Pour Olivier Marleix, député (LR) de Dreux, la loi sur la revalorisation de leurs pensions est "une juste reconnaissance des agriculteurs"
La loi sur les pensions agricoles a été votée au Sénat comment réagissez-vous ? C’est un grand jour ! Cette loi a été votée à l’unanimité au Sénat comme elle l’avait été à l’Assemblée nationale. C’est tout à fait exceptionnel à une époque où les débats politiques sont parfois devenus très brutaux dans un pays fracturé. Il faut y voir une reconnaissance unanime envers la profession agricole.
C’était un sujet que vous aviez porté à l’Assemblée nationale.J’ai reçu Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, le 28 septembre. On a surtout parlé des problèmes de factures d’énergie, mais en évoquant la réforme des retraites qui approchait, elle m’avait dit qu’il fallait en profiter pour mettre un terme à une injustice dénoncée depuis 20 ans.
"C’est la profession dont la retraite est calculée de la manière la plus dure : sur toute la carrière et non pas sur les 25 meilleures années comme pour les salariés. Un comble quand on sait que les agriculteurs sont sans aucun doute la profession qui compte le moins son temps, n’a pas de week-end, et pas même de vacances pour 2 agriculteurs sur 3."
Je lui avais promis que nous inscririons une proposition de loi en ce sens dès que nous pourrons. Quatre mois après, jour pour jour, cette loi est votée définitivement par nos deux assemblées.
Quelle est la mesure qui vous paraît essentielle dans ce texte ?Désormais la pension des agriculteurs ne sera plus calculée sur toute leur carrière, mais sur leurs 25 meilleures années : concrètement, cela permet d’écarter les mauvaises années, celles où il y a eu des prix très bas, des aléas climatiques pour les récoltes ou épizootiques pour les cheptels. Pour les agriculteurs, c'était vraiment la double peine : de mauvais revenus et en plus une mauvaise retraite !
Qu’est-ce que cela va changer pour les agriculteurs du Perche comme du Massif central ?Cela va concerner potentiellement nos 1,3 million de retraités agricoles. Malheureusement, il va falloir un peu de temps pour mettre en œuvre cette mesure puisqu’elle suppose de recalculer toutes les retraites. C’est un travail énorme pour la MSA qui n’a pas numérisé toutes les carrières et va avoir besoin de temps pour les reconstituer.
Une question de justice, mais aussi de souveraineté alimentaireEn outre, beaucoup de retraités sont polypensionnés parce qu’ils ont eu une activité secondaire à côté. C’est pour ça que la date d’entrée en vigueur n’est que le 1er janvier 2026. On aurait aimé que cela aille plus vite, mais l’enjeu individuel est très important et il ne faut pas qu’il y ait d’erreurs.
"C’est aussi une absolue nécessité pour l’attractivité de la profession : la moitié de nos agriculteurs vont partir à la retraite dans les 10 ans. Comment voulez-vous attirer des jeunes dans cette profession si l’on continue à avoir des retraites de misères. Actuellement 800€ par mois en moyenne."
Venant après les deux lois votées à l’initiative du député (PCF) du Puy-de-Dôme André Chassaigne qui ont permis de revaloriser 200.000 retraites modestes d’agriculteurs ou de leurs conjoints, c’est un vrai pas qui est franchi pour avoir des retraites équivalentes aux salariés du privé.
Y a-t-il encore des choses à améliorer pour les agriculteurs, leurs épouses par exemple ?Vaste sujet. Tout ce qui garantit de la stabilité des revenus par les mécanismes contractuels ou assurantiels notamment est déterminant. Personne ne s’engagera plus dans une profession qui doit faire face à la fois à la volatilité des cours mondiaux et à des aléas climatiques ou épizootiques qui vont s’aggraver avec le réchauffement climatique.
Au-delà de la lutte contre des injustices humaines, c’est pour la Nation toute entière un enjeu de souveraineté alimentaire.
Propos recueillis par Valérie Beaudoin