IDF: Le prolongement d'une ligne de métro, terrain de campagne des régionales
Le premier tunnelier du prolongement vers le nord de la ligne 14, colonne vertébrale du futur métro du Grand Paris, a été inauguré en grande pompe mercredi, en pleine campagne pour les élections régionales de décembre.
"C'est le démarrage du réseau de transports du Grand Paris", s'est réjoui le secrétaire d'Etat aux Transports. Alain Vidalies a parlé d'un "calendrier désormais consolidé" alors que les travaux ont pris deux ans de retard au grand dam des élus et devraient maintenant s'achever en 2019 à la mairie de Saint-Ouen.
La ligne 14, qui sera à terme longue de 30 kilomètres et entièrement souterraine, reliera en 2024 Paris à l'aéroport d'Orly au sud et Saint-Denis Pleyel au nord, assurant la connexion avec le futur métro automatique Grand Paris Express.
Cette "épine dorsale du réseau du Grand Paris", selon la PDG de la RATP, Elisabeth Borne, sera "la plus capacitaire du réseau et pourra accueillir 1 million de voyageurs par jour", permettant de désaturer la ligne 13 d'environ un quart de ses 680.000 utilisateurs quotidiens.
Outil de renouvellement urbain, ce prolongement du métro - chantier titanesque et technologique -- sera aussi l'opportunité de démontrer le savoir-faire français. "Le nombre de kilomètres de métro automatisé sera multiplié par 6 dans les 10 prochaines années: réussir la 14, c'est proposer un modèle français de ville durable", a souligné le président de la Société du Grand Paris (SGP), Philippe Yvin.
Le coût du projet est estimé à 1,38 milliard d'euros, et est inscrit au plan de mobilisation pour les transports en Ile-de-France à hauteur de 1 milliard. Le financement du reliquat sera prévu dans la prochaine contractualisation entre l'Etat et les collectivités.
Le milliard est financé par la SGP (55%), la Ville de Paris (20%), la Région Ile-de-France (13%), et les conseils départementaux des Hauts-de-Seine (3%) et de Seine-Saint-Denis (3%) traversés par la future ligne.
- "Perspectives électorales" -
C'est Magaly Cleuet, 33 ans dont 13 à la RATP, qui a donné son nom au tunnelier et baptisé le gigantesque engin au champagne. L'assistante d'exploitation, un peu intimidée, était entourée des ténors politiques de droite et de gauche qui s'étaient donné rendez-vous au chantier du Pont-Cardinet.
"C'est un moment assez émouvant pour tous ceux qui ont des perspectives électorales... et pour moi !", a ironisé Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région Ile-de-France. Lui dont le mandat s'achève à la fin de l'année avait été un des artisans de l'accord avec le gouvernement Fillon en 2011 sur le Grand Paris, puis de sa réécriture avec le gouvernement Ayrault en 2013.
"Le sujet est qu'il y a deux ans de retard mais nous sommes là pour pousser le projet. On ne doit pas opposer la rénovation de l'existant et le futur Grand Paris, ce serait suicidaire", a affirmé à l'AFP Valérie Pécresse (Les Républicains), candidate de la droite et du centre aux régionales.
"La solution pour la ligne 13 (souvent saturée, NDLR) c'est la ligne 14, c'est pour ça que je suis là", a ajouté la conseillère régionale, qui travaille sa partition de candidate de proximité.
Claude Bartolone (PS), venu avec sa casquette de député de la Seine-Saint-Denis, a aussi promis, avec sa casquette de candidat aux régionales, de présenter ses idées pour les transports "dans les dix jours qui viennent".
M. Bartolone, qui a lancé à la Rochelle un appel à EELV pour une alliance dès le premier tour, est venu ostensiblement embrasser Emmanuelle Cosse, tête de listes des écologistes et tenante farouche de l'autonomie. "Nous sommes en campagne...", a constaté Mme Cosse, "c'est fou comme tout le monde est unanime sur la question des transports notamment le Passe Navigo", à un tarif unique quelque soit le nombre de zones, promesse de l'actuelle majorité de gauche à la région et entré en service le 1er septembre.