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Май
2022

Rencontre avec Claire Rousay, étoile montante de la musique expérimentale

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La veille, elle jouait à la Maison de la Radio et de la Musique pour Présences électronique, un festival organisé par le Groupe de recherches musicales (GRM) installé dans les lieux, dépendant de l’INA et fondé en son temps par Pierre Schaeffer, le père de la musique concrète.

Dans le grand auditorium, entre deux concerts, Claire Rousay dégageait quelque chose d’un peu différent, d’un peu plus teigneux que les autres compositeurs et compositrices invité·es. D’un peu plus timide aussi : arrivée sur scène jusqu’à son ordinateur, alors que la plupart des autres musicien·nes font étalage de leurs instruments, Claire Rousay semble se cacher derrière l’écran et sous la casquette qu’elle ne quitte pas.

“Je voyage avec mon ordinateur dans un sac, et c’est tout ce que j’utilise sur scène, nous raconte-t-elle dans un café aux abords de la salle. Les gens passent beaucoup de temps à programmer des synthétiseurs. Ce n’est pas ce qui m’intéresse. Et de toute façon je n’ai jamais eu accès à toutes ces machines et ces instruments très onéreux. J’ai toujours travaillé avec peu de choses, et notamment avec des petits gadgets, des objets minuscules faisant du son. Mais, sur scène et en tournée, c’est compliqué à trimballer. J’ai choisi une autre formule, plus banale.”

Voix capturées à la volée, souffles de machines épuisées

Claire Rousay, effectivement, fait et compose avec ce qu’elle est, ce qu’elle possède ou ce qui se trouve à portée de sa main et qui est souvent d’une étrange banalité : bruits de son environnement immédiat, voix capturées à la volée, souffles de machines épuisées et enregistrements de dialogues, qui sont parfois des bribes de conversations entendues, et de textes qu’elle écrit en permanence sur son iPhone, sur un carnet ou sur un tableau noir collé à son réfrigérateur.

Ces mots, elle les édite ensuite, surtout lorsque les pages en sont saturées, et les coupe, colle, recoupe, recolle, jusqu’à parvenir à un assemblage qui reflète son expérience personnelle tout en n’ayant plus, non plus, quoi que ce soit de vraiment intime.

“Je veux tenter de capter une expérience, un moment qui peut être détaché de moi. Comme une fiction qui part d’un matériau très personnel mais s’intéresse à des dynamiques plus générales”

Ses textes sont parfois très différents les uns des autres et son travail consiste justement à trouver ceux qui s’appartiennent, comme elle dit. “Certaines choses me paraissent bien aller ensemble, mais ce n’est que mon opinion. Quelqu’un d’autre penserait sûrement le contraire. Cela dit, je ne veux pas non plus faire croire que je veux parler de ma propre expérience. Je ne suis pas une chanteuse qui se met au centre de ses morceaux. Je veux plutôt tenter de capter une expérience, un moment qui peut être détaché de moi. Un peu comme une fiction qui part d’un matériau très personnel mais s’intéresse à des dynamiques plus générales, à des contextes sociaux dans lesquels chacun peut piocher ce qu’il veut.” La banalité de l’expérience humaine ? Plutôt ses détails.

Le soir de son concert à la Maison de la Radio, Claire Rousay a présenté Crying, une œuvre construite pour l’occasion et dans laquelle un même texte est dit par plusieurs personnes et diffusé de sorte que les voix des un·es et des autres se chevauchent, se superposent, se mettent en phase ou se déphasent totalement, créant au final quelque chose de l’ordre du mur du son, où la confusion entre les mots qui se font écho cède la place à une entité sonore indépendante, qui vit une existence hors du texte initial. Au fait, de quoi celui-ci parlait-il exactement ? D’un moment de douleur et de peine. On entend une voix dire “It’s 4 P.M. on a Monday and I can’t stop sobbing/I have not been able to eat or sleep or leave the bed for days” (“Il est 4 heures de l’après-midi un lundi et je ne peux m’arrêter de pleurer/Je n’ai pas pu manger ni dormir ni sortir du lit depuis des jours”).

Documenter l’émotion

Durant tout son concert, Claire Rousay diffuse ce texte, pratiquement sans musique, à part deux notes tenues qui battent l’une contre l’autre, formant un rythme à peine audible. La salle, elle, est tendue, silencieuse. L’ambiance, presque religieuse. Émotionnellement, ça remue beaucoup.

Cette utilisation des voix et cette transmission des émotions s’expriment d’abord de façon très brute, avant que leur diffusion se fasse plus sophistiquée, brouillant les pistes et la perception comme pour mieux distraire l’écoute et rendre compte, aussi, de la confusion de la personne, réelle ou fictive, qui vit cela et le raconte. La confusion se crée aussi en vous, qui écoutez.

Dans la musique expérimentale et électronique des années récentes, l’usage de la voix comme élément sonore central s’était vaguement perdu. Pourtant, son usage remonte aux années 1960 et surtout 1970, avec notamment certaines pièces majeures du compositeur américain Robert Ashley. Ses œuvres Private Parts (1978) ou Automatic Writing (1979) étaient construites autour de voix et de narrations qui jouaient sur la frontière entre l’audible et l’indiscernable, la polyphonie entre plusieurs langages et les impressions que tout cela produit chez l’auditeur·trice.

“J’adore faire des enregistrements de terrain, j’en tire une grande joie, je le fais en permanence”

Chez Claire Rousay, le calme et le volume plutôt bas sont des éléments essentiels. “Sur scène, je peux jouer si bas et de façon si calme que le public, s’il le voulait et se mettait à hurler, couvrirait et casserait complètement mon concert.” Ses compositions sont des captures de moments : fondées sur des enregistrements de terrain, elles racontent des instants et documentent des lieux. “J’adore faire des enregistrements de terrain, j’en tire une grande joie, je le fais en permanence.”

Une tradition que des compositeur·trices de musique concrète ont beaucoup exploitée. Luc Ferrari, notamment, dans ses pièces intitulées Presque rien, donnait l’impression de s’être contenté d’enregistrer ce qu’il entendait, alors même qu’en plus d’avoir pointé ses micros dans certaines directions, il effectuait après coup un travail de montage très méticuleux. Du cinéma sonore, comme on a beaucoup pu le dire.

Le travail de Claire Rousay relève presque de la même volonté, mais prise dans une esthétique proche aussi de l’arte povera : ce qui frappe, c’est le souffle de l’enregistrement. Ce qui compte, c’est documenter l’émotion. Ces deux dernières années, sa musique a beaucoup résonné avec les périodes de confinement. “C’est une époque difficile à vivre”, dit-elle d’un coup.

Claire Rousay est née au Canada, mais elle a grandi au Texas. Sa mère enseignait le piano et elle a commencé par en jouer avant de se mettre aux percussions. Lorsqu’on lui demande son âge, elle précise que c’est la seule chose dont elle ne veut pas parler. Chez elle, en grandissant, il y avait la musique de sa mère et aussi de la musique religieuse : “Nous allions à l’église et j’en ai beaucoup écouté. Puis je me suis mise à découvrir la musique des adolescents, le rock et ce genre de trucs très emo…”

Nouvelles mouvances

Dans le milieu de la musique expérimentale, qui voit les musicien·nes jouer un peu partout, passer d’un festival au suivant, donner des concerts dans des musées ou des galeries, Claire Rousay est une étoile en puissance. La scène a intégré, ces dernières années, davantage de femmes, de personnes non binaires ou transgenres – comme Claire Rousay elle-même – et s’est ouverte au-delà des clichés qui ont longtemps montré des compositeurs masculins, blancs, barbus, en claquettes chaussettes, et vivant au gré des subventions des universités.

Parmi la génération récente, des compositrices et des interprètes importantes sont apparues. On songe à Kali Malone, autrice d’une œuvre déjà vaste consacrée au temps long, parmi les grandes orgues, ou Lucy Railton, interprète talentueuse de Bach et compositrice majeure d’albums d’électronique contemplative.

Claire Rousay, elle, est capable de passer d’un genre à l’autre, et l’un de ses derniers disques au titre assez génial et très contemporain, Never Stop Texting Me (2022), composé avec la musicienne More Eaze, est une collection de chansons qui versent entièrement dans le genre de l’hyperpop. “Auparavant, nous faisions plutôt des collages sonores, des morceaux ambient, et puis nous avons appris à faire ensemble cette forme de musique. Et c’était assez facile. Après tout, essayer des genres est une forme d’expérimentation, non ? Et puis je n’avais jamais essayé l’Auto-Tune ! C’était très drôle…” Dans la foulée, chez le label français Shelter Press, elle a sorti, au titre plus beau encore, l’émouvant Everything Perfect Is Already Here. Un disque qui tranche, mais qui est totalement sien. Cette façon de se mouvoir d’un territoire à l’autre, c’est sans doute ce qui la définit le mieux : “Plus que tout, la seule ligne que je veux suivre, c’est tenter des choses dont j’ai envie.”  Merci au GRM et au festival Présences électronique.

Everything Perfect Is Already Here (Shelter Press). Sorti depuis le 22 avril.

clairerousay.bandcamp.com





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