Résistance dans le Puy-de-Dôme : une exposition à Clermont-Ferrand pour raconter la grande Histoire en parlant de la petite
Comment lutter contre l'oubli et plus largement intéresser les jeunes à l'Histoire ? À l'occasion de la commémoration de la rafle du 25 novembre 1943, des étudiants de l'UCA ont tenté de résoudre le problème avec une exposition un peu différente, au centre culturel Jules-Isaac à Clermont-Ferrand.
Près de 80 ans après la Seconde Guerre mondiale, les commémorations militaires paraissent désuètes pour certains. Les témoignages, eux, se font de plus en plus rares. La jeune génération se lasse d'un passé, relaté froidement dans les livres d'Histoire.
À l'Université Clermont Auvergne, une dizaine d'étudiants en master culture et tourisme ont réfléchi à la question et ont peut-être trouvé la solution pour embarquer les collégiens et lycéens dans les heures les plus sombres de l'Histoire de France. Une tablette connectée ? Des QR codes à profusion ? Des lunettes de réalité augmentée ? Rien de tout cela.
Des étudiants, des boulangers et de simples citoyensLeur objectif ? Raconter, simplement, l'histoire de quelques Auvergnats qui ont résisté de différentes façons. Ici, les héros sont des étudiants, des boulangers et de simples citoyens.
« Résister, ce n'est pas seulement combattre l'ennemi de front, il y a aussi tous ces petits gestes du quotidien. »
Alors les étudiants ont décidé de prendre le projet à bras-le-corps, raconter la grande histoire en parlant de la petite. Ils ont traité le sujet « comme s'ils parlaient de leurs grands-parents. »
Après une année de travail au sein de l'Université, les étudiants ont conçu treize panneaux installés jusqu'à la fin de l'année au centre culturel Jules-Isaac, situé rue des Quatre-Passeports à Clermont-Ferrand. Pour être au plus près des faits, l'équipe s'est noyée dans les archives et a aussi travaillé avec un comité scientifique composé, entre autres, d'historiens.
À l'étage de l'ancienne synagogue clermontoise, chaque panneau traite d'une thématique bien particulière, montrant des formes d'engagement différentes.
Les Justes d'Ambert, la gendarmerie résistante de Billom et bien sûr la Résistance universitaire et estudiantine de Clermont-Ferrand en sont quelques exemples.
On y découvre par exemple l'histoire de Sara Sztern. Cette couturière polonaise venue s'installée à Issoire, dont la vie s'achève brutalement le 10 septembre 1943. Enceinte et mère d'une fille, elle fut éventrée par la Gestapo en pleine rue, sous les yeux de sa fillette de 6 ans.
Toujours dans le cadre de la commémoration de la plus grande rafle universitaire française que le monde est connue, l'université Clermont Auvergne a organisée, le 25 novembre, la diffusion du film Arlette. Une histoire que nous ne devons jamais oublier de Thomas Kvist Christiansen, journaliste-photographe danois.
Un témoignagne poignant d'une ancienne étudiante française de confession juive, détenue à la caserne du 92e Régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand. Elle fut déportée à Auschwitz-Birkenau en janvier 1944 et supporta l’enfer des camps d’extermination.
Pratique : l'exposition est gratuite et accessible à tous, tous les jeudis jusqu'à la fin de l'année 2022 au centre culturel Jules-Isaac. Sur réservation via le 04.73.35.82.72 ou ccji@memorialdelashoah.org
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Marie Bernard