainsi de parrainer des étudiants en les amenant en audience, en partageant leur quotidien...
Rompre l'isolementA Aix-en-Provence, Benjamin Cordiez, avocat, a eu l’idée de créer sur Facebook le groupe Avocats-Étudiants-Aide-Tutorat (AEAT). Un jour par semaine, les étudiants peuvent venir au cabinet des « avocats-tuteurs » pour réviser ou suivre les professionnels en audience. Ils se voient également offrir un repas, ainsi qu'une heure d’échange avec l’avocat.
« On est aujourd'hui cinq administrateurs pour plus de 1.500 membres, précise Benjamin Cordiez, qui pressentait qu'avec « 66.000 avocats en France pour quelque 200.000 étudiants en droit », les possibilités de tutorat étaient « grandes ».
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« Salutaire »« Le distanciel a crée une rupture du lien. L’émulation disparait. Il n’y a plus de lieux pour les échanges informels », regrette l’avocat aixois, qui a hérité depuis quelques jours d'une « filleule » prénommée Louise. « Elle vit dans un 9 m2. Ses seules rencontres, ce sont les copines qu'elle peut croiser dans la rue ou pour aller faire les courses... Le lundi, elle a 10 heures de cours devant son ordinateur. » Dans ces conditions, pas étonnant que les étudiants se ruent sur les propositions de tutorat proposées par les avocats. Comme une bouffée d'oxygène.
On a une quinzaine de propositions par jour. Chaque région de France est représentée.
Pour Julien Rivet, qui administre sur Facebook la communauté d’entraide des étudiants en droit (130.000 membres en France), l’initiative est « salutaire ». « Cette implication des praticiens était très attendue. Dès que ce groupe Facebook a été crée, il y a eu des centaines de demandes d’adhésion des étudiants. Ce tutorat rompt l’isolement social et permet aussi de combler le manque d’attention dont souffrent les étudiants dans leurs études actuellement. »
Nicolas Faucon