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Апрель
2023

En mer du Nord, les "cimetières à CO2" aiguisent les appétits des pétroliers

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En mer du Nord, les

A Oygarden, une petite commune formée d’un chapelet d’îles au charme sauvage, à l’ouest de la Norvège, une douce odeur de pin flotte dans le centre d’accueil flambant neuf du projet Northern Lights ("aurores boréales"). A l’intérieur du bâtiment, la lumière entre par de grandes baies vitrées, offrant une vue imprenable sur le fjord, les montagnes blanches qui sculptent l’horizon… et le ballet d’ouvriers en tenue fluo qui s’affairent au milieu d’un enchevêtrement de tuyaux. C’est ici, dans ce décor de carte postale, que se joue une bonne part de l’avenir énergétique de la mer du Nord. La construction du plus important site commercial de stockage de CO2 en Europe entre dans sa dernière ligne droite.

Emmitouflés dans leurs vestes de chantier, les responsables du projet ont le sourire : une étape clef vient de s’achever. Au terme de plusieurs heures d’une précautionneuse manœuvre, leurs équipes ont réussi à installer un imposant réservoir de CO2 sur sa dalle en béton. Le premier d’une série de 12 silos, d’une capacité totale de 8 000 mètres cubes, qui permettront de recevoir le dioxyde de carbone capté auprès de trois entreprises fortement émettrices : Heidelberg Materials, le plus important fabricant de ciment d’Allemagne, Hafslund Oslo Celsio, l’incinérateur de déchets de la commune d’Oslo, ainsi que leader des engrais norvégien Yara. Liquéfié sur leurs sites industriels respectifs et transporté par bateau vers le site de stockage temporaire d’Oygarden, le CO2 transitera ensuite par pipeline jusqu’en mer du Nord où il sera enfoui de façon définitive à 2 600 mètres de profondeur sous le niveau de la mer.

Une communication ciselée

Northern Lights se veut l’illustration grandeur nature d’une solution technologique longtemps restée dans l’ombre : le captage et de stockage de CO2 (ou Carbon capture and storage, en anglais, CCS). Sur le papier, le schéma est séduisant. Il s’agit de capter le dioxyde de carbone émis par les entreprises les plus polluantes puis de leur offrir une solution permanente pour décarboner leur activité, et ainsi éviter des rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’initiative est menée par trois géants pétroliers, le norvégien Equinor, le français TotalEnergies et l’anglo-néerlandais Shell. Lors de la première phase du projet, ses promoteurs assurent vouloir stocker 1,5 million de tonnes de CO2 par an, avant de passer à 5 millions de tonnes par an en phase 2.

"La construction du site avance bien et nous serons dans les temps pour débuter la phase 1 lors de la deuxième moitié de l’année 2024", assure Christian Buch Hansen, le responsable des relations publiques de Northern Lights, au discours bien rodé. Depuis plus d’un an, ce Norvégien reçoit presque quotidiennement des représentants gouvernementaux, des professionnels du secteur, mais aussi des ONG qu’il renseigne avec courtoisie. "En 2022, nous avons accueilli 2 600 visiteurs, et rien que le mois dernier près d’une trentaine de délégations. C’est aussi le mandat qui nous a été confié par le gouvernement de la Norvège : communiquer sur le projet", reconnaît-il sans fard.

Des projets tous azimuts

Si les tuyaux rutilants qui brillent dans l’air frais des fjords sont scrutés d’aussi près par les industriels et les Etats, c’est que les velléités de captage et de stockage de CO2 connaissent depuis peu une accélération fulgurante. En septembre 2022, le think tank Global CCS Institute, qui œuvre pour la promotion de cette solution, recensait 196 projets de CCS dans le monde, tous formats confondus. En un an, leur nombre a presque doublé. "Cela fait près de vingt ans que la technologie existe, mais tout s’est accéléré ces quatre ou cinq dernières années, lorsque le CCS a connu une véritable renaissance avec l’avènement de politiques publiques visant zéro émission nette, et l’objectif européen de neutralité carbone en 2050", explique Belén Balanya, spécialiste des stratégies climatiques des énergéticiens au sein de l’ONG Corporate Europe Observatory.

Les promoteurs des projets de CSS ont pu surtout compter sur le feu vert de grandes institutions. En 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) déclarait indispensable le recours aux "émissions négatives" pour limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C, citant ainsi les solutions naturelles comme la reforestation, mais aussi les solutions technologiques de captage et de stockage de CO2. Le constat est partagé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui estime que 1,6 milliard de tonnes de CO2 devraient être captées chaque année d’ici à 2030 afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les pouvoirs publics, comme les entreprises, se sont donc lancés dans une course contre la montre pour développer massivement ces procédés de décarbonation. "On aura besoin de beaucoup plus d’installations de ce type à l’avenir", prédit Christian Buch Hansen.

Un terrain de jeu géologique

Dans ce contexte, les eaux du nord-ouest de l’Europe offrent un cadre parfait pour le CCS. Depuis le premier projet d’injection de CO2 sur le site pétrolier de Sleipner en 1996, les programmes d’enfouissement du dioxyde de carbone se sont multipliés. "La région concentre les atouts. Les acteurs du monde pétrolier et gazier, qui connaissent le sous-sol et maîtrisent la technologie, sont tous là. Et la géologie est propice, avec d’anciennes réserves de pétrole et de gaz désaffectées qui peuvent servir pour le stockage de CO2", souligne Olivier Appert, ancien directeur général de l’Institut français du pétrole, et conseiller du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales. Les pays limitrophes de la mer du Nord rivalisent d’annonces sur le sujet. Dernier en date, le Danemark qui a inauguré le 8 mars, en grande pompe, un site de stockage de CO2 situé à 220 kilomètres de ses côtes. Le dispositif, appelé Greensand, se présente comme le premier site permettant d’enfouir du CO2 importé depuis l’étranger. Le dioxyde de carbone est capté sur les unités de production chimique du britannique Ineos, près d’Anvers, avant de transiter sous forme liquide. Mais contrairement à Northern Lights, il est acheminé directement par bateaux jusqu’à un champ pétrolier hors d’usage, avant d’être enfoui par 1,8 kilomètre de profondeur sous le plancher marin. Selon les officiels, le sous-sol danois pourrait contenir jusqu’à 22 milliards de tonnes de CO2.

Ce vaste cimetière sous-marin est intimement lié à l’histoire industrielle de ses rives. Raffineries, cimenteries, sites de stockage de gaz ou de transit d’hydrocarbures… L’économie de la mer du Nord produit depuis des décennies une masse considérable de gaz à effet de serre. Au large des grands ports des Pays-Bas, où l’intense activité pétrochimique rejette d’importantes quantités de dioxyde de carbone, plus d’une dizaine de projets de CCS sont actuellement en route. Du captage de CO2 sur les raffineries de Shell, aux stations de compressions du gaz d’Air Liquide, les clusters entre industriels poussent comme des champignons. Ces partenariats permettent aux différents acteurs de mettre en commun leurs savoir-faire, tout en réduisant les risques financiers dans un domaine en plein essor mais encore balbutiant économiquement. Deux projets phares, Aramis et Porthos (le troisième, Athos, a été rengainé après le retrait d’un partenaire), regroupent ainsi de nombreuses majors. Avec Aramis, TotalEnergies s’est allié à Shell et à d’autres industriels néerlandais pour plancher sur un hub de collecte de CO2 dans le port de Rotterdam. Quant à Porthos, il associe au même endroit de nouveau Shell, avec ExxonMobil et Air Liquide. La plupart de ces projets sont encore en phase pilote. Mais à l’instar du site de Northern Lights, les milliards d’euros d’investissement ont vocation à se matérialiser rapidement. "Pour le secteur pétrolier, c’est une question de survie, car la pression écologique est une menace existentielle de son modèle", insiste Belén Balanya.

L’Etat norvégien amorce la pompe

Au fond des eaux froides de la mer du Nord, le pétrole et le gaz ont longtemps été rois. Ces ressources fossiles, situées dans des couches géologiques à plusieurs milliers de mètres du plancher maritime, ont fait la fortune des majors européennes des années durant, et la vigueur économique des pays voisins. Las, si le pétrole reste aujourd’hui encore un puissant moteur du produit intérieur brut, les industriels et les autorités sont conscients qu’à l’horizon se dessine un monde où la précieuse huile n’aura plus la même influence. "En Norvège, les activités pétrolières et gazières génèrent des emplois et des revenus très importants. Mais tout cela a une fin, et même si elle advient dans quelques décennies, l’Etat veut dès à présent monter une chaîne industrielle du CO2 pour être prêt", analyse un responsable du cimentier allemand Heidelberg.

A Northern Lights, on se rêve donc en champion de la décarbonation… avec l’argent du contribuable. Car pour le moment, le prix de la tonne de CO2 enfouie ne permet pas à ses trois promoteurs industriels de rentrer dans leurs frais. C’est donc l’Etat norvégien qui a amorcé la pompe, en subventionnant à 80 % l’opération. "Nous espérons être rentable à partir de la phase 2", explique Phil Cunningham, le directeur national de TotalEnergies en Norvège, qui parie sur une forte augmentation du coût du carbone en Europe dans les années qui viennent, et prévoit d’arriver à 10 millions de tonnes de CO2 stockées par an à l’horizon 2030. Sans se risquer, toutefois, à évoquer un prix. "Cela dépendra fortement des émetteurs, de leur localisation géographique et du coût du transport, mais aussi de la technologie dont ils auront besoin pour capturer le CO2 et du soutien de l’Etat qu’ils auront reçu pour s’équiper en conséquence." Une équation complexe qui interroge sur les perspectives de rentabilité.

Les pétroliers sont-ils crédibles ?

La deuxième inconnue, et non des moindres, porte sur la demande. Le commerce des déchets de gaz carboné ne deviendra un véritable business que si les volumes traités augmentent très fortement. Pour cela, l’industrie a des plans : des flottes de navires chargés de CO2, des hubs de stockage dans tous les ports stratégiques, des pipelines transnationaux… Un écosystème qui laisse dubitatifs les détracteurs du CCS. Car pour le moment, malgré leurs promesses d’aider les industriels à décarboner leurs activités, les principaux opérateurs de ces projets sont aussi ceux qui participent le plus aux nouvelles émissions de gaz à effet de serre. En dépit de leurs engagements en matière de captage et de stockage de CO2, les stratégies de transitions de la plupart des géants de l’industrie pétrolière ne sont toujours pas en ligne avec l’objectif de neutralité carbone en 2050, rappelait le 13 avril l’ONG Reclaim Finance. Faute de renoncer à l’exploitation des ressources fossiles, les majors se placent en contradiction avec l’appel de l’AIE à arrêter immédiatement le développement de nouvelles installations pétrolières ou gazières, et font vaciller leur crédibilité dans le captage de CO2. "Le CCS doit s’inscrire dans une approche globale où il faut avant tout cesser de développer de nouveaux projets fossiles et utiliser ce type de solutions pour réduire les émissions résiduelles. Mais l’industrie pétrolière brandit un autre discours : plutôt que de remettre en cause son activité historique, elle présente le CCS comme la solution magique pour réduire ses émissions", martèle Edina Ifticene, chargée de campagne pétrole et gaz à Greenpeace France. Beaucoup craignent également que ces procédés d’enfouissement détournent les industriels d’une réflexion de fond sur la décarbonation et fournissent une excuse commode à certains secteurs polluants qui pourraient améliorer autrement leurs bilans carbone.

Des doutes sur le captage de CO2

Enfin, l’efficacité réelle de ces procédés, en amont, lors du captage, pose toujours question. Heidelberg et Celsio, deux des entreprises fournissant le CO2 pour la première phase de Northern Lights, disent pouvoir capturer 400 000 tonnes de dioxyde par an sur leurs installations. En seront-elles vraiment capables ? Peu de données existent pour le moment sur des projets à grande échelle. Une étude du Center for International Environmental Law, une ONG suisse, parue en juillet 2021, indique que le système de captage de CO2 installé sur la centrale à charbon de Petra Nova, au Texas, n’avait permis de récupérer que 7 % de ses émissions totales. Un chiffre bien en deçà des promesses de 90 % faites à l’époque par l’exploitant. Moins de quatre ans après sa mise en service, en 2017, cet aspirateur à CO2 a été tout bonnement débranché, non sans avoir englouti des centaines de millions de dollars gracieusement fournis par le département d’Etat américain à l’énergie. Officiellement, son arrêt, pour raisons économiques, serait lié à la pandémie de Covid. Sauf qu’il n’a jamais redémarré depuis la sortie de la crise sanitaire. Pour convaincre définitivement de son intérêt, le captage du carbone va devoir dissiper l’épais brouillard qui l’entoure encore.





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