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Август
2021

Cassius vu par Boombass : le pionnier de la French Touch se livre dans des mémoires fraternels

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“Qui sème le vent récolte le tempo”, proclamait MC Solaar il y a déjà trente ans sur son premier album fondamental. “Qui produit le tempo récolte la gloire”, paraphraseront le regretté Philippe Zdar et son “brother” Hubert Blanc-Francard, dont la biographie BoomBass, une histoire de la French Touch, entamée depuis 2017 et achevée au printemps dernier, vient de paraître aux éditions Léo Scheer.

BoomBass la décrit comme “un long plan-séquence au présent” et rapproche le travail d’écriture de la production musicale. Soit Trente Glorieuses pour cette paire fraternelle de producteurs qui, ensemble ou séparément, va façonner un son à la française avant qu’il ne s’exporte à l’international et ne soit encapsulé sous la bannière de la French Touch avec Air, Daft Punk, Étienne de Crécy and Co.

“Depuis notre voyage [sur l’île de la Barbade], nous sommes inséparables, Philippe et moi, découvrant l’un chez l’autre les qualités et les défauts nécessaires à notre quadrature du cercle”, confie Hubert dans son livre à la fois riche en anecdotes, touchant dans son propos et passionnant dans sa lecture.

Avec La Funk Mob en 1994 puis Cassius en 1996, Zdar et BoomBass établissent une relation transmanche puis des ponts transatlantiques. Le titre d’un maxi de La Funk Mob, alors signé chez Mo’ Wax (le label anglais pointu fondé par James Lavelle) et aussitôt remarqué avec Tribulations extra sensorielles (maxi cultissime enfin réédité cet automne), résume parfaitement l’état d’esprit, l’imagination débordante et le savoir-faire visionnaire du tandem : “Casse les frontières, fous les têtes en l’air.”

Organique et digital

Déjà insatiable, Zdar fomente parallèlement avec Étienne de Crécy Motorbass, dont l’unique album Pansoul (1996) demeure la pierre philosophale de la house française et l’un des disques les plus influents du mouvement.

Bouge de là est le morceau par lequel tout a commencé, c’est aussi le début de ma carrière de producteur. Car je projetais déjà de rajouter des couches d’instruments – une basse, un tambourin – pour ne pas me satisfaire uniquement des samples. Chaque morceau appelle un nouveau morceau”, racontait Zdar dans la masterclass Mix with the Masters à la Gaîté Lyrique en janvier 2019, quelques mois avant sa disparition accidentelle un funeste 19 juin, deux jours seulement avant la sortie de Dreems, le cinquième et ultime album de Cassius.

“Le single Bouge de là annonce déjà le son de Cassius, en associant l’organique avec le digital, affirme aujourd’hui Hubert, qui était alors directeur artistique de Polydor. Ça provenait de notre association puisque Philippe était obsessionnel du son analogique alors que j’ai toujours été attiré par le son digital.”

À l’heure où Qui sème le vent récolte le tempo (1991) et le classique Prose combat (1994), les deux premiers chapitres discographiques de MC Solaar, sont enfin réédités après un incroyable imbroglio juridique depuis 1997 entre le rappeur de Maisons-Alfort et Universal, BoomBass se souvient dans son autobiographie.

Un son visionnaire et toujours aussi moderne

“Philippe se bagarre avec les basses, la bassdrum, et l’équilibre sonore de son mix. Il pousse la musique au maximum de la console, fume un joint, doute, avant de tout recommencer, jusqu’au moment où tous les trois, avec Solaar et Jimmy Jay, il nous voit sauter en l’air.” La scène synthétise l’obstination de l’exubérant Zdar et le recul du contemplatif BoomBass, qui se découvrent littéralement en studio et qui révèlent ainsi leur complémentarité bientôt fusionnelle.

“Nous étions comme des copains qui décident de monter une équipe. Notre amitié soudaine a épousé notre osmose musicale”, souligne Hubert, qui était le plus musicien et le moins technicien du binôme. Le succès astronomique des deux albums de MC Solaar (double disque de platine, soit 400000 exemplaires écoulés pour chacun) conforte les deux comparses dans l’art et la manière de combiner leurs influences diverses, infusant un son visionnaire et toujours aussi moderne à la réécoute trois décennies plus tard.

“Une musique hybride, dont les ingrédients – la soul, le funk, le hip-hop, la techno et la house – sont pétris à la main”, écrit d’ailleurs BoomBass à propos de Foxxy Lady, le tout premier maxi de Cassius (d’abord le nom de leur label) paru en 1996, originellement sous le pseudonyme de L’Homme qui valait 3 Milliard$.

Deux “cuisiniers fous”

Loin du parti pris instrumental de La Funk Mob (rayon abstract hip-hop), Cassius cherche à faire danser et recherche ouvertement le succès. “Avant que je n’assiste à un DJ-set de Louie Vega dans un club new-yorkais en 1995, la techno se résumait pour moi à Corona, admet sincèrement BoomBass. Car je n’avais pas la culture du clubbing comme Philippe. Résultat : j’ai accéléré le tempo de nos productions, en passant de 97 à 130 BPM. D’ailleurs, le sample de All This Love That I’m Giving de Gwen McCrae utilisé sur Feeling for You de Cassius, je l’avais déjà essayé pour MC Solaar, mais il était trop rapide pour le hip-hop.”

Signés chez Virgin (le label français le plus coté de l’époque, qui compte déjà Air et Daft Punk dans ses filiales Source et Labels), ces deux “cuisiniers fous” mélangent les singles tubesques et les morceaux complexes dès 1999, premier album à écho public et critique, ainsi titré en référence au 1999 de Prince – l’un des héros absolus de Zdar avec Pharoah Sanders, tandis que Hubert est chaviré par la voix d’Ella Fitzgerald et voue une admiration sans bornes à Quincy Jones. Leur culture musicale XXL est autant un avantage qu’un inconvénient.

“Nous avions parfois tendance à mettre toutes les épices dans le même plat, reconnaît Hubert. En musique, c’est comme en français, il y a des règles écrites : on ne met pas sept guitares comme sur The Sound of Violence. Il aurait sans doute fallu qu’on s’engueule davantage en studio pour cuisiner des plats un peu moins nourrissants. C’est toute la difficulté de bosser en amitié, mais on s’en est relativement bien sortis.”

Une tournée qui a changé la donne

Si le surdosage confine parfois à l’étouffe-chrétien (Au rêve, cent jours de mixage et un échec commercial), la moitié chauve de Cassius confesse le même excès de générosité pour Au rêve (2002) et Ibifornia (2016), un quatrième disque dispendieux qui mit fin à dix ans d’attente.

En 2006, l’album 15 Again marque un tournant dans la discographie de Cassius qui, pour la première et dernière fois de sa carrière, part en tournée dans une configuration de groupe à sept personnes, dont quatre musiciens entourant Philippe Zdar, BoomBass et sa dulcinée d’alors, Gladys Gambie, à la fois chanteuse et danseuse.

Porté par l’entêtant Toop Toop interprété par Zdar (“la magie de l’accident de studio”, dixit Hubert), ce disque mêlant l’électronique et l’organique se prête idéalement à la scène. “Après avoir répété quatre mois, on a fait cinquante dates sur une année dans une ambiance totalement magique. On aurait dû en faire le triple, mais encore une fois, nous avons joué les enfants gâtés.”

Respectés au-delà de l’electro – de Pharrell Williams à Cat Power, de Ghostface Killah à Mike D (Beastie Boys), de Jocelyn Brown à Luke Jenner (The Rapture), on ne compte plus les artistes qui prêteront leurs voix à Cassius –, BoomBass et Zdar approchent même Terence Trent d’Arby, qui décline en les confondant avec… Air. Un pied dans la French Touch, l’autre ailleurs, le duo poursuit ainsi sa trajectoire musicale, de manière instinctive, circonstancielle et bordélique.

“On a tout fait pour se compliquer la vie, lâche Hubert. Comme des sales gosses. Depuis la disparition de Philippe, j’ai d’ailleurs regardé plein de vidéos de Cassius avec Pedro Winter lorsqu’il nous manageait. Cela m’a fait un bien fou de nous revoir mômes. Quand on rejoint Ed Banger en 2010 avec le single I <3 U So, on se retrouve avec une nouvelle génération de la French Touch, ce qui crée fatalement une émulation.”

“Plus c’est laborieux, moins c’est accessible”

Entre-temps, Philippe Zdar est plongé dans son mirifique Motorbass Studio, sis rue des Martyrs dans l’ancien studio Continental de Dominique Blanc-Francard (le père de BoomBass et Sinclair pour boucler une autre boucle), à enregistrer, arranger ou mixer quelques-uns des albums les plus marquants de son époque : Wolfgang Amadeus Phoenix (2009) de Phoenix – qui lui vaudra un prestigieux Grammy Award –, In The Grace of Your Love (2011) de The Rapture, Hot Sauce Committee Part Two (2011) des Beastie Boys, Sun (2012) de Cat Power, Places (2012) de Lou Doillon ou encore World, You Need a Change of Mind (2012) de Kindness.

“Par sa démesure et son incroyable talent, Philippe avait le pouvoir de calmer un groupe”, admire-t-il. Pendant ce temps-là, Hubert ne prend jamais ombrage de l’agenda chronophage de son meilleur ami, qui pèche souvent par bonté et altruisme pour refuser les demandes aussi hexagonales qu’internationales.

“En studio, il faut apprendre à ne pas aller trop loin. Et toute la difficulté du producteur est de savoir quand une chanson est finie. Plus c’est laborieux, moins c’est accessible pour l’auditeur, constate BoomBass. Il faut aussi user d’une grande psychologie avec les artistes pour dire frontalement les choses. Ce qui est magnifique avec la musique, c’est qu’une fois un disque terminé, il t’échappe… On n’est jamais sûr de rien. D’où la difficulté de travailler désormais seul.”

Une carrière solo contrainte

Avant de pointer un paradoxe entrevu sur Dreems, le dernier album de Cassius : “Je suis né dans un studio, mais j’en ai fait une overdose. Je ne peux plus foutre les pieds dans un studio. Cela ne me fait plus du tout rêver et je trouve ça même obsolète.” Joli clin d’œil à MC Solaar avec cette épithète utilisée par Hubert BoomBass, qui, après la mort de Philippe Zdar, s’est réfugié dans l’écriture et la composition d’un album enregistré à domicile dans un état second, qui lui sert de bouée de sauvetage.

“Ce qui est violent, c’est que notre séparation a été provoquée par sa disparition. Je n’ai plus mon frère de son pour avoir son feedback. Il faut donc que je me forge un nouveau style sans lui. Depuis deux ans, je me suis donc réfugié à corps perdu dans le travail, entre la musique et cette autobiographie.”

En juin 2020, un an après la disparition de Zdar, BoomBass publie un EP au titre bien nommé, Le Virage, et rapidement épuisé. L’idée effleurée avec Cassius d’adopter le français se fait jour en solo. “C’était totalement nouveau de poser ma voix avec des paroles écrites dans ma langue maternelle. Les réactions enthousiastes m’ont donné une patate incroyable alors que j’ai enregistré ce maxi sur un ampli antédiluvien et des vieilles enceintes, sans même l’écouter au casque pour le mixer. On ne peut pas imaginer un enregistrement plus roots.”

“Nos albums restent gravés à jamais”

Avouant depuis une ultrasensibilité, pétri de sentiments contradictoires depuis deux années “irrationnelles”, Hubert Blanc-Francard rêve de composer une bande originale de film, tout en se sentant décalé de deejayer encore à 54 ans, malgré sa technique éprouvée et un plaisir jouissif.

“Le paradoxe, c’est que j’ai fait des progrès de dingue. Peut-être faut-il laisser la place aux jeunes ou pas, comme le fait encore Étienne de Crécy. Je me suis aussi plongé dans l’ambient et j’aimerais bien le mêler à des trouvailles électroniques.”

“Enfin, avec la mort de mon meilleur ami, j’ai pris conscience que les disques sont immuables et que nous avons une chance incroyable qu’ils témoignent de notre fraternité artistique. Plus que les souvenirs ou les photos, nos albums restent gravés à jamais. Avec Philippe, nous avons apporté la culture de l’enregistrement du studio professionnel dans la musique électronique. C’est notre marque de fabrique.”

BoomBass, une histoire de la French Touch d’Hubert Blanc-Francard (Éditions Léo Scheer), 264 p., 18 €





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