Allier et Mongolie, 22 ans de complicité

Une coopération décentralisée entre l’Allier et une province de Mongolie est établie depuis l’an 2000. Une délégation du pays émergent est venue la célébrer, ce samedi 19 novembre.

Saviez-vous que l’Allier et l’Uvurkhangaï, une province de Mongolie, étaient intimement liées depuis plus de vingt ans ? Une délégation mongole est venue samedi 19 novembre, pour célébrer cette coopération dans les rues de Moulins et devant le Centre national du costume de scène.

L’ambassadrice de Mongolie en France, Nyamkhuu Ulambayar, présente lors des festivités, a souligné l’exemplarité de ce partenariat entre les deux régions, le plus ancien et important à l’heure actuelle pour une province de son pays.L'ambassadrice de Mongolie en France, Nyamkhuu Ulambayar (au centre). Photo François-Xavier Gutton

Elle a salué les projets communs menés dans « l’agriculture, l’élevage, la santé publique, la formation et, plus récemment, le tourisme et l’art thérapie ». Dans la délégation présente dans le département, plusieurs médecins et aides-soignantes en profitent pour passer quelques jours au centre hospitalier de Moulins-Yzeure pour se former.Cette vaste collaboration apporte à la région de l’Uvurkhangaï une amélioration économique et des conditions de vie. Mais l’Allier n’est pas en reste. Dans le département, « on est fier de coopérer », affirme Christophe de Contenson, conseiller départemental délégué notamment à la coopération internationale. L’association Apau (Association pays d’Allier-Uvurkhangaï) est le bras armé de cette collaboration. Le département de l’Allier la finance à hauteur de 10.000 euros par an, et selon la dimension financière des projets, elle récupère plus d’argent (de la région, de l’Europe, du ministère des Affaires étrangères). Pour le conseiller départemental, cette collaboration a des intérêts dans les deux sens :

« L'Allier étant très enclavée, il est important que nos enfants aient accès à d’autres cultures ».

C’est pourquoi, au cours des dernières années, il y a déjà eu des animations culturelles au sein des collèges, sur le thème de la Mongolie. Par exemple, Tamir, un calligraphe du « pays au ciel bleu », qui expose dans le monde entier, a rencontré l’année dernière plus de 500 élèves. L’artiste leur a appris son savoir-faire et ils ont pu échanger avec lui, sur les différences entre les deux régions.

Cette coopération est donc un échange équitable, « pas de l’humanitaire », insiste Christophe de Contenson.À l’origine de cette collaboration : le docteur Daniel Desvignes, un gynécologue bourbonnais. Il a commencé à travailler en 1998 avec un médecin local, pour réhabiliter un hôpital construit par l’URSS au centre de la Mongolie. Puis, en 2000, il crée l’association Apau. Les premiers échanges étaient de ce fait médicaux (gynécologie, néonatologie, pédiatrie, formation des infirmières, etc). Les coopérations se sont ensuite étendues à l’agriculture, l’éducation, le handicap, l’autisme, la culture, etc. L’une de ses plus grandes réalisations de Daniel Desvignes est l’aide à la création d’un centre de formation à la cœlioscopie gynécologique, à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie.

Aujourd’hui, Catherine Bouchère est aux manettes de l’Association pays d’Allier-Uvurkhangaï. Celle-ci compte 25 bénévoles en France, et autant en Mongolie.Catherine Bouchère, présidente de l'Apau (4e en partant de la gauche). Photo François-Xavier GuttonCe samedi, l’objectif de la présidente était de fêter ce partenariat dans l’amitié et la poésie. L’après-midi, les Moulinois ont pu assister à une déambulation des membres de l’association, français et mongols, sur fond de chants traditionnels. Pour l’occasion, les élèves du lycée Jean Monnet d’Yzeure avaient créé un oiseau de papier géant, dans lequel les spectateurs pouvaient planter l’une des 22 plumes préparées à l’avance (une pour chaque année du partenariat). La déambulation s’est terminée au CNCS, avec une démonstration équestre. Oiseau de la coopération Allier-Mongolie, créé par les élèves du lycée Jean Monnet d'Yzeure Ce même jour, une exposition a été inaugurée au Conseil départemental : jusqu’au 18 décembre, on peut se laisser surprendre par une des calligraphies réalisées par des enfants de 10 à 18 ans, dans des ateliers d’art-thérapie en Mongolie.

Cette province, en bref.L’Uvurkhangaï, est l’une des 21 provinces (on dit aïmag) de Mongolie, grande comme l’Auvergne Rhône Alpes (63.000km2 pour la première, et 70.000km2 pour la seconde). Cette immense division administrative est peuplée de 115.000 habitants (l’Allier en compte 333.000, pour neuf fois moins de surface). Sa capitale, Arvaikheer, abrite 27.000 personnes.

Emeric Enaudemeric.enaud@centrefrance.com