Assises du Puy-de-Dôme : quatorze ans de réclusion criminelle pour "un prédateur opportuniste"

Didier Gatignol était jugé pour des viols et agressions sexuelles sur sa petite voisine, alors âgée de trois ans et sur les filles de son ancien ami, mineures elles aussi, dans le Puy-de-Dôme.

Une dernière fois avant la clôture des débats, Didier Gatignol a dressé sa silhouette massive dans le box des accusés, ce jeudi 2 février. « Je regrette ce qui s’est passé. Je n’en suis pas fier… »

« Pas fier » des attouchements qu’il a reconnu avoir commis sur sa petite voisine de 3 ans, en 2019, à son domicile. Le chauffeur de taxi de 56 ans n’a, en revanche, eu aucun mot pour les deux filles de son ancien ami, qui l’accusent, elles aussi, de les avoir violées et agressées sexuellement, alors qu’elles avaient entre 6 et 8 ans, au début des années 2000.

Jusqu’au bout de son procès devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme, il a nié les avoir touchées, comme il a contesté tout acte de pénétration sur la première. Juges et jurés l’ont déclaré coupable de viols et d’agressions sexuelles sur la petite voisine et l’une des sœurs, mais pas sur la seconde. Concernant celle-ci, ils ont considéré que les faits n’étaient établis sur la – trop courte ? – période visée par la juge d’instruction.

Pour l’ensemble, il devra purger quatorze années de réclusion criminelle. Une peine bien en deçà des dix-huit ans requis par Bruno Fauh, avocat général, pour qui la culpabilité du quinquagénaire ne fait aucun doute.

« Il parle de caresses appuyées sur le sexe. Mais à partir du moment où l’on va chercher le clitoris, il y a acte de pénétration, il y a violation de l’intimité la plus profonde. »  Le magistrat n’a pas pris de pincette pour décrire l’accusé, ce gentil voisin, ce parrain attentionné, déjà condamné pour agressions sexuelles sur mineurs et consommateur d’images pédopornographiques.

« C’est un prédateur opportuniste, comme ces poissons des grandes profondeurs, qui ne bougent pas beaucoup, avec une gueule grande ouverte et une petite lumière au bout.  La petite lumière, c'est la notion de parrain, le chinchilla que l'on montre à la petite voisine.  Il n’y a plus qu’à fermer la gueule et on attrape les filles, les unes après les autres ! »

Pour Me Jean-Hubert Portejoie, avocat des deux sœurs, « grâce à l’ensemble des parties civiles, un pédophile est hors d’état de nuire ! Je ne crois pas que ses pulsions se soient interrompues pendant vingt-cinq ans. J’ai la conviction qu’il y a une dizaine d’autres victimes… »

Me Jean-François Canis, en défense, a recentré le débat sur les seuls éléments du dossier, en y cherchant des preuves. Pour la petite voisine, il y a cette audition « dont les conditions interrogent » et qui, selon lui, ne démontre aucun acte de pénétration. Le témoignage des sœurs ? « Peut-être sont-elles sincères et pourtant cela n’a pas existé, cela s’appelle le faux souvenir », suggère-t-il, rappelant l’ambiance familiale traumatique qu’ont connue les jeunes filles.

Me Fabienne Blanchet, autre conseil des sœurs, le concède, c’est la parole de Didier Gatignol contre celles des victimes. « Pourquoi auraient-elles menti ? Pourquoi se seraient-elles infligé ces quatre jours d’audience qui ont été pour elles quatre jours de torture ? Elles livrent là leur vérité d’enfants fracassés. » Une vérité que Didier Gatignol « a été incapable de donner », regrette Me Manon Cherasse, avocate de la petite voisine.

Olivier Choruszko