Les conseils d’un professionnel pour bien choisir une maison de retraite
Avec le franc-parler qui le caractérise, Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), le dit tout net : « personne ne doit choisir une maison de retraite à votre place ».
« La plupart des gens pensent qu’il est impossible de ne pas se retrouver dans cette situation d’avoir à choisir une maison de retraite pour un parent mais c’est la situation la pire. Ça vient pas comme ça du jour au lendemain d’avoir 80 ans, avant on a eu 75 et même 70 ans ! » Donc le premier conseil qu’il donne, c’est de préparer le terrain. « Quand on a des parents âgés, il faut toujours évoquer la question de la maison de retraite […] et surtout pas pour jurer que jamais le vieux monsieur ou la vieille dame y rentrera. La première question à poser est : si tu dois entrer en maison de retraite, l’accepteras-tu ? ».
Des effectifs pour le bien-être des résidentsLe consentement admis, en procédant par ordre, pour Pascal Champvert, il faut savoir où la personne, ou soi même, souhaite vivre. « Là où elle a toujours vécu ou ailleurs, près d’un membre de la famille ». Après la situation géographique, « il faut visiter l’établissement avec la personne », insiste le professionnel.
« Il faut sentir la structure pour soi, voire s'y rendre à différents moments de la journée »
« On peut aussi poser la question des effectifs mais c’est difficilement vérifiable », poursuit Pascal Champvert. Même si l’on sait que le ratio de personnel est essentiel pour le bien-être du résident. « Regarder les menus des repas et leurs horaires ; quelles sont les activités culturelles, les animations proposées, quelles sont les possibilités de posséder un animal ; la présence des bénévoles pour proposer des activités ; la capacité à meubler son espace privatif… tout cela est utile ».
En attendant la loi Grand Age« Si l’on vous interdit la visite des locaux ou que l’on ne peut pas s’y balader tout seul, fuyez ! », explique en substance Pascal Champvert qui confie « ne pas être fana des horaires de visites ».
« Plus vous avez de liberté de faire des choses, plus on peut penser que la structure fait preuve d’ouverture. »
Quant aux guides sur les maisons de retraite réalisés par des éditeurs privés, « ils survalorisent parfois la qualité de l’hôtellerie, la beauté des locaux… mais cela donne une indication », remarque le directeur d’établissement qui milite (*) pour que les pouvoirs publics instaurent « un système de comparabilité de l’offre pour que les prix des structures soient en rapport avec l’offre ». Un service de 1 à 5 étoiles pour que chacun sache à quoi s’en tenir. Comme en hôtellerie, les prestations ne sont pas les mêmes dans un Formule 1 ou dans un 5 étoiles mais on le sait d’avance et on accepte de payer en conséquence.
« Le modèle EHPAD est dépassé »Parce que la question pécuniaire joue un rôle souvent primordial dans le choix d’une maison de retraite, il est important de comprendre comment se décompose le prix et quelles sont les prestations incluses ou facturées en plus. Et de connaître également les aides possibles. Le portail gouvernemental d’information pour les personnes âgées et leurs proches (www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr) permet une approche pratique de la question. Sur le fond du sujet, Pascal Champvert assure que « le modèle EHPAD est dépassé » et qu’il est grand temps qu’arrive cette Arlésienne qu’est « la loi Grand Age promise depuis 20 ans. On mesure aujourd’hui les problèmes que cela pose quand la qualité est la variable d’ajustement des comptes publics ». Sophie Leclanché sophie.leclanche@centrefrance.com
L’AD-PA a élaboré une plate-forme de 44 mesures pour que « nous cessions de maltraiter les vieux et ceux qui les accompagnent ». À lire sur : plateforme.ad-pa.fr