Un septuagénaire condamné pour non-assistance à personne en danger à Vichy (Allier)
Un septuagénaire a été condamné, ce jeudi, par le tribunal de Cusset (Allier), à deux ans de prison avec sursis pour ne pas avoir appelé les secours, alors que sa compagne dépérissait au domicile. Le corps avait été découvert gisant au sol, deux jours après le décès.
C’est le récit d’un drame à huis clos, comme on en voit peu en correctionnelle. Ce jeudi 24 novembre, un septuagénaire était jugé au tribunal de Cusset pour non-assistance à personne en danger. Une personne loin d’être inconnue pour lui, puisqu’il s’agissait de sa compagne de trente ans, découverte morte à leur domicile, à Vichy, en août 2020.
Des escarresCet été-là, c’est une connaissance qui donne l’alerte. Lorsque les secours arrivent, une odeur de putréfaction se dégage des lieux. La victime gît au sol sur le dos, le corps recouvert d’une couverture. Rapidement, des investigations médico-légales attestent que la personne est décédée depuis au moins deux jours. Le corps ne présente pas de lésion traumatique, mais de nombreuses escarres et les signes d’une insuffisance rénale aiguë.
Altération du discernementLe parquet ouvre une information judiciaire et le septuagénaire est mis en examen par un juge d’instruction pour délaissement de personne suivi de mort. Cette qualification criminelle relève de la cour d’assises, mais les poursuites judiciaires seront finalement requalifiées en non-assistance à personne en danger au vu de l’âge avancé du suspect et des conclusions de l’expertise psychiatrique dont il a fait l’objet au cours de la procédure.
Le médecin évoque, entre autres, des « troubles cognitifs », un « processus démentiel à ses débuts » et une « altération du discernement ».
Une chute près d'une tableSelon le prévenu, sa compagne serait tombée et se serait « coincé une jambe sous la table ». Elle se serait blessée en tentant elle-même d’en sortir et, lui, aurait été incapable de la relever. Il l’aurait alors nourrie, lui aurait fourni serviettes et serpillières pour ses besoins et même des cigarettes lorsqu’elle aurait eu envie de fumer. « Elle disait : “me touche pas” !, a-t-il justifié à la barre. Je regrette tout. C’est une grosse erreur et puis c’est tout ! »
Peu connue du voisinage selon les conclusions de l’enquête, la victime a pu rester dans cette position deux jours durant, peut-être plus. « On ne traite pas un animal comme ça », ont déclaré les deux filles de la victime à l’audience.
En défense, un homme « inaccessible à une discussion et une compréhension » est dépeint par Me Causse, alors que la peine encourue pour s’être abstenu d’appeler les secours est de cinq ans de prison. Mais l’altération du discernement étant retenue dans ce dossier, le tribunal a condamné le prévenu à deux ans de prison avec sursis, conformément aux réquisitions du parquet.
Estelle Dissay