L'épidémie de bronchiolite met les urgences pédiatriques du CHU de Clermont-Ferrand sous tension
Les urgences pédiatriques du CHU de Clermont-Ferrand sont sous tension : l’épidémie de bronchiolite bat son plein avec une deuxième semaine consécutive à plus de 120 passages d’enfants de moins de 2 ans. Elle peut être grave pour les jeunes enfants.
Toute la France est actuellement touchée par une épidémie de bronchiolite. Le pays entre même dans sa troisième semaine épidémique selon les chiffres de l’ARS : « Les hospitalisations sont en hausse. Du 17 au 23 octobre, 398 passages aux urgences ont été relevés en Auvergne-Rhône-Alpes et 122 ont été suivis d’une hospitalisation. »
Au moins 4 heures d’attente dimancheLa dynamique épidémique régionale est très proche de l’année dernière. Et les urgences pédiatriques du CHU, dirigées par le docteur Matthieu Verdan, sont sous pression : « C’est dur. Je suis à deux doigts de dire que c’est l’enfer, expliquait-il lundi matin, fatigué par de longues heures de garde. Dimanche, les urgences étaient surchargées. Il y avait au moins 4 heures d’attente. Tous nos lits sont occupés. Nous accueillons de nombreux enfants en détresse respiratoire qui nécessitent d’être hospitalisés et assistés. »
Le spécialiste sait que l’épidémie n’est pas encore à son maximum : « C’est actuellement le cas à Paris et nous avons toujours dix à quinze jours de décalage. En attendant, cela fait deux semaines consécutives que nous avons 120 passages aux urgences par semaine. Avec parfois des cas très graves. Fort heureusement, il n’y a pas encore eu de décès à Clermont-Ferrand à ce jour. »
Le plus efficace reste la préventionPendant cette épidémie de bronchiolite, le docteur Verdan insiste : « Le plus efficace, c’est la prévention.
Quand on a un bébé de trois mois, on ne l’emmène pas dans des lieux bondés de monde ou dans de grandes réunions de famille. On le protège. On évite les bisous et les câlins.
Sinon, il est important de surveiller les symptômes, comme la toux, l’encombrement nasal et la gêne respiratoire. Cela a pour conséquence que le bébé a de plus en plus de mal à s’alimenter. C’est d’ailleurs quand il ne prend plus son biberon que les parents se tournent vers nous. »
Organisés au mieux pour faire faceLe chef des urgences souligne néanmoins quelques avancées : « Nous étions particulièrement inquiets avec la fermeture partielle du service pédiatrie à l’hôpital de Montluçon. Il disposait de 24 lits et accueillait de nombreux cas de bronchiolites. Où allions-nous les accueillir en période d’épidémie ? Il y a eu un gros travail avec le pôle pédiatrie du CHU pour pouvoir envoyer des pédiatres à Montluçon et pour ouvrir des lits saisonniers. »
Il rappelle que son service était en grève en mai dernier pour demander des moyens : « Nous avons été entendus et des mesures fortes ont été prises pour faire face à cette période très compliquée. On sent le soutien de notre direction. Nous avons essayé de nous organiser au mieux pour faire face. Cela reste très tendu mais il fallait aussi souligner les efforts. »
Fabrice Mina
Une expérimentation, « Bronchiolib », avait été menée durant l’hiver 2019/2020 sous l’égide de l’ARS du Pays de la Loire. Celle-ci consistait en la mise en place d’un réseau libéral de surveillance à domicile des nourrissons atteints de bronchiolite modérée à sévère. « Il faudrait qu’un tel dispositif soit mis en place systématiquement lors des épidémies. Les infirmières puéricultrices pourraient ainsi intervenir à domicile, en connexion avec un pédiatre ou l’hôpital, afin de rassurer les parents, de leur expliquer les différents signes d’évolution de la maladie, de donner des conseils pratiques (nettoyage du nez, alimentation, couchage…). Ceci permettrait de laisser l’enfant plus en sécurité, puisqu’il ne serait pas exposé aux virus extérieurs et d’éviter d’encombrer les services et les cabinets de pédiatrie. Et en tant qu’infirmières puéricultrices, nous serions pleinement dans notre rôle d’accompagnement et de prévention. »
Stéphanie Merzet