Originaire de Clermont-Ferrand et installée en Islande elle raconte son escapade au plus près d'un volcan en éruption
Fille d’un volcanologue islandais et d’une ancienne employée Michelin auvergnate, Elín-Margot Höskuldsson a grandi à Clermont-Ferrand. Aujourd’hui installée en Islande, la designer-artiste nous raconte son incroyable expérience au chevet d’un volcan, jusqu’alors endormi depuis 800 ans, le mont Fagradalsfjall, situé à quarante kilomètres de Reykjavik, la capitale du pays.
L’éruption a-t-elle été une surprise pour les Islandais ?Il y avait des tremblements de terre à répétition depuis trois semaines, c’était vraiment impressionnant. Et vendredi dernier, la pression a été trop forte et le volcan est entré en éruption. Les scientifiques nous annonçaient une possible éruption donc ça n’a surpris personne.
Racontez-nous votre expérience sur le site.Les tremblements de terre ont endommagé l’accès routier, il fallait marcher 10 kilomètres pour arriver au plus près de la coulée de lave. C’était la première fois de ma vie que j’assistais à ce spectacle, c’était comme dans un film. J’étais partagée entre peur et excitation.
La lave est fluide mais très épaisse, d’un rouge lumineux et aveuglant. Le plus perturbant, c’est le peu de bruit qu’elle émet et l’incroyable chaleur qui s’en dégage. Même à deux mètres de la lave, on a l’impression d’avoir la tête dans un four.
Pourquoi cette éruption fait tant parler d’elle ?Il y avait autant de chances que l’éruption se produise en 2021 qu’en 2121, donc tout le monde était très excité. Quand la fissure s’est ouverte, les gens l’ont vécue comme une victoire.
N’est-ce pas dangereux de se rendre aussi près d’un volcan en activité ?Vous ne pouvez pas empêcher les curieux de s’approcher mais c’est vrai qu’il faut faire attention. Le sens du vent est très important car les gaz sont toxiques et attaquent les poumons. Une vague de lave peut aussi se créer dès qu’un bloc de roche tombe dans le cratère en fusion.
Votre père est volcanologue, a-t-il été réquisitionné pour étudier ce volcan, de nouveau actif après 800 ans de sommeil ?Oui, il fait partie d'une petite équipe de scientifiques détachée sur place pour prévoir les risques et établir des stratégies. Mais tout un monde se mobilise pour protéger la zone, notamment des rescue team dont le rôle est de protéger les randonneurs et d'éviter aux plus curieux de s'approcher trop près.
En tant qu'artiste, ce spectacle offert par la nature vous inspire-t-il ?L'environnement en général m'inspire beaucoup. En Islande, la terre est comme vivante, elle s'exprime. Je trouve cela à la fois poétique et fort car ces nombreuses démonstrations de force de la nature nous rappellent sans cesse notre modeste condition d'humain sur cette planète et aux efforts qu'on doit aujourd'hui faire pour la préserver.
Propos recueillis par Nathan Marliac