Usage de bombes à sous-munitions, viols dans les villes occupées : l’armée russe accusée de crimes de guerre
Selon une ONG, l’armée russe bombarde Kharkiv avec des armes à sous-munitions, très imprécises, visant à faire des carnages ; tandis que le ministère des Affaires étrangères ukrainien soutient que « les soldats russes violent des femmes dans les villes occupées ». La Cour pénale internationale a déjà ouvert une enquête pour de possibles « crimes de guerre ».
L'armée russe a utilisé à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, des armes à sous-munitions, qui sont indistinctement létales à l'égard des populations civiles, et dont l'emploi pourrait constituer un crime de guerre, affirme vendredi l'organisation Human Rights Watch (HRW).
« Kharkiv subit les attaques incessantes des forces russes et les civils se cachent dans les sous-sols pour échapper aux explosions et débris », affirme le directeur de l'armement chez Human Rights Watch (Photo by Sergey BOBOK / AFP) Les forces russes ont fait usage de ces armes « dans au moins trois quartiers résidentiels de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, le 28 février », affirme l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme. HRW affirme avoir identifié l'utilisation de sous-munitions via une roquette 9M55K Smerch de fabrication russe.
Très imprécises, les bombes à sous-munitions frappent une immense proportion de civils.« Kharkiv subit les attaques incessantes des forces russes et les civils se cachent dans les sous-sols pour échapper aux explosions et débris », affirme le directeur de l'armement chez HRW, Steve Goose. « Utiliser des sous-munitions dans des zones habitées montre un mépris absolu pour la vie des gens ».
« Leur utilisation telle que documentée à Kharkiv pourrait constituer un crime de guerre », estime HRW.
— HRW en français (@hrw_fr) March 4, 2022Les bombes à sous-munitions (BASM) sont composées d'un conteneur, tel un obus, regroupant des projectiles explosifs, de taille plus réduite, dites « sous-munitions ». Très imprécises, elles frappent une immense proportion de civils. Leur utilisation est interdite par la convention d'Oslo de 2008 mais Moscou ne l'a pas signée.
— Amnesty International France (@amnestyfrance) March 1, 2022« Leur emploi massif par certaines armées dans des zones habitées a engendré, dans les pays concernés, des dommages humanitaires disproportionnés », selon une note de synthèse du Sénat français. Les armes à sous-munitions dispersent en effet une multitude de petites munitions dans une très large zone. Certaines restent non explosées et peuvent tuer des années après, comme peuvent le faire les mines. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a accusé vendredi des soldats russes de « violer des femmes dans les villes ukrainiennes occupées », demandant la création d'un tribunal pénal spécial pour juger le « crime d'agression » commis par Vladimir Poutine.
"De nombreux cas de soldats russes" violant des femmes ukrainiennesDmytro Kouleba s'exprimait depuis l'Ukraine dans le cadre d'une réunion en ligne organisée par Chatham House, un institut basé à Londres qui suit les relations internationales, en présence notamment de l'ancien Premier ministre britannique Gordon Brown.
Originaire de l'une des seules grandes villes ukrainiennes intégralement aux mains de l'armée russe, la porte-parole des Femen Inna Shevchenko, relaie cette information.
« Mais c'est notre seul outil disponible pour nous assurer qu'à la fin, tous ceux qui ont rendu cette guerre possible soient amenés devant la justice et pour que la Fédération russe, comme pays ayant commis un acte d'agression, soit elle aussi tenue pour responsable », a-t-il ajouté.
Quelle réponse au niveau du droit international ?Huit jours après l'invasion russe de l'Ukraine, Dmytro Kouleba s'est dit en faveur de la création d'un tribunal pénal spécial pour juger le « crime d'agression » russe en Ukraine, une initiative portée par des dizaines de spécialistes du droit international et des personnalités politiques et littéraires telles l'ex-Premier ministre britannique Gordon Brown ou l'écrivain américain Paul Auster.
« Il nous manque une arme cruciale dans le combat légal contre Poutine », a affirmé Gordon Brown, qui a signé un appel à la création d'une juridiction spéciale pour « combler le vide » laissé par la Cour pénale internationale (CPI). La CPI a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête sur la situation en Ukraine, évoquant de possibles « crimes de guerre » et des « crimes contre l'humanité ». Mais elle ne peut pas poursuivre pour "crime d'agression" --l'attaque d'un Etat contre un autre planifiée par un dirigeant politique ou militaire-- si ce pays n'a pas ratifié le Statut de Rome, ce qui est le cas de la Russie et de l'Ukraine. Mais « la plupart des gens seront d'accord pour que cet acte d'agression (par la Russie en Ukraine) fasse l'objet d'investigations, soit poursuivi et puni », a estimé Gordon Brown.
AFP