La Mission locale de la Creuse est-elle menacée de disparaître ?

Alors que le rapport France Travail a été présenté il y a quelques semaines, l’inquiétude grandit au sein des missions locales dont l’existence pourrait être remise en question. En effet, ce projet mettrait en place un guichet unique pour tous les acteurs de l’emploi.

En Creuse, la Mission locale prend en charge près de 1.500 jeunes grâce à ses 32 salariés qui animent des permanences et se déplacent dans tout le département.

Pour les conseillers creusois, l’éventualité de la disparition des missions locales est inimaginable, comme l'exprime Lydia, conseillère qui intervient à Aubusson, Guéret et Évaux-les-Bains :

« Nous sommes des interlocuteurs privilégiés. Ce que je fais aujourd’hui avec certains jeunes, personne d’autre ne le ferait. On les accompagne sur toutes les thématiques, et il y a aussi un lien de confiance. Il y en a certains, ça fait un an que je les vois toutes les semaines et ce n’est que maintenant que j’ai leur confiance, et qu’on peut commencer à avancer »

La déshumanisation de la prise en charge, qui passerait par des interlocuteurs toujours différents ou par des plateformes téléphoniques, est en effet pointée du doigt. Comment un jeune, en difficulté, en besoin d’aide, peut-il se fier à un inconnu qu’il ne verra qu’une seule fois  ?

« Le guichet unique, ça m’évoque l’impossibilité de choisir son conseiller. France Travail n’assurera pas des accompagnements à la banque, à la CAF… Moi, j’ai même accompagné des jeunes faire des prises de sang… France Travail ne fera pas ça », lance Julie, conseillère à Guéret et à Boussac, et référente formation.

Isabelle, elle, travaille au pôle administratif de la Mission locale de la Creuse. Pour elle aussi, l’importance d’un contact humain est primordiale. « Les jeunes sont habitués à un accueil en face-à-face, pas par une plate-forme téléphonique. Avec France Travail, il y aura une inscription numérique, une porte d’entrée unique. C’est compliqué pour ceux qui sont éloignés des technologies. On a des jeunes qui appellent plusieurs fois par jour, il y a un lien avec la structure. » Elle ajoute : « On constate aussi que certains ne veulent pas forcément s’inscrire à Pôle emploi. Il y a parfois d’autres problématiques à régler. »

La Mission locale de la Creuse porte le pôle Vie sociale et engagement citoyen. « Les activités qu’ils proposent sont essentielles pour permettre à tous de retrouver confiance, bien avant d’entrer dans un parcours de formation ou d’emploi. Nous sommes épaulés par de nombreux partenaires associatifs », précise Fabien, lui aussi salarié de la Mission locale.

Favoriser l’autonomie, développer les compétences sociales… Autant de coups de pouce nécessaires pour l’insertion d’un jeune, que ne va pas garantir France Travail. « La Mission locale, c’est quarante ans d’expertise, vingt ans en Creuse reconnue par tous. France Travail veut apporter des solutions que l’on apporte déjà au quotidien », rappelle Lydia.

En Creuse, quelles sont les missions de la Mission locale ?

Ce rapport est loin de faire l’unanimité ailleurs également. 38 motions ont déjà été signées sur les 43 missions locales que compte la Nouvelle-Aquitaine. Les élus du Grand Guéret aussi ont voté une motion pour défendre la Mission locale de la Creuse, lors du dernier conseil communautaire, le 10 mai.

Sophie Emery