À Ambert, l'auteure Lola Lafon évoque son dernier ouvrage autour de l'histoire d’Anne Franck

L’auteure Lola Lafon est venue à Ambert (Puy-de-Dôme) parler de sa nuit dans l’annexe du musée Anne-Franck à Amsterdam, qu’elle raconte dans son dernier livre.

La venue de Lola Lafon à la librairie Tout un monde d’Ambert, mardi, a été saluée par une salle comble et des lecteurs très enthousiastes. Il faut dire que l’auteure fait partie de ceux que les libraires ambertoises conseillent régulièrement et dont elles apprécient l’engagement.

Lors de cette soirée, Lola Lafon est venue parler tout particulièrement de son dernier ouvrage, Quand tu écouteras cette chanson, paru dans la collection « Ma nuit au musée », chez Stock.

Cette collection demande chaque année à deux auteurs de choisir un musée où passer la nuit. Moi, je ne voyais pas d’autre endroit où me rendre que l’annexe du musée Anne-Franck d’Amsterdam. L’annexe, ce sont des combles, juste au-dessus de l’entreprise d’Otto Franck, où huit personnes sont restées cachées durant 25 mois.

L’auteure souligne que beaucoup de choses la touchent personnellement dans l’histoire d’Anne Franck. Car Lola Lafon est juive, descendante de réfugiés, de déportés russes et polonais. « J’ai voulu écrire sur ce que je n’avais pas le courage d’écrire », avoue-t-elle.

L’annexe, c’est le musée du vide, car le père d’Anne Franck a voulu que tout reste dans l’état où il l’a trouvé en revenant. C’est le seul de la famille qui est revenu, et les nazis avaient tout raflé. Dans l’annexe, on est face au vide, on doit se confronter à l’absence.

Lola Lafon a aussi voulu parler d’Anne Franck devenue icône adolescente : « Ce statut est terrible, il écrase la jeune fille. » Car Le journal d’Anne Franck tel qu’on le connaît, tel que presque tous les collégiens l’ont lu, n’est qu’une version édulcorée du vrai travail de la jeune fille. « La question, c’est de quoi elle ne parle pas », insiste l’auteure.

Au fil des pages de Quand tu écouteras cette chanson, récit construit comme un labyrinthe, l’écrivaine évoque également sa propre famille :

Si une famille est un livre, dans la mienne, il manque des chapitres. Mon grand-père, comme Otto Franck, est arrivé dans un pays d’accueil en pensant y être protégé, mais la France l’a obligé à porter l’étoile jaune. 

« Je n’ai pas pu entrer dans la chambre d’Anne Franck », ajoute-t-elle. « C’'est dommage, j’étais là pour ça. Je suis descendante de gens tous morts qui ont quitté la Russie, la Pologne. J’ai réfléchi à ce qu’est l’héritage, à ce qu’on fait de la mémoire des gens qu’on a aimés. »

Pratique. Quand tu écouteras cette chanson, aux éditions Stock (19,50 €).