Ablation des queues de cochons : un élevage de l'Allier relaxé par la cour d'appel de Riom
La cour d'appel de Riom a infirmé, ce mercredi, le jugement du tribunal correctionnel de Moulins, lequel avait condamné un élevage de porcs de l'Allier pour pratiquer la coupe systématique des porcelets.
La filière porcine respire. Le Gaec de Roover, installé à Limoise, dans l'Allier, qui avait été condamné à 50.000 euros d'amende, dont 25.000 euros avec sursis, en première instance, pour pratiquer la coupe systématique des porcelets, vient d'être relaxé par la cour d'appel de Riom. Les magistrats puydômois infirment la décision du tribunal correctionnel de Moulins qui, le 6 avril 2022, avait reconnu l'élevage Bourbonnais coupable de "mauvais traitements".
Lors de leur passage devant la cour d'appel, le 23 mars dernier, les trois frères qui gèrent le Gaec l'avaient redit : ils n'ont pas d'autres choix que de pratiquer la caudectomie, autrement dit la coupe partielle des queues des porcelets, afin d'éviter qu'ils se les mordent, ce qui provoque de gros dégâts. Une ablation, avait aussi expliqué une vétérinaire de l'institut de la filière porcine, mise en œuvre dans environ 90 % des élevages français. D'où le soulagement de l'interprofession aujourd'hui.
"Pas des gros méchants""La cour d'appel de Riom a reconnu que nous n'étions pas des gros méchants et que si on arrête la caudectomie aujourd'hui, on emmène nos animaux vers de grandes souffrances", commente François Valy, éleveur en Bretagne et 1er vice-président de l'interprofession nationale porcin (Inaporc). "La profession a conscience qu'il y a un problème. Malheureusement, à ce jour, nous n'avons pas de solution. Mais nous y travaillons."
Le jugement riomois, en revanche, est venu doucher les espoirs de l'association de défense des animaux L214, à l'origine de plaintes et de vidéos clandestines sur les conditions de vie dans l'élevage de Limoise, qui abrite 9.000 porcs. "C'est une décision décevante, contraire au droit et à l'intérêt des animaux de ne pas souffrir de ces pratiques qui sont douloureuses et récurrentes", regrette Caroline Lanty, avocate de L214.
D'autres élevages poursuivis"C'est un blanc-seing qui est donné à la poursuite de cette pratique au sein de la filière porcine, où prime l'intérêt économique de l'exploitation au détriment de celui des animaux. Mais on ne baisse pas la garde. D'autres élevages sont poursuivis. Cette pratique sera toujours dénoncée."
Olivier Choruszko