Forte mobilisation contre la réforme des retraites dans le Cantal : "Macron méprise les Français, nous sommes outrées"
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La mobilisation contre la réforme des retraites n’a pas faibli, ce jeudi 23 mars, dans le Cantal. À Aurillac et à Saint-Flour, entre 3.000 et 3.400 personnes sont descendues dans la rue pour redire leur opposition au recul de l’âge légal de départ à 64 ans, mais également « agacées » par les propos du président de la République, lors de son intervention télévisée.
Aurélie et Caroline ne s’attendaient pas à mieux « de la part d’Emmanuel Macron ». Les propos du chef de l’État lors de son intervention télévisée, ce mercredi 22 mars, à 13 heures, ont incité les deux femmes, employées dans l’Éducation nationale, à manifester pour la première fois contre la réforme des retraites, ce jeudi 23 mars, à Aurillac.
« Pour nous, cette mobilisation est plus importante que les précédentes : il y a cette réforme des retraites dont on exige qu’elle soit retirée, l’utilisation du 49.3 pour l’adopter sans vote et franchement, il méprise les Français. Il nous prend pour des cons. Nous sommes outrées. Mais s’il ne veut rien lâcher, mais nous, non plus, nous ne lâcherons rien ! »
La contestation ne s'essouffle pasÀ l’occasion de la neuvième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, adoptée sans vote suite au recours au 49.3 par le gouvernement, plus de 3.000 personnes selon syndicats (2.600 selon les forces de l’ordre) ont défilé, ce jeudi 23 mars, dans les rues de la préfecture du Cantal. Pour la plus grande satisfaction de l’intersyndicale (FO, la CGT, la FSU, la CFDT, Solidaires, l’Unsa, la Fédération autonome SPP-Pats et La Voix lycéenne) de voir que la contestation ne s’essouffle pas.
Revivez les manifestations contre la réforme des retraites en Auvergne et Limousin du jeudi 23 mars
Si les chiffres ne sont pas aussi élevés que lors de la mobilisation du 7 mars (3.400 personnes avaient été dénombrées), ils sont meilleurs que ceux des dernières manifestations.
« C’est une des plus belles depuis le 19 janvier et le début du mouvement. On se doutait que les gens allaient réagir. Emmanuel Macron n’a pas calmé les gens, au contraire, il les a énervés. »
Pour marquer le coup, au moment où le cortège allait s’élancer du parvis de la gare d’Aurillac, considérablement rempli, aux alentours de 10 h 30, les syndicats ont symboliquement brûlé le 49.3 devant la gare avant le début de la manifestation, sous les applaudissements et les huées. « C’est une véritable honte de continuer de nous chanter la même musique depuis un mois, sur le même ton, avec cet air arrogant, Tout ce qu’il gagne, c'est énerver le monde », ne décolérait pas Emeric Burnouf, de la FSU.
« La façon de faire, la méthode, ce n’est pas très beau… »Dans le cortège, et dans la bonne humeur tout au long du parcours, toujours la même revendication parmi les manifestants de tous les âges : le retrait de cette loi, qui prévoit notamment le recul de l’âge légal de départ à 64 ans.
Enseignante aujourd’hui à la retraite, Yvette, elle, est de tous les rassemblements depuis le début de la contestation.
« J’ai eu la chance de pouvoir partir, il y a quelques années. Si je manifeste aujourd’hui, c’est par solidarité, pour que tout le monde puisse profiter de sa retraite. Et puis la façon dont ça a été fait, la méthode employée, ce n’est pas très beau… »
« L’enjeu ne se limite pas à la réforme des retraites. Il y va de la société dans laquelle nous voulons vivre alors que nous connaissons une forte inflation, une hausse de la précarité, j’espère que ça ne va pas mal finir… » insiste-t-elle, quand on lui demande son avis sur l’issue du conflit social.
Plus de jeunes dans le cortègeUne autre raison de se réjouir, pour les syndicats, était « la présence plus conséquente de jeunes » dans les rangs de la manifestation. À l’image de ces quatre élèves du lycée aurillacois Émile-Duclaux, Pauline, Anna, Romane et Adèle.
« Pour nous, c’est important de manifester aujourd’hui et soutenir les gens qui se lèvent tôt. Et puis nous trouvons que l’utilisation du 49.3, c’est anti-démocratique. On a le sentiment que Macron méprise les gens. Mercredi, lors de son intervention télévisée, il avait toujours un petit sourire narquois, c’était agaçant ! »
Le défilé a emprunté les boulevards jusqu’au carrefour de La Montade, pour revenir à la gare. Ce qui n’a pas été sans provoquer quelques bouchons pour des automobilistes, compréhensifs pour la plupart. « C’est important de montrer que nous ne sommes pas d’accord. Malheureusement, je n’ai pas pu me libérer ce matin, mais je suis de tout cœur avec les manifestants. Et puis, il faut surtout s’inquiéter pour les générations d’après, celles de nos enfants », assure un conducteur bloqué plusieurs minutes par le cortège, boulevard de Verdun.Et maintenant ? L’intersyndicale devait se réunir ce vendredi 24 mars pour décider des actions à mener dans les jours qui viennent. « Mais nous appelons tous les gens à continuer de se mobiliser tant que cette réforme n’aura pas été retirée », répétaient les responsables de l’intersyndicale, galvanisés par ce regain de mobilisation.
Une nouvelle coupure d’électricité ciblée. Comme ils l’avaient déjà fait la veille dans la zone de Sistrières, les syndicats ont revendiqué, ce jeudi 23 mars, « la mise en sobriété énergétique (comprendre, une coupure d’électricité ciblée de l’Hôtel du Département) ».
Emmanuel Tremet