Une victoire majeure pour Washington dans son bras de fer avec le fondateur de Wikileaks
Julian Assange entend toutefois former un recours auprès de la Cour suprême après la décision de vendredi, a annoncé sa compagne Stella Moris. Il a 14 jours pour le faire. La Cour suprême peut refuser de s’en saisir.
Soupçons de collusion avec Moscou
Moscou, qui prend régulièrement la défense de Julian Assange, a jugé "honteuse" la décision rendue à Londres, y voyant "une nouvelle illustration de la vision du monde cannibale du tandem anglo-saxon". "L'Occident a fêté dignement la Journée internationale des droits humains (le 10 décembre, NdlR) et la fin du 'Sommet pour la démocratie'", a-t-elle ironisé, en référence à un sommet virtuel organisé par le président américain Joe Biden qui s'achevait vendredi.
En 2016, à un moment-clé de la campagne présidentielle américaine, Wikileaks avait publié des milliers de courriels piratés de l’équipe de la candidate démocrate Hillary Clinton, ce qui a contribué à sa défaite face à Donald Trump. Cet épisode a alimenté les soupçons de collusion entre Moscou et M. Assange, qui a par ailleurs collaboré régulièrement avec la chaîne de télévision RT, propriété du Kremlin.
De son côté, Reporters sans frontières a "condamné" la décision de justice britannique, appelant une nouvelle fois à la libération d'Assange.
Les États-Unis reprochent à Julian Assange d’avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Poursuivi notamment pour espionnage, il risque jusqu’à 175 ans de prison dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse.
Incarcéré dans une prison de haute sécurité près de Londres depuis deux ans et demi, Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Équateur où il s’était réfugié alors qu’il était en liberté sous caution.
"Alcatraz des Rocheuses"
Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou la Suède où il faisait l’objet de poursuites pour viol depuis abandonnées.
Lors de l’audience en appel au sujet de son extradition fin octobre, les États-Unis ont cherché à rassurer sur le traitement qui serait réservé au fondateur de Wikileaks.
Les États-Unis ont assuré qu’il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence, dans le Colorado, surnommée l’"Alcatraz des Rocheuses", où sont notamment détenus à l’isolement quasi-total des membres d’Al-Qaïda. La justice américaine s’assurerait que le fondateur de Wikileaks reçoive les soins cliniques et psychologiques nécessaires et qu’il puisse demander à purger sa peine en Australie.
En octobre, l'avocat de Julian Assange, Edward Fitzgerald, avait estimé que les assurances américaines ne changeaient rien et que subsistait "un grand risque de suicide, quelles que soient les mesures" qui seraient prises.
Le mois dernier, Stella Moris, avec laquelle Julian Assange a eu deux enfants lorsqu’il était reclus à l’ambassade d’Équateur, a annoncé que le couple avait reçu l’autorisation de se marier à la prison de Belmarsh où l’Australien est détenu.