Comment le salon Joséphine de Clermont-Ferrand s'est retrouvé au cœur d'un documentaire ?
Tourné à Clermont-Ferrand, le documentaire Miroirs sera diffusé sur France 3, lundi soir. À travers plusieurs portraits, la réalisatrice Anouk Burel présente le salon de beauté solidaire Joséphine qui aide des femmes en difficultés à retrouver confiance et estime de soi.
La réalisatrice Anouk Burel revient sur la création de son documentaire, Miroirs. Tourné au sein du salon Joséphine de Clermont-Ferrand, le reportage de 52 minutes sera diffusé sur France 3, ce lundi 6 mars, à 22 h 50.
Comment avez-vous découvert ce salon ?
Je faisais des recherches sur la socioesthétique et la sociocoiffure et j’ai découvert l’existence des salons Joséphine à Paris, Moulins et Clermont-Ferrand à travers l’histoire de Lucia Iraci qui en est la fondatrice. Je voulais voir comment ça fonctionnait. J’ai pris contact avec les équipes et j’ai eu des affinités avec celle de Clermont.
Quel était l’objectif de ce documentaire ?
La socioesthétique et la sociocoiffure, ce n’est pas uniquement mettre des paillettes dans la vie de quelqu’un et lui dire “C’est bon, tu es maquillée, ça va aller mieux dans ta vie”. C’est beaucoup plus profond que ça. Dans ces salons, se jouent la reconstruction de l’estime de soi souvent abîmée pour ces femmes en situation de précarité, en grandes difficultés, qui ont été victimes de violences conjugales etc.
On construit notre estime de nous-mêmes sur le regard que les autres portent sur nous. Les conjoints, la société sont des miroirs, d’où le titre du documentaire, et les femmes en précarité ou au chômage ont parfois le sentiment d’avoir moins de valeur.
Les socioprofessionnelles leur redonnent non seulement une dignité, mais aussi un espace pour s’occuper d’elles, penser à elles et retrouver confiance. C’est un travail long, physique, mais aussi psychologique.
Emilie a retrouvé le sourire grâce à la socio-coiffure (avril 2018)
Comment s’est passé le tournage ?
Nous sommes restés 25 jours répartis sur plus de six mois, d’avril à octobre 2022. L’avantage du temps long est de pouvoir créer des liens de confiance et de bienveillance. Certaines bénéficiaires ont dit oui tout de suite, peut-être comme une sorte de défi. D’autres ont mis des mois à accepter. La caméra est aussi un miroir, un regard que l’on pose sur quelqu’un et il n’est pas facile de s’abandonner à ce regard.
Les participantes au documentaire ont retrouvé Anouk Burel et le monteur du film lors d'une avant-première à Clermont-Ferrand, mardi 28 février. Photo Fred Marquet.
Pourtant, elles ont accepté d’être filmées même à l’extérieur du salon…
Elles nous ont fait confiance et c’est très courageux. Les suivre aussi à l’extérieur et chez elles permettait de comprendre leur vie, de voir comment et où elles vivaient, de suivre comment leur vie avançait et de témoigner de leur reconstruction totale. Dans le cas de Floriane, elle a retrouvé un emploi et j’avais envie de le montrer. Ça permet de voir tous les effets que le salon a sur leur vie. J’ai voulu ce film comme un miroir pour elles, qu’elles se voient telles qu’elles sont, car je les trouve très belles, sincères et authentiques.
Quelle a été leur réaction en voyant le résultat ?
Je crois qu’elles sont fières de l’avoir fait. Ça a été une grande aventure collective. Les accidents de la vie peuvent arriver à tout le monde. Voir la façon dont elles ont travaillé pour relever la tête et affronter la vie, c’est beau et j’espère que ce sera inspirant.
Maud Turcan