L'Hôtel de la Dentelle veut « revenir sur la scène de la haute couture » à Brioude (Haute-Loire)
Derrière la vitrine de l’Hôtel de la Dentelle, les professionnels du Cluny polychrome de Brioude, en Haute-Loire, préparent l’avenir et tissent des liens avec la haute couture.
Développer sa marque et rendre son savoir-faire incontournable n’est pas une mince affaire. C’est pourtant ce à quoi travaille l’Hôtel de la dentelle depuis des années. C’est donc tout naturellement que l’association s’est tournée vers ce qui se fait de mieux dans les arts textiles avec une ambition : « revenir sur la scène de la haute couture », assure Mathias Cazin, coordinateur de l’Hôtel de la Dentelle.
Les ouvrières relèvent les défis qu’elles s’imposentPour tenir le cap de l’innovation et de la qualité, Nicole Brives, la présidente de l’association, s’est entourée d’une équipe expérimentée et dynamique. Nathalie Bailly, meilleure ouvrière de France, dont l’exceptionnelle carrière s’écrit encore aujourd’hui à Brioude, Ninon Crochu et Élisabeth Vuillermet, les nouvelles venues, sont les dentellières qui, au premier étage, derrière de larges baies vitrées laissant entrer généreusement la lumière, s’affairent.
Tradition et modernitéLe coordinateur Mathias Cazin et la présidente Nicolle Brives.Penchées sur le métier, elles font danser les fuseaux entre leurs doigts et croisent savamment les fils de lin, de coton ou de soie pour créer le fameux Cluny polychrome de Brioude. On est ici loin, très loin, d’une image surannée des dentellières d’autrefois. Si des techniques ont traversé les siècles et perdurent encore de nos jours, l’accent est mis sur le haut de gamme et la valeur ajoutée.
Privilégier le haut de gamme et l’innovation« Ici, on ne se contente pas de faire de la dentelle, on innove, on crée des techniques nouvelles », explique Mathias Cazin. Comment?? En se fixant des objectifs qui, sur le papier, pourraient sembler inatteignables. « Souvent, les dentellières proposent des dessins qu’elles savent impossibles à réaliser », poursuit-il.
L'Hôtel de la dentelle de Brioude (Haute-Loire) au chevet de la Terre
Les ouvrières relèvent donc les défis qu’elles s’imposent, grâce aux dessins qu’elles imaginent, et qui se transforment en une multitude de créations. Ces pièces uniques, remarquables, ont pour certaines étaient présentées en octobre dernier au Salon international du patrimoine culturel, au Carroussel du Louvre, à Paris. L’industrie du luxe ne connaît pas la crise et des stylistes ont remarqué le savoir-faire brivadois.Les pièces créées par les dentellières sont prisées des stylistes de haute couture.
« L’idée est de leur montrer des échantillons. Nous sommes actuellement en contact avec un créateur français de haute couture, pour élaborer une grosse pièce ».
L’une des activités de Mathias Cazin consiste à promouvoir le travail des dentellières de la cité Saint-Julien. Et à décrocher des contrats. « Nous aimerions revenir dans le domaine logique de la robe de mariée », complète le coordinateur. Nicole Brives espère que les fiançailles avec la haute couture se concrétisent très prochainement. Avant, pourquoi pas, un mariage heureux.
Exposition. Après l’attribution du label Ville et métiers d’art cette année, l’Hôtel de la Dentelle a souhaité placer les artistes et artisans sur le devant de la scène. L’exposition, de juin à octobre, va donc réunir un florilège de créateurs et créatrices du Brivadois, à l’image de la ferronnerie de Pierre Pagès, des sculptures en carton de Sandrine Poulet-Berger associée à Florence Grellier, des bijoux d’Esther Farrache, des céramiques de Cécile Auréjac, des mobiles de Sarah Barthélémy-Sibi ou encore des vitraux de Nathalie Bagot.
David Allignon