Aurillac bat Oyonnax et rentre dans le club des 5 équipes à avoir dominé le leader (27-25)

Alors oui, c’était la « B » d’Oyonnax. Oui, le Stade a encore serré les fesses comme s’il était prêt à faire de l’huile première pression à froid. Mais le Stade l’a fait. Il est devenu, après Biarritz, après Mont-de-Marsan, après Vannes et après Rouen, la cinquième équipe à faire tomber le leader. Et si faire tomber les hommes d’El Abd quand l’Anglais rajeunit son équipe était si simple, alors les partenaires de Gélédan n’émargeraient pas à 20 succès et un total de 97 points au classement ce matin.

Ce succès, celui qui offre son maintien à Aurillac, les partenaires de Tison l’avaient construit de la meilleure des manières durant une grosse partie du premier acte, avant de le faire avec le cœur, son banc, et de grosses frayeurs aussi au passage.

Parce que pour arracher une nouvelle fois le droit de poser son rond de serviette à la table de la Pro D2, Aurillac a dû vivre un petit condensé de ces fins de match sous pression qu’il a si souvent connues, avec même un « à toi, à moi » interdit aux cardiaques.

Malade le matin du match, Latuka Maituku a été remplacé au pied levé par Mosa'ati Moala au poste de numéro 8. Un changement qui a entraîné l'apparition sur le banc de Medhi Slamani, entré pour sa part à dix minutes de la fin

Presque à l’abri, bien qu’à 14 à cinq minutes de la fin (27-18), notamment grâce à un essai de Coertzen à l’heure de jeu, Aurillac était sur le point de tuer le match sur une percée magistrale d’Alania (75e) après une touche dans ses 5 mètres, stoppée sur les 40 adverses… et un contre assassin conclu par l’arrière Reybier qui remettait Oyonnax à deux points dans le rétroviseur (27-25). Suspense, quand tu nous tiens…

Contre un leader rajeuni mais de qualité, Aurillac a livré une prestation solide devant.

Mais avant d’être rejoint, Aurillac avait fait la course en tête. Et il l’avait fait sans complexe, avec des avants dominateurs, une propension à vouloir faire du jeu et tenir le ballon sur de longues séquences, pas toujours payées, et une recherche constante des couloirs. Avec Palmier qui reprenait les commandes du jeu avec talent dans la foulée de la sortie précoce d’Aucagne, le Stade voulait gagner, oui, mais il voulait aussi profiter de conditions pas mauvaises et donner du plaisir à un public venu un poil plus nombreux qu’à l’accoutumée.

La première demi-heure cantalienne était d’ailleurs excellente, marquée par un essai d’Alania consécutif à une « 89 » en sortie de mêlée (10e), et un deuxième essai de Gogoladze doublement opportuniste. Doublement, parce que tout partait d’une touche volée par Smith, avant une recherche du jeu au large conclue par un petit cafouillage de la défense oyonnaxienne dans l’en-but sur le jeu au pied de l’ailier géorgien qui ne se privait pas d’aplatir. 

Oui, c’était la « B » d’Oyonnax, mais mener 17-3 n’est pas donné à tout le monde contre ces gars-là. La suite allait le démontrer, avec cette capacité des hommes de Joe El Abd à bonifier les erreurs adverses, avant et après la pause, avec un essai de Reybier puis d’El Khattabi.Servi sur un chistera de Singer, Coertzen a fait tourner en bourrique trois défenseur pour unscire le 3e essais des siens, sa 8e réalisation cette saison. 

Revenu dans ce genre de match où tout peut s’inverser, le Stade n’a alors pas flanché, su reprendre les commandes et alterner entre défense acharnée, dans ses 22 mètres ou sur maul, puis de l’opportunisme et du talent, pour basculer grâce au 8e essai de Coertzen cette saison, après avoir cassé une paire de reins au sortir d’une chistera de Singer.

Quand les choses se passent comme ça, on se dit que rien ne peut arriver au Stade?? Surtout avec une avance de 9 points?? Oui mais non. Aurillac ne serait pas Aurillac sans son goût pour les scénarios hitchcockiens. C’est usant?? Parfois. Mais c’est beau aussi, surtout quand le final sourit comme hier. Avec le maintien en prime. 

Texte : Jean-Paul Cohade Photos : Jérémie Fulleringer

La fiche technique

AURILLAC (Stade Jean-Alric).?Aurillac bat Oyonnax 27 à 25 (mi-temps 17-10). Temps doux. Pelouse en mauvais état. Arbitre : M. Lasausa Lespy. Spectateurs : 2.200 environ.

Les points.?Aurillac : 3 essais d’Alania (10e), Gogoladze (26e), Coertzen (64e)?; 2 pénalités (24e, 55e) et 3 transformations de Palmier (11e, 27e, 65e).

Oyonnax : 3 essais El Khattabi (48e), Reybier (40e, 77e)?; 2 pénalités El Khattabi (14e, 52e)?; 2 transformations El Khattabi (40e), Pisani (77e).

Cartons jaunes.?Aurillac : Masterson (32e), Nioradze (73e)?; Oyonnax : H. Fabregues (9e).

Aurillac.?Neisen?; Gogoladze, Powell (Alania 75e), Palmier, Coertzen?; (o) Aucagne (Yobo 4e), (m) Alania (Bouyssou 55e)?; Moala (Profit 52e, puis Smith 75e), Tison (cap.) (Dodson 78e), Masterson?; Dodson (Slamani 71e), Rolland (Singer 37e)?; Kartvelishvili (Kiteau 61e), Smith (Nioradze 61e), Plantier (Rodgers 61e).

Oyonnax.?Reybier, Treilles, Vialelle (cap.), Bettencourt (Alvarado 71e), Gadea?; (o) Ensor (Pisani 71e), (m) El Khattabi (David 65e)?; F. Taofifenua, Hermet, Picault?; Fabregue (71e), Murday (Corso 66e)?; Mirtskhulava (Delmas 49e), Geledan (Ratajczak 69e), Bordenave (Abraham 49e).