En déplacement dans le Cantal, la ministre Olivia Grégoire rattrapée par les retraites
En visite sur le marché de Maurs (Cantal), ce jeudi 23 février, pour présenter le plan d’aide à l’installation de commerces dans les villages qui en sont dépourvus, la ministre Olivia Grégoire a très vite été rattrapée par l’actualité.
Un bout de cantal, un verre de jus de pomme et beaucoup de réforme des retraites. Dans les allées du marché de Maurs, ce jeudi 23 février, en fin de matinée, l’actualité a très vite rattrapé Olivia Grégoire. Venue présenter son plan de reconquête du commerce rural, la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a été interpellée notamment sur la très contestée réforme des retraites, qui prévoit un recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans.
Accueillie par une délégation de la CGT du CantalÀ peine descendue de son véhicule, elle a été accueillie par une délégation de la CGT. Jérôme Donore, secrétaire général de l’union départementale, lui a tendu un tract annonçant la manifestation organisée ce samedi, à Aurillac, et invitant à se préparer à une grève générale illimitée, à partir du 7 mars. « Je suis membre du gouvernement et il est tout à fait normal que vous m’interpelliez, c’est la vie démocratique. Mais nous n’arriverons pas à être d’accord : vous appelez à bloquer le pays, j’appelle à soutenir la vie économique », lui répond Olivia Grégoire, qui consentira, « même si ce n’est pas l’objet de mon déplacement, je suis ici pour parler du commerce rural », à échanger avec les syndicalistes, à l’abri des regards et des micros, dans la mairie.
« Je ne suis pas bornée, moi ! »Un peu plus loin, devant le stand du fromager, la ministre entame la discussion avec Liliane. Pour cette retraitée, « il y a plein de choses qui ne vont pas dans cette réforme ; heureusement que j’ai pu partir à 61 ans, moi ». Olivia Grégoire défend la réforme. Assure entre autres que les aidants pourront, grâce à elle, gagner des trimestres en restant au chevet d’un parent malade… Liliane l’entend, mais reste inflexible. « Même si je n’y suis pas favorable, je peux en discuter, je ne suis pas bornée, moi ! » Elle s’interrompt, hilare. « Ce n’est peut-être pas le mot qu’il fallait dire ! » La ministre la rassure : « Vous savez, la Première ministre a beaucoup d’humour », assure-t-elle, avant d’acheter un morceau de cantal, et de poursuivre sa déambulation à la rencontre des habitants et des commerçants.
Entre deux étals, Olivia Grégoire peut - enfin - évoquer les 12 millions d’euros d’aides prévus par le gouvernement « afin de soutenir les femmes et les hommes qui souhaitent réimplanter, reprendre, rénover ou lancer un commerce dans les communes qui n’en ont plus ou presque plus ».
« Non, ce n’est pas compliqué d’être rattrapé par le contexte, c’est la vie politique. Il est indispensable que les avis, comme ceux des corps intermédiaires, s’expriment et il est indispensable qu’en tant que membre du gouvernement et ministre, je les entende. »
Emmanuel Tremet
12 M€ pour favoriser les installations en zone rurale. « Chapeau bas », lance Olivia Grégoire à Stéphane et Céline Depoitre, les patrons de L’Entre-deux.Ces deux Parisiens ont tout quitté en 2020, pour ouvrir le multiple rural (café, épicerie, restaurant, chambres d’hôtes, tabac-presse, services postaux…) à Saint-Santin-de-Maurs, dans un département qu’ils ne connaissaient pas. Coût total de l’opération : « Près de 700.000 €, financés par la communauté de communes, un apport des époux Depoitre et une aide de l’État, qui ont permis de redynamiser le village et surtout d’offrir aux habitants des services de proximité », indique Jean-Luc Broussal, le maire. Et c’est là tout l’enjeu du plan de reconquête du commerce rural porté par Olivia Grégoire. Celui-ci vise à inciter de nouveaux commerces à s’implanter dans les zones rurales, en leur fournissant des fonds pour acquérir les locaux, les aménager, faire des travaux si nécessaire et installer l’activité. « Cela peut aller jusqu’à 80.000 € pour un commerce en dur et 25.000 € pour un commerce itinérant. » Pour y prétendre, un guichet sera ouvert auprès des préfectures le 1er mars, via lequel les porteurs de projets devront se signaler. « Nous visons 1.000 communes rurales soutenues en 2023 », annonce Olivia Grégoire.