Le festival de La Chaise-Dieu (Haute-Loire) réaffirme ses fondamentaux pour son grand retour, du 19 au 29 août 2021
Un été sans musique à La Chaise-Dieu (Haute-Loire), c’est déjà trop. Le célèbre festival aura donc lieu du 19 ou 29 août 2021et fera face aux contraintes toujours pesantes en affirmant ses fondamentaux.
« Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut ». Un vent du Sud, porteur de ses justes et belles paroles de Frédéric Mistral, vient parfois réchauffer le plateau de La Chaise-Dieu (Haute-Loire). On sait donc au fameux festival qui s’y déploie, l’importance de réaffirmer ses fondamentaux : de grandes œuvres sacrées, de grandes pages symphoniques et bien sûr une place de choix pour le piano dans un patrimoine d’exception.
ADN et laboratoireOn retrouve tout cela après le passage de la tempête Covid, dans sa prochaine programmation autour de 27 concerts payants (et de nombreuses propositions gratuites), présentée mercredi 26 mai. « Sur la forme, on est plutôt au-dessus de ce qu’on pouvait craindre il y a quelques mois. Mais il y a des concessions, notamment l’absence d’ensembles étrangers et le renoncement à certains lieux. Ce n’est que temporaire, que pour faire rentrer dans un cadre contraint, une programmation qui tient à réaffirmer nos fondamentaux. Nous sommes de retour dans ce qui fait notre identité, notre ADN » insiste le directeur de l’événement Julien Caron. Quatre thématiques dominent une programmation aux bases solides, mais non dénuée d’originalité et de découvertes, et servie par des artistes idéalement choisis. Comme toujours.
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De nouvelles places à la mi-juilletAutre point important de cette renaissance : « Les résidences qui ont été notre manière de vivre pendant les confinements ont tous une fenêtre de visibilité dans le festival 2021. Il n’y aura pas de coupure entre ce que nous faisons l’été et le reste de l’année. Les résidences sont devenues un laboratoire du festival et le travail de l’ombre va rencontrer son public. » Cette rencontre devrait se faire dans des conditions « normales », la levée totale des contraintes de distanciation étant prévue au 30 juin. Ce qui signifie une jauge possible à 100 %. « Nous sommes depuis le début dans une approche de grande prudence. Nous ouvrons donc une partie des jauges au 11 juin et nous serons très heureux de débloquer des places ultérieurement. On ne veut pas casser le lien qu’on a cultivé avec le public. Il n’est pas question de s’exposer à des réactions d’incompréhension mais plutôt apporter une bonne nouvelle à la mi-juillet. D’autant qu’à travers nos premiers retours, nous sentons un enthousiasme de la part du public, une envie de revenir. »
Thématiques En prélude, le 19 août, le festival célébrera les 100 ans de Georges Cziffra avec un spectacle musical de Pascal Amoyel et un récital de Cyprien Katsaris. La virtuosité pianistique sera à l’honneur tout au long du festival, avec le jeune Adi Neuhaus, l’intégrale des Années de Pèlerinage de Liszt par Roger Muraro, et le retour à La Chaise-Dieu de Katia et Marielle Labèque.Pascal Amoyel. Photo Vincent Jolfre Le festival marquera le centenaire de la mort de Saint-Saëns : le violoncelliste Victor Julien-Laferrière et le pianiste Jonas Vitaud pour la 2e Sonate?; l’Orchestre de la Garde Républicaine (dir. F. Boulanger) pour la célèbre Danse Macabre et le Concerto pour violoncelle n°1 (soliste Bruno Philippe)?; avec la rare Messe op. 4, le Chœur du Concert spirituel (dir. Hervé Niquet) proposera un éclairage sur sa musique sacrée.Victor Julien Laferrière. Photo Vincent Jolfre Cinquante après la mort d’Igor Stravinsky, l’Ensemble Orchestral Contemporain et l’Orchestre national d’Auvergne feront entendre son Dumberton Oaks Concerto et la suite tirée du ballet Pulcinella. Les solistes de l’Orchestre de la Garde républicaine conteront en musique son Histoire du soldat. La musique sacrée conserve une place de choix avec une relecture de la Messe en si de Bach par Nicole Corti, la redécouverte de l’oratorio San Filippo Neri d’Alessandro Scarlatti par Les Accents (dir. Thibault Noally), et trois oratorios de Schütz réunis par Françoise Lasserre. Le théâtre du Puy-en-Velay oscillera entre baroque sacré et baroque profane (« Passions vénitiennes » par Les Cris de Paris, dir. Geoffroy Jourdain), tandis le programme Vivaldi laissera place à la mandoline et au violoncelle virtuoses de Julien Martineau et d’Ophélie Gaillard. Marc Minkowski, en clôture, fera entendre sa « nouvelle symphonie avec voix », à partir d’extraits des opéras de Rameau. À noter de beaux programmes a cappella à La Chaise-Dieu avec Les Métaboles (dir. L. Warynski) et à Saint-Paulien, à travers un programme à voix d’hommes seuls créé par Spirito (dir. N. Corti).Nicole Corti dirige l'ensemble Spirito. Photo Vincent Jolfre Deux soirées instaureront le dialogue avec d’autres arts : danse et musique à Ambert avec le collectif Incidence Chorégraphique (danseurs du ballet de l’Opéra national de Paris)?; l’autre faisant se répondre à Brioude la musique d’Édith Canat de Chizy et les tableaux du peintre Nicolas de Staël exposés au Doyenné.Pratique. Programme et billetterie (dès le 10 juin) sur www.chaise-dieu.com
Pierre-Olivier Febvret