Un rapport du CNRS et de Météo France prédit un réchauffement pire que prévu en France d'ici la fin du siècle
Une étude publiée le 4 octobre indique que la France devrait continuer à se réchauffer davantage et plus rapidement que ce que l’on pensait.
« C’est dans la branche haute de ce que l’on pouvait craindre. » Chercheur au Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique, Julien Boé a participé à la nouvelle étude sur les projections sur le climat futur réalisée avec d’autres membres du CNRS et de Météo France, publiée le 4 octobre dans la revue Earth System Dynamic (en anglais)
+ 3,8° C en 2100Selon ces scientifiques, le réchauffement climatique au cours du XXIe siècle en France pourrait être 50 % plus intense que ce que l’on prévoyait, avec une température moyenne supérieure de 3,8° C à celle du début du XXe siècle en France. Cette augmentation moyenne sera plus marquée en été (+5,1°C) qu’en hiver (+3,2°C) (NDLR, la température moyenne de la France actuelle est 1,7 °C supérieure à celle de la France entre 1900 et 1930). « Cette hausse de 3,8°C correspond à un scénario intermédiaire, ni le plus vertueux ni le pire en termes d’émission de gaz à effet de serre, celui qui correspond aux promesses des États dans ce domaine au cours des prochaines décennies », explique Julien Boé. À l’horizon 2100, les étés pourraient être en moyenne 5 °C plus chauds par rapport aux décennies 1900-1930. « À titre de comparaison, l’été 2022, déjà vécu comme très chaud, était supérieur de 4° C aux températures du début du XXe siècle. Là, on serait à +5° C. Ce fort réchauffement provoquera une augmentation importante des sécheresses et des canicules, de leur intensité et de leur fréquence, qui affectera les écosystèmes et l’agriculture de façon notable. »
Des étés intenables en 2100Les chercheurs ont utilisé une nouvelle méthodologie pour parvenir à ces résultats, déjà utilisée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans son dernier rapport de 2021. « On a pris à partir d’un éventail de simulations climatiques les données cohérentes avec les mesures de température récoltées depuis plus d’un siècle, ce qui permet de réduire les incertitudes dans les projections futures » Cette étude rappelle, enfin, la nécessité de baisser rapidement nos émissions de gaz à effet de serre pour éviter des étés insoutenables en 2100. « Chaque tonne d’émission de CO2 ajoute au réchauffement climatique et, pour stabiliser la température à un niveau donné, cela nécessite donc des émissions nettes nulles », mentionne le rapport.
Nicolas Faucon