Quand Macron voulait "se débarrasser" de la CFDT, l’hypothèse Lecornu à Matignon
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Paris : un deal des macronistes avec Dati ?
Emmanuel Macron a tué dans l’œuf le fantasme de beaucoup de parlementaires macronistes mercredi midi 22 mars, en annonçant qu’un contrat de gouvernement avec LR, et encore plus avec d’autres forces politiques, semblait impossible. Mais dans son camp, on a d’autres idées pour élargir la majorité : "Le vrai deal à faire, il est avec Rachida Dati aux municipales à Paris. C’est la seule qui soit en capacité de gagner", glisse un haut dirigeant. Désolé messieurs-dames Olivia Grégoire, Marlène Schiappa, Gabriel Attal, Clément Beaune, il faudra peut-être attendre six ans de plus…
49.3, le bon pronostic de Sarkozy
Nicolas Sarkozy était de retour le 16 mars à l’Assemblée nationale, auditionné par la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur la perte d’indépendance et de souveraineté de la France en matière énergétique. Sur place, il croise le patron des députés LR Olivier Marleix. On ne sait pas alors si le gouvernement va soumettre quelques heures plus tard au vote sa réforme des retraites. "Ça va se finir en 49.3, c’est écrit", lance l’ex-président. Nicolas Sarkozy aime à rappeler que lui n’a jamais utilisé cette arme constitutionnelle.
Matignon : l’hypothèse Lecornu
Sébastien Lecornu observe une grande rareté médiatique depuis son arrivée au ministère de la Défense. Mais voilà que son nom surgit alors que se multiplient les rumeurs de changement de Premier ministre dans les prochaines semaines - rumeurs qu’Emmanuel Macron, par ses propos de mercredi 22 mars à la télévision, n’a pas contribué à tarir. "Il est compétent, politique, de droite, il se rêve plus président du Sénat que de la République, ce qui peut rassurer le chef de l’Etat", énumère un proche d’Emmanuel Macron.
D’ailleurs, l’homme des Armées ne prend pas de risques. Lors de la réunion de jeudi midi à l’Elysée avant que le 49.3 ne soit décidé par le président, c’est lui qui a terminé le tour de table… mollement : "Je suis d’accord avec tout ce qui a été dit." L’homme du rassemblement ?
Quand Macron voulait "se débarrasser" de la CFDT
Les oreilles des anciens du quinquennat Hollande se sont dressées, bien droites, en écoutant l’interview d’Emmanuel Macron. En attaquant nommément Laurent Berger, il a rappelé ses anciens collègues au bon souvenir des négociations de la loi Travail, en 2015. Retour en arrière : la loi El Khomri, qui vient d’être envoyée au conseil d’Etat, fuite dans la presse. Le leader de la CFDT claque la porte des négociations devant deux lignes rouges franchies par le gouvernement (le plafonnement des indemnisations aux prud’hommes et le licenciement économique facilité). François Hollande convoque une réunion d’urgence pour arrondir les angles. Autour de la table, il y a Manuel Valls, le Premier ministre d’alors, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, Myriam El Khomri (Travail), Michel Sapin (Finances), le secrétaire général adjoint de l’Elysée Boris Vallaud et Aurélien Rousseau, conseiller de Valls et interlocuteur des syndicats (aujourd’hui dircab d’Elisabeth Borne).
Sapin et El Khomri plaident pour écouter la CFDT et abandonner les deux points de tension. En face, Manuel Valls et Emmanuel Macron refusent de céder. "Tu es à Bercy, tu ne dois pas être du côté des syndicats mais des entreprises", fulmine Valls devant Sapin. Les deux hommes échangent quelques mots fleuris. Macron réclame "un choc". "S’il y a un désaccord, cela prouve que cette réforme est profonde, dit-il. Il y en a assez de ce système où il faut toujours négocier avec les syndicats. Ça finit toujours en tout petit compromis. Il faut qu’on se débarrasse de la CFDT, elle nous empêche de faire des réformes."
Chez LR, feu sur Pradié
A droite, l’amour est toujours au rendez-vous. Remarque d’un dirigeant de LR : "Jordan Bardella fait une sacrée percée au Rassemblement national. Nous, le seul qu’on ait réussi à faire monter ces derniers mois, c’est Aurélien Pradié…"