Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : l'élève interpellé dit avoir été poussé au meurtre par "une voix qui lui parle"
![Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : l'élève interpellé dit avoir été poussé au meurtre par](https://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/france-crime-homicide-education-school_6414960.jpeg)
Au lendemain de l'agression qui a coûté la vie à une professeure d'espagnol dans un lycée privé de Saint-Jean-de-Luz, le procureur de Bayonne a fait un point sur l'enquête, ce jeudi. Dans ces premières déclarations en garde à vue, l'élève mis en cause affirme avoir été guidé par "une voix".
Sur les faits
Le drame s'est noué ce mercredi, vers 9h45, lors d'un cours d'espagnol au sein du lycée Saint-Thomas-d'Aquin. "Alors que l'enseignante se trouvait au tableau, debout, un élève (âgé de 16 ans, NDLR) s'est levé. Il s'est saisi d'un rouleau de sopalin, est allé verrouiller la porte de la classe et s'est ensuite dirigé vers la professeure en sortant de ce sopalin un couteau de cuisine avec une lame de 18 cm. Il lui a aussitôt porté un coup au niveau du haut de la poitrine", a détaillé le procureur de la République.
Selon le magistrat, les témoins ont décrit "un geste rapide, fluide, sans hésitation". L'adolescent est d'abord resté debout, "comme sidéré", alors que les autres élèves prenaient la fuite en courant. Il s'est dirigé dans un second temps dans la salle de classe voisine. "Sont alors intervenus deux professeurs qui lui ont demandé de lâcher son arme -ce qu'il a fait- et qui l'ont maîtrisé."
L'élève porteur du couteau aurait alors prononcé ces mots : "J'ai ruiné ma vie, tout est fini".
L'autopsie pratiquée ce jeudi matin a révélé que la victime avait subi "une section de l'aorte et une atteinte du poumon droit, avec perforation du sternum". Le coup qui lui a été asséné "était donc nécessairement fatal", indique le procureur.
Toujours selon Jacques Bourrier, le couteau utilisé "provenait du domicile du père du mis en cause" et avait été glissé "dans son sac par l'adolescent la veille de la commission des faits".
Les motivations du suspectLe jeune homme a très rapidement affirmé que "quelqu'un avait pris possession de son corps". Lors de sa première audition de garde à vue, il a évoqué "une petite voix qui lui parle, un être égoïste, manipulateur, qui l'incite à faire le mal et lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat", rapporte le magistrat.
"On sait également qu'il avait été affecté par une dispute, la veille, avec un camarade. Il aurait voulu commettre les faits en présence de ce garçon, comme pour le punir. Il admet aussi une forme d'animosité envers la victime, car ses résultats en espagnol n'étaient pas bons", a ajouté Jacques Bourrier.
La personnalité du mis en causeLe meurtrier présumé n'avait aucun antécédent judiciaire. "C'est un garçon manifestement intelligent, travailleur, mais aussi solitaire et maladroit dans sa relation à autrui", selon le magistrat.
Dans ses déclarations initiales devant les enquêteurs, l'élève a fait état de "faits de harcèlement dont il aurait été victime dans son précédent établissement. Il était depuis suivi par un psychiatre et sous antidépresseurs." Une "tentative de suicide médicamenteuse", remontant à octobre 2022, est également évoquée.
Le suspect a été soumis après son interpellation à un premier examen psychiatrique, qui a mis en évidence des "éléments de dépression" et "une anxiété réactionnelle susceptible de perturber son discernement", mais "pas de désorganisation en lien avec les faits" ni de "maladie mentale".
"Sous réserve des expertises complémentaires, cet adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale", estime à ce stade le procureur.
L'enquêteCe vendredi, au terme des 48 heures de garde de vue, le parquet de Bayonne ouvrira une information judiciaire pour "meurtre avec préméditation". Le dossier sera alors transmis à un juge d'instruction. Le procureur indique d'ores et déjà qu'il demandera le placement en détention provisoire du jeune homme.
"À cette heure, les motivations d'un tel acte, qui ne présentait à mes yeux aucun caractère de prévisibilité, demeurent insatisfaisantes. Elles mériteront une étude bien plus approfondie", a conclu Jacques Bourrier.
Stéphane Barnoin