Des collégiens d'Ussel participent au projet de sciences participatives avec la Fondation Tara Océan
Vingt élèves de sixième du collège Voltaire, à Ussel, participent au projet de sciences participatives national « Plastiques à la loupe ». Exercice pratique, mardi, sur la plage des Aubazines.
« Le groupe des reporters, il nous faudrait un point de vue global du site avant qu’on mette les plots. Notez les points GPS pour que les scientifiques puissent se représenter l’endroit où nous sommes. »
Mardi matin, la plage déserte des Aubazines, à Sarroux-Saint-Julien, s’est transformée en laboratoire à ciel ouvert. Sous la conduite de leurs professeurs de sciences (physique-chimie, SVT et technologie), une vingtaine d’élèves des sixièmes A et B ont investi le sable grignoté par l’eau de la retenue de Bort-les-Orgues, truelles et passoires à la main.
490 collèges en FranceComme 489 autres à travers la France, le collège Voltaire participe au projet de sciences participatives « Plastiques à la loupe », porté par la Fondation Tara Océan. Pendant que des scientifiques chevronnés étudient, sur les océans du globe, la pollution plastique et ses impacts sur la biodiversité, les collégiens ussellois, eux, l’observent sur les rives de la Dordogne. (*)
« Le groupe ramassage, d’abord on délimite le périmètre d’action, suivant le protocole fixé par les scientifiques. Attention à ne pas marcher sur les bandes de prélèvement ! » Dans leur viseur, les micro et macroplastiques qui pourraient se cacher dans le sable. Des échantillons qu’ils transmettront aux scientifiques.
La trouvaille du jour : un petit soldat en plastique, aussitôt classé parmi les macroplastiques, selon une grille d’évaluation fournie par l’équipe scientifique. « La question des déchets, tous en ont au moins entendu parler, apprécie Lénaïck Bonnet, prof de SVT. Ils sont conscients que recycler, c’est mieux que jeter à la poubelle. Ils sont plus sensibilisés que les sixièmes il y a 5 ans. »
Trois bandes de sable passées au cribleCentimètre par centimètre, les élèves passent la plage au crible suivant un protocole rigoureux : dans un seau, ils laissent tremper le sable prélevé sur 5 mm, pour en extraire le moindre objet flottant, à la pince à épiler pour les plus petits; En classe, le tout sera trié, jaugé et étudié au microscope. Du sable est également prélevé dans une boîte de Pétri pour en étudier la granulométrie. « C’est un peu fastidieux, reconnaît Lénaïck Bonnet, mais ça leur montre ce qu’est le travail scientifique. »
Après le travail de fourmi réalisé dans les trois bandes de prélèvement de 17 m sur 15 cm, les élèves ont ratissé toute leur zone d’étude à la recherche de déchets de toutes sortes, qui nourriront aussi l’étude scientifique.
« C’est super porteur pour les élèves, note Laury Parsy, prof de technologie. Ça permet de lier le programme avec un projet de grande envergure. De telles analyses sont menées tout au long de la Dordogne, ils comprennent ainsi qu’on n’est qu’un maillon de la chaîne. Ils se sentent plus acteurs qu’en cours et utiles. C’est un enseignement différent et les élèves y adhèrent plus facilement. »
Une autre façon d'apprendreDepuis le début de l'année, ils ont bénéficié de plusieurs interventions sur le sujet. Notamment une visioconférence sur la pollution pastique avec Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS au laboratoire d’écologie microbienne de Banyuls. « Ils lui ont demandé s'ils pouvaient recycler eux-mêmes les déchets, quelles espèces avaient disparu à cause des plastiques ou si les nanoplastiques s'évaporaient... Ça permet d'impliquer vraiment les élèves, apprécie l'enseignante.
Quand les résultats de l'étude seront publiés, les collégiens ussellois sauront qu'ils y ont leur part.
(*) L’an dernier, une classe de 5e avait participé au projet « Blobs » avec Thomas Pesquet ; ils avaient réveillé un blob et observé son comportement comme le spationaute dans l’espace.
Blandine Hutin-Mercier