Manifestation contre le gouvernement à Bucarest après la tragédie de la discothèque
Environ 15.000 personnes selon les autorités ont manifesté mardi soir à Bucarest pour réclamer la démission du Premier ministre social-démocrate Victor Ponta et du ministre de l'Intérieur Gabriel Oprea après l'incendie vendredi d'une discothèque qui a fait 32 morts.
"Ponta démission", "Oprea démission", "assassins!", on crié les manifestants massés sur la place de la Victoire, siège du gouvernement au centre de la Capitale. Certains portaient le drapeau roumain troué, symbole de la révolution populaire contre le régime du dictateur Nicolae Ceausescu il y a vingt cinq ans.
La foule, descendue dans les rues après des appels sur les réseaux sociaux, s'est ensuite dirigée vers le ministère de l'Intérieur, continuant à scander "démission!" avant de poursuivre vers le Parlement.
Les Bucarestois, beaucoup de jeunes mais aussi des familles venus avec leurs enfants, ont exigé aussi le départ du maire du 4e arrondissement de Bucarest, où était située la boite de nuit Colectiv ravagée vendredi par un incendie meurtrier lors d'un concert de hard rock.
Un spectacle pyrotechnique avait provoqué un incendie dans la discothèque, qui a fait 26 morts parmi les personnes venues assister au concert. Près de 200 autres ont été blessées, dont six ont succombé depuis à leurs blessures.
Ouverte dans une ancienne fabrique de chaussures au centre de Bucarest, la boîte de nuit ne disposait pas des autorisations requises pour accueillir des concerts et encore moins des shows pyrotechniques. Les trois patrons du club, poursuivis pour homicide involontaire, ont été placés en détention provisoire mardi.
"Il s'agit d'abord d'un geste de solidarité avec les victimes de l'incendie du club Colectiv, et deuxièmement d'une protestation contre le gouvernement, contre la mairie du 4e arrondissement, contre le système qui a fait qu'une telle tragédie s'est produite", a déclaré à l'AFP Viorel Anastasoaie, un manifestant d'une trentaine d'année.
Les responsables politiques doivent comprendre que "c'est l'intérêt public qui compte d'abord et non l'intérêt personnel", a-t-il ajouté.
Après le drame, qui a traumatisé le pays, le chef de l'Etat conservateur Klaus Iohannis avait plaidé pour un changement fondamental de la société roumaine, chroniquement rongée par la corruption.
"Nous ne devons plus tolérer l'incompétence des autorités, l'inefficacité des institutions et nous ne pouvons pas laisser la corruption se développer à tel point qu'elle finit par tuer", avait-t-il déclaré dimanche soir.
Victor Ponta, accusé de corruption, est sous pression depuis plusieurs mois, le chef de l'Etat et l'opposition ayant à plusieurs reprises demandé sa démission. Accusé de faux en écriture, complicité d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent du temps où il était avocat, il va devoir se défendre devant la justice.
Il clame son innocence et a assuré à plusieurs reprises vouloir rester aux commandes jusqu'à la fin de son mandat, en décembre 2016.