Non, Photonis n'envisage pas de "relocaliser" une partie de sa production de tubes intensificateurs de lumière à Brive
Un rapport de l'Assemblée nationale sur "l'économie de guerre" a été modifié suite à une question de La Montagne. Il y était affirmé que Photonis envisageait de relocaliser une partie de sa production, "aujourd'hui assurée en Chine et aux USA", dans son usine de Brive (Corrèze). Une information démentie par l'entreprise.
Un rapport sur "l’économie de guerre" présenté à l’Assemblée nationale fin mars affirmait que Photonis envisageait de relocaliser une partie de la production de "tubes intensificateurs de lumière" à Brive, où l'entreprise spécialisée dans la vision nocturne et l’optique militaire possède un site employant un peu plus de 300 personnes.
Une information contredite auprès de La Montagne, ce mercredi 19 avril, par l'entreprise, qui précise que ces tubes ne sont "actuellement pas du tout fabriqués en Chine ni aux USA", mais dans ses usines de Brive et des Pays-Bas.
"Nous n'avons pas vérifié auprès de l'entreprise"Mais alors, comment cette fausse affirmation a-t-elle pu se retrouver au beau milieu d'un très long et documenté rapport, compilant rien de moins que des préconisations sur les "conditions de mise en œuvre de l’économie de guerre" et "identifie les obstacles à l’augmentation des capacités de production, à la réduction des temps de production et à la résilience de l’outil industriel" en France ?
Contacté par nos soins, le député Christophe Plassard (Horizons), qui a présenté ce rapport à l'Assemblée nationale, indique s’être contenté de relayer les réponses à un questionnaire envoyé au Groupement des industries de défense de l’armée de terre (Gicat). "C’est vrai que nous n’avons pas vérifié avec l’entreprise, mais la réponse qui nous a été faite par le Gicat est bien que Photonis envisageait de relocaliser, sur son site de Brive, sa production de tubes intensificateurs de lumière intégrés aux équipements de vision nocturne, dont la fabrication se fait aujourd’hui en Chine et aux États-Unis", explique le parlementaire.
Une réponse que le député de Charente-Maritime avait tout de même pris le soin d’accompagner du conditionnel, dans le rapport. Nous avons cherché à en savoir plus auprès du Gicat, qui n'a pas répondu à nos sollicitations.
Le passage sur Photonis supprimé du rapportCe jeudi 20 avril, la version en ligne du rapport a toutefois été modifiée, suite aux questions posées par La Montagne. Le paragraphe concernant une possible relocalisation d'une production à Brive a tout simplement été supprimé.
Dans ce même rapport, Christophe Plassard note que "en 2020, le projet de rachat de Photonis par le groupe américain Teledyne Technologies – concurrent de Lynred, la filiale de Safran et Thales numéro deux mondial de la vision infrarouge – a pu être empêché".
Une information cette fois exacte, et qui figure toujours dans la version consultable sur le site web de l’Assemblée nationale. Cet exemple est notamment cité pour inciter à la "protection de la souveraineté et l'autonomie stratégique" de la France, en matière de défense.
Tanguy Ollivier