David partage sa vie entre son exploitation et les boules à facettes du Cap Club à Aubière
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Par souci économique, l'Auvergnat David Brun partage sa vie entre son exploitation agricole et les boules à facettes du Cap Club.
À 51 ans, David Brun pratique le grand écart à la perfection. « Je m’occupe de mes vaches, du maïs, de la luzerne sur mon exploitation le jour, et je suis serveur au Cap Club la nuit ! » Si son immense sourire trahit un évident plaisir, cela n’a pourtant pas toujours été le cas.
« Tout a débuté par souci économique. La sécheresse m’a plongé au bord de la faillite. J’avais beaucoup d’emprunts, j’étais vraiment en pleine détresse. Mes cultures sont passées de 1.800 euros l’hectare à 500. Tous les jours, je guettais par la fenêtre avec la peur au ventre de voir un huissier passer. » Bouleversé, quatre ans après, David se souvient de la douleur, toujours aussi vive « de ne pas pouvoir offrir une pizza à sa fille ».
En soirée, l'Auvergnat rejoint les rang du Cap Club à Aubière. Photo Richard Brunel.
Un deuxième métier, une bouée de souvetageEt puis, l’oxygène est venu de son ami Christian, cogérant de la discothèque le Cap Club à Aubière. « Quand il m’a proposé de venir bosser la nuit, les week-ends dans son établissement, ça a été ma bouée de sauvetage. »
Ce qui, au départ, était une opportunité purement économique s’est mué en véritable plaisir. « Ça me fait un bien fou de quitter mon exploitation. Les jeunes sont hyper sympas, c’est un vrai bonheur pour moi. Et puis en sortant de chez soi, ça permet aussi de relativiser. » Quatre ans après avoir fait ses premiers pas au bord du dancefloor de la célèbre boîte de nuit locale, David Brun a pourtant un regret. « De ne pas avoir commencé plus tôt. Quand je pense que pendant deux ans je ne me suis pris aucun revenu avec une chute vertigineuse de mon chiffre d’affaires en 2020, si j’avais su que cela était possible, j’aurais sauté sur l’occasion ! » Paralysé par la « peur d’échouer là où son père a commencé, et un peu par le regard des autres », l’Auvergnat estime avoir perdu un temps précieux.
Une précieuse force de travail au Cap ClubRavi de le compter parmi ses recrues, Julien Beaufils, cogérant du Cap Club, ne tarit pas d’éloges dès lors qu’il s’agit d’évoquer la rigueur de “son” agriculteur. « Il est très pro et d’une efficacité à toute épreuve. On voit qu’il a l’habitude de beaucoup travailler. Son rythme est très impressionnant. » Une force de travail qui se double d’un physique hors norme. « Il en impose ! Il n’a pas besoin d’aller à la salle de muscu, ni même de hausser la voix pour se faire respecter », plaisante Julien Beaufils.
Une double vie entre ses terres et les boules à facettes que David Brun désire poursuivre, en y ajoutant un petit défi personnel. « Je ne sais toujours pas danser… Il va falloir y remédier. »
Carole Eon