Adieu CV et lettres de motivation : comment ces sociétés du Cantal recrutent les candidats à travers les valeurs du sport
« Du stade vers l’emploi », une initiative organisée par Pôle emploi, a permis, ce mercredi 24 mai, à Aurillac, aux recruteurs de découvrir des candidats sous un autre jour.
«Ne cherchez pas l’amplitude ! Juste des petits pas ! » Nous ne sommes pas à un cours de sport, mais au rendez-vous « Du stade vers l’emploi », porté par plusieurs partenaires à l’échelle nationale (*). Ce mercredi 24 mai, devant la halle de Lescudilliers, à Aurillac, une dizaine d’équipes composées de demandeurs d’emploi et de recruteurs, s’affrontent lors d’ateliers, animés par les bénévoles d’Athlé Aurillac. « Personne ne sait qui est qui », souligne Sébastien Faure-Rouquié, directeur territorial délégué de Pôle emploi Cantal. Et c’est là tout l’enjeu.
Pôle emploi a invité les entreprises qui recrutent, et les demandeurs d’emploi en difficulté, selon leur profil, mais pas uniquement. « Le problème aujourd’hui, c’est que le modèle classique de recrutement est basé sur une lettre de motivation et un CV. Donc ça dit ce que la personne a fait hier, mais pas ce dont elle est capable demain. Or, dans le Cantal, 69 % des retours à l’emploi s’opèrent dans des métiers différents que ceux exercés auparavant. »
Un concept qui a déjà fait ses preuvesLe sport permet de révéler des qualités qui intéressent les recruteurs : l’esprit d’équipe, la compréhension de consignes, la gestion des émotions. « Lors d’un entretien d’embauche, le stress peut entraver l’image du candidat. Là, ils ont deux heures pour se révéler. » Et ça marche. Dans les Hauts-de-France, lieu où le concept a été expérimenté, « on a observé 60 % de retour à l’emploi, dans les six mois qui ont suivi », indique le directeur. Oui, car une fois la journée terminée, les candidats font l’objet d’un suivi étroit. Natacha Piquand, des Fromageries occitanes, anonyme le matin, a accepté l’invitation de Pôle emploi : elle a trouvé le concept « très intéressant », car il « casse les clivages ».
En tant qu’entreprise qui a du mal à recruter, on n’a pas le droit de ne pas être là.
« Cela permet d’observer les candidats dans un autre contexte que ceux, formels, habituels comme les job datings, où on a le candidat d’un côté, et le recruteur de l’autre. Le sport permet de révéler des profils intéressants. » De son côté, Alice, opératrice de production, est plutôt satisfaite. « Je pense que le sport d’équipe m’a permis de montrer que j’étais volontaire, dynamique, que j’avais l’esprit d’équipe. Au final, ça a accroché avec la Sodexo, et je suis contente car cela pourrait élargir mes compétences. »Frédéric Laboulais, directeur de Carrefour Aurillac, repart avec quelques contacts. Il considère l’initiative « positive », même si elle a ses limites. « Je recrute plusieurs profils, et ils ont leurs contraintes. Les candidats n’en sont pas forcément conscients, et ont, eux aussi, leurs contraintes… »Après les ateliers où les équipes s’affrontent, un temps de repas a permis à chacun de se révéler : recruteur ou candidat. L’après-midi était consacrée à des job-datings.Aujourd’hui, la même expérience est déployée à Saint-Flour, au gymnase de Besserette, avec le Rugby Club de Saint-Flour.
Anna Modolo
(*) Le comité olympique Paris 2024, l’agence nationale du sport, la fédération française d’athlétisme, la fédération française et la ligue de rugby, Pôle emploi Auvergne-Rhône-Alpes, la ligue d’athlétisme régionale Auvergne-Rhône-Alpes et le groupement d’intérêt public « Les entreprises s’engagent ».
Quelles entreprises recrutent dans le Cantal ?Action, Adef Résidences, Biose, Black & White, Carrefour, Cnet 15, Colas, Courbeyre, Eurodécor, Fromageries occitanes, Matière, McDonald’s, Nactim, Qualipac, Tedo Elagage, Stokomani, Darty, Sodexo, Défi Mat.