La famille de Rémi Fraisse lance un appel à témoins pour comprendre sa mort (Le Monde)
Les parents de Rémi Fraisse ont lancé un appel à témoins jeudi dans Le Monde, pour comprendre la mort de leur fils, décédé il y a un an lors de heurts sur le chantier du barrage controversé de Sivens (Tarn).
"Nous voulons savoir ce qui s'est passé. Nous voulons savoir comment Rémi est mort. Toutes les victimes de ce soir-là doivent être entendues. Toutes les personnes présentes à côté de lui peuvent expliquer comment cela s'est passé, où il était, ce qu'il a dit", écrivent le père, la mère et la s?ur de Rémi Fraisse, dans le quotidien du soir.
"Nous leur demandons en son nom, pour que de tels actes ne se reproduisent plus sur notre sol, de venir courageusement se présenter pour nous aider à faire toute la lumière sur cet événement dramatique pour la nation toute entière", ajoutent-ils, soulignant qu'ils veulent "comprendre".
Selon le compte-rendu de la gendarmerie, des "adversaires extrêmement déterminés" ont attaqué les forces de l'ordre. Vers 01H40, le 26 octobre, un gradé a lancé une grenade offensive sur "cinq opposants agressifs qui jetaient constamment toutes sortes de projectiles", selon le rapport.
Le compte-rendu ajoute qu'un manifestant s'est alors écroulé et a été récupéré, inanimé. Le décès de Rémi Fraisse, un botaniste de 21 ans, était constaté juste avant 02H00.
"Les gendarmes mobiles ont utilisé contre nos enfants de France des armes qui tuent, grenades de guerre inventées pendant la guerre de 1914-1918. Elles avaient pourtant déjà tué le militant écologiste Vital Michalon, quarante ans plus tôt (manifestation contre le projet de centrale Superphénix à Creys-Malville le 31 juillet 1977, NDLR"). Pourquoi?", s'interroge la famille dans Le Monde.
L'Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) dans son rapport de décembre 2014, a exonéré le gendarme auteur du tir.
Ces conclusions ont été qualifiées de "mensonges" par la défense de la famille de Rémi Fraisse, qui dénonce une tentative de dissimulation par la hiérarchie et le gouvernement.
Dans le cadre de l'instruction judiciaire, ce gendarme déjà entendu sous le régime de la garde à vue avant d'être remis en liberté sans poursuite, doit être à nouveau entendu "dans les mois qui viennent" par les magistrats instructeurs.