Visite de Charles III en France : l’inquiétude des Britanniques face aux "french riots"
Charles III va-t-il être une victime collatérale des mobilisations contre la réforme des retraites en France ? Le roi Charles doit arriver dimanche 26 mars en visite d’Etat, laquelle risque d’être perturbée par des protestations, qualifiées de "french riots" (émeutes françaises) par une partie de la presse britannique.
Pour son premier voyage depuis son accession au trône en septembre 2022, le monarque anglais, accompagné de son épouse la reine Camilla, restera jusqu’au mercredi 29 mars avant de se rendre en Allemagne jusqu’au vendredi 31 mars. Charles III doit notamment assister avec Emmanuel Macron à une cérémonie sous l’Arc de Triomphe et devait participer à un banquet au château de Versailles avant de se rendre à Bordeaux.
Son déplacement sera ciblé par les syndicats français. "Il y aura des initiatives autour de cette visite" royale, a déclaré ce jeudi à l’AFP une source au syndicat CGT cheminots, confirmant que la visite du roi était "dans le viseur" des manifestants.
Le gouvernement britannique a en tout cas indiqué ce jeudi ne pas être informé d’un changement de programme concernant la visite de Charles III en France malgré le mouvement social. "Je ne suis pas au courant d’un quelconque plan pour changer le plan", a indiqué un porte-parole de Downing Street.
La députée écologiste Sandrine Rousseau a demandé mercredi l’annulation de la visite du roi, car, selon elle, la priorité du président de la République doit être de "discuter avec la société qui se soulève" contre la réforme des retraites. "Incroyable, on va avoir Emmanuel Macron, le monarque républicain, qui va recevoir Charles III, qui va descendre les Champs-Elysées, qui va aller dîner à Versailles, pendant que le peuple dans la rue est en train de manifester", s’est-elle indignée sur BFMTV et RMC.
La situation en France "suivie de près" selon Buckingham Palace
"Nous allons l’accueillir avec une bonne vieille grève générale", a affirmé mardi sur franceinfo l’ancien candidat NPA à la présidentielle, Olivier Besancenot, comme le relève le Daily Mail. Une source à Buckingham Palace a déclaré au quotidien anglais que la situation en France "était surveillée", mais qu’il n’était pas prévu dans l’immédiat d’annuler le voyage.
La situation en France est "inquiétante" et Buckingham "suit la situation de près", rapporte également le Daily Beast. "Il faudrait peut-être y réfléchir à deux fois, Majesté", écrit le correspondant britannique du journal américain, feignant l’inquiétude en citant le slogan entendu dans certaines manifestations françaises : "Louis XVI, on l’a décapité ! Macron, on peut recommencer !"
Des précautions logistiques supplémentaires sont toutefois prises. Le somptueux banquet du roi Charles au château de Versailles pourrait être "déplacé en raison de menaces de violences", rapporte le Daily Mail. Cet événement devait être le point culminant scintillant de la visite d’Etat.
Le tapis rouge sera tout de même bien déroulé pour le roi d’Angleterre Charles III malgré l’appel de grévistes contre la réforme des retraites à ne pas le faire, a assuré ce jeudi le Mobilier national. "Le Mobilier national a la charge de dérouler ce fameux tapis rouge et des agents non grévistes, qui représentent une immense majorité de nos effectifs, s’en chargeront", a déclaré à l’AFP le directeur de la communication de cet établissement public, Loïc Turpin. Il réagissait à un communiqué du syndicat CGT la veille indiquant : "Nous n’assurerons ni les ameublements, ni les tapis rouges, ni les pavoisements."
Pas de déplacement en tramway à Bordeaux
Comme le souligne le Daily Mail, le déplacement de Charles III à Bordeaux pourrait également être perturbé. Charles et Camilla doivent arriver à la gare Bordeaux Saint-Jean de Bordeaux à 12 heures mardi, avant de prendre un tramway pour rejoindre le centre-ville. Mais ce mode de transport semble désormais abandonné.
"Il est presque certain que le roi ne pourra pas prendre le tram", a déclaré auprès de Sud Ouest Pascal Mesgueni, du syndicat CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens). Selon lui, prendre le tram serait un "risque énorme" pour le monarque anglais, comme le rappelle le Daily Mail. "C’est une demande de la base. Aucun conducteur ne voudra le conduire", a-t-il affirmé. "Et n’oubliez pas le risque de projectiles. Ça va être bien trop compliqué."
Comme le relève le JDD, le couple royal sera ensuite reçu à l’Hôtel de ville par le maire écologiste Pierre Hurmic. Puis, Charles III et Camilla inaugureront le nouveau consulat britannique de Bordeaux. Ensuite, la reine consort visitera un centre d’aide aux sans-abri, tandis que Charles III se rendra à Landiras, au sud de Bordeaux, pour observer les dégâts causés par les incendies de forêt de l’été dernier. Le couple se retrouvera pour visiter un vignoble biologique avant de regagner Paris en train le mardi soir. S’il le peut.
Laurent Nunez "très serein"
La veille, lundi, une cérémonie avec Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron est prévue à l’Arc de Triomphe, avec un dépôt de gerbe sur la tombe du soldat inconnu. Une procession est ensuite organisée sur les Champs-Elysées avant une rencontre entre le roi anglais et le dirigeant français à l’Elysée. Cela pourrait être "un aimant à haut risque pour les manifestants déterminés à humilier publiquement Emmanuel Macron lors de la visite", relate le Daily Mail.
Se disant "très serein", le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a expliqué mardi sur BFMTV que "ce type d’événement est toujours ultra-sécurisé" et qu’il y aura "un dispositif de sécurité qui permet de traiter toutes les situations".
Signe que certains détails de la visite de Charles III pourraient être changés à la dernière minute, une source proche d’Emmanuel Macron a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que "le programme est toujours en cours d’élaboration par les deux parties". Les arrangements pour la presse sont toujours en suspens, chose rare pour un voyage d’une telle importance diplomatique.